Le week-end dernier a été émaillé de meetings, marches et conférences de presse pour le retrait ou non de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Selon Dr. Aly Tounkara, directeur et expert défense et sécurité du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), c’est un conflit de perception en fonction du positionnement des acteurs et des enjeux en cours.
Presque 11 ans de présence sur le sol malien, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) pour le maintien de la paix et la protection des droits humains n’est pas en odeur de sainteté au Mali.
La présence de cette force onusienne irrite une bonne partie des Maliens si on se réfère aux différentes manifestations du week-end dernier qui ont créé une bipolarisation entre les Maliens du Nord et du Sud. Avec les différentes manifestations peut-on dire que la Mission onusienne ne sert plus à rien au Mali ? Quel plan de retrait coordonné et concerté de la Minusma dans les années à venir ?
Pour le Dr. Aly Tounkara tout dépend de la lecture ou la perception que les Maliens font de l’utilité de cette mission onusienne. “Les Maliens qui vivent dans les zones où la Mission est sérieusement ancrée, n’ont pas forcément la même lecture où la même perception de son utilité. Les populations vivant dans les localités où la Mission onusienne est présente voient davantage ce qu’elles apportent en termes de développement, d’employabilité des jeunes plutôt que la sécurisation proprement dite des populations”, répond le directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel.
D’après notre expert, cela entraîne un conflit de perception en fonction du positionnement des acteurs et des enjeux en cours. Dr. Aly Tounkara explique que les perceptions qui sont pour le maintien de la Mission s’expliquent par le fait que plusieurs milliers de Maliens ont un contrat direct avec la Minusma. Et lesquels ont tous un salaire plus élevé que celui d’un cadre A malien.
“En plus des emplois directs, il faut remarquer qu’un nombre important de Maliens vivent aujourd’hui des dividendes de la présence de la Minusma à travers les emplois indirects comme les sociétés de prestations. Ce sont tous ces enjeux qui expliqueraient pourquoi certains soutiennent le maintien de la Mission”, laisse entendre notre expert en défense et sécurité du CE3S.
Dr. Tounkara ajoute que malgré tout ce qu’on reproche à la Minusma, elle rend service aux Maliens et à l’Etat malien. “Quand les routes sont difficilement praticables, entre juin et septembre, dans certains endroits du pays, elle facilite le déplacement. La Minusma, à travers des drones pilotés par le contingent allemand, fournit un certain nombre de renseignements à l’Armée malienne sur les mouvements des groupes armés terroristes”, dit-il.
S’agissant du plan de retrait coordonné et concerté de la Minusma dans les années avenirs, Dr. Tounkara révèle qu’il y a des plans et des stratégies déjà mis en œuvre ou en cours pour permettre à l’Etat malien dans 3 ans à 5 ans maximum de demander le départ de la Minusma de façon ordonnée et concertée.
Ousmane Mahamane
Source: Mali Tribune