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Dr. Abdoul Fatah Cissé, directeur Général de la maison du Hadj : “Avec le nouveau cahier de charges, il n’est plus possible de spéculer sur le quota”

“Notre objectif est de finir les inscriptions pour le Hadj avant mars 2024″

Le 22 décembre 2023, le directeur général de la Maison du Hadj, Dr. Abdoul Fatah Cissé a signé le nouveau cahier de charges relatif à l’organisation du Hadj aux Lieux Saints de l’islam en Arabie saoudite par les agences de voyages. Des réformes majeures ont été apportées sur la répartition des quotas des pèlerins entre les agences. Pourquoi ce nouveau document ? Qu’elles sont ses dispositions pertinentes ? Quand est-ce que cette réforme entrera en vigueur ?… Autant de questions que nous avons posées au directeur général de la Maison du Hadj Dr. Abdoul Fatah Cissé. Interview.

Aujourd’hui Mali : M. le directeur, nous avons appris qu’à partir de 2025 il y aura des changements majeurs concernant l’organisation du Hadj, notamment la clé de répartition du quota. Est-ce que vous pouvez nous situer davantage là-dessus ?

Dr. Abdoul Fatah Cissé : La clé de répartition est un problème qui est là depuis des années. Tout le monde sait très bien que ce qui se passe aujourd’hui et qui pose beaucoup de problèmes aux acteurs du Hadj. Aujourd’hui, on se retrouve avec plus de 500 agences qui veulent organiser le Hadj et ce nombre ne fait qu’augmenter d’année en année avec la création de nouvelles agences. Or, le quota reste le même.

L’ancienne clé de répartition que nous venons de modifier n’est basée sur aucune science logique. Les gens sont là, les quotas étaient repartis entre eux sans savoir s’ils étaient en mesure de les trouver. Ainsi les pèlerins maliens souffraient beaucoup du fait de ce mauvais système de répartition, car il y a des gens qui se disaient organisateurs du Hadj avec des agences de voyage  alors qu’ils ne le sont pas en réalité.

Ce sont des gens qui prenaient seulement les quotas pour aller les revendre à d’autres agences comme des clients. C’est pour cela qu’on a décidé de faire des innovations. C’est vrai qu’on va continuer cette année avec l’ancien système, mais le cahier de charges a été relu pour mettre fin à des mauvaises pratiques.

Je vous rappelle que la loi de création de la Maison du Hadj dans son deuxième article a dit clairement que la Maison du Hadj a la mission de repartir le quota alloué au Mali. Et le directeur de la Maison de Hadj doit élaborer un cahier de charges pour mettre les agences de voyage dans un cadre juridique. Donc la loi donne cette force là à la Maison de Hadj. C’est dans ce cadre-là que le cahier de charge a été initié.

L’ancien document contient des anomalies que nous avons réélues  et adoptées. Il entrera en vigueur pour la campagne 2025. Donc à partir de 2025, le quota sera réparti sur une base claire et une plate-forme, laquelle est transparente, lisible, équitable pour tout le monde. A partir de 2025, c’est sur la base des pèlerins que la répartition sera faite et ne posera aucun problème pour les acteurs réels du Hadj.  Ainsi, les pèlerins maliens ne vont plus souffrir comme on avait l’habitude de le voir. Cela va aussi accroître la bonne réputation du Mali. Il faut que les gens sachent que le quota, ce sont les pèlerins, si vous n’avez pas un pèlerin, vous n’aurez pas un quota.  C’est quand vous avez un pèlerin que vous aurez un quota. C’est de cette manière que ça se passe aussi dans les autres pays de la sous-région.

Ce n’était donc pas le cas auparavant ?

Auparavant ce sont des chiffres qui étaient distribués entre les gens. Ils gardaient ça et à la dernière minute spéculaient là-dessus. Les pèlerins en souffraient et cela n’honorait pas le pays. Donc pour régler ce problème-là, on a relu le cahier de charges pour mettre les agences de voyage dans un cadre juridique et avec une plate-forme qui est lisible pour tous les acteurs du Hadj et ça règlera le problème. Avec ce système, lepèlerin malien est protégé et a l’assurance totale à tous les niveaux qu’il fera son Hadj une fois inscrit. Il ne sera plus à la merci de gens qui n’ont pas de quotas ou ne sont pas des organisateurs.D’ailleurs je vous informe que cette année, l’Arabie saoudite est dans une logique d’anticipation même des opérations du Hadj. Les opérations du Hadj qui, auparavant, se faisaient après le mois de ramadan ont déjà commencé le mois de septembre. Depuis le 16 septembre le site électronique saoudien sur lequel on traite le Hadj des pèlerins est ouvert.

Les inscriptions continuent et il y a même des zones pour terminer vite avec les processus d’inscription. Il y a les zones verte, jaune et rouge et le mois de mars 2024 est situé dans la zone rouge pour l’Arabie saoudite. Notre objectif est de finir les inscriptions pour le Hadj 2024 avant le mois de mars. Nous sommes là-dessus, ça continue et s’accélère à tous les niveaux. De toutes les façons, nous allons travailler sur ça pour finir avant le 1er mars qui se trouve dans la zone rouge.

Visiblement, ces réformes sur le quota vont soulager les nombreux pèlerins ? 

Nous voulons que les gens comprennent cela, car c’est ce qui est bon pour le Mali. Parce que tout le monde sait que l’actuel système n’est pas une bonne chose. Il est mauvais et pose beaucoup de problèmes. Les pèlerins en souffrent beaucoup.

Donc il faut rompre avec ces pratiques-là et mettre en place cette plate-forme qui va mettre fin à ces désordres qu’on a connus dans le secteur de Hadj. Le Hadj auparavant n’était pas réglementé mais aujourd’hui il est réglementé à 100 % et tout ce qui reste c’est seulement la répartition des quotas. Cela va être résolu et partant, on n’aura plus de problème dans le secteur.

Aussi nous sommes en bonne voie pour éponger les impayés en Arabie saoudite parce qu’il y a toujours des impayés des années passées. Mais depuis deux ans que nous organisons le Hadj, il n’y a pas un franc d’impayé en Arabie saoudite. Tout a été payé jusqu’au dernier centime. Mieux nous avons même commencé à payer les arriérés cumulés de 2015 à 2019 cela jusqu’à hauteur de 30 %. Cela veut dire que l’hémorragie est arrêtée et nous sommes en train de régler le problème antérieur.

Cette démarche nous a permis d’avoir beaucoup de respect en Arabie saoudite, notamment des autorités saoudiennes. D’ailleurs nous pouvons même dire aujourd’hui que le Hadj génère des ressources pour l’Etat malien en termes d’impôts. Plus de 2 milliards de F CFA sont versés dans les caisses de l’Etat au titre des impôts par les acteurs Hadj. Cependant, le seul problème récurrent qui  était là, c’est la clé de répartition des quotas et cela sera aussi résolu et avec une plate-forme qui sera mise en place pour la campagne 2025.

Avez-vous un dernier mot à l’endroit des acteurs du Hadj dans notre pays ?

C’est de leur rappeler que notre actuel système est mauvais et ce n’est dans l’intérêt de personne qu’on continue avec ça. Donc qu’ils acceptent qu’on fasse la rupture avec l’ancien système qui n’est bon pour personne et qu’on aille sur la base de la plate-forme qui est transparente et lisible pour tous les acteurs. Cela va régler les problèmes de la répartition des quotas.

Donc vraiment mon dernier mot à l’endroit de ces acteurs qu’ils comprennent la nécessite  de cette démarche  et adhèrent  à cette réforme. Déjà nous sommes à 500 agences et nous pourrons se retrouver dans peu de temps avec 1000 agences et ce sera beaucoup plus compliqué. Or le quota reste le même et n’augmente pas. C’est le même quota qui est reconduit d’année en année. D’où la nécessité de cette réforme.

Propos recueillis par

Kassoum Théra

Aujourd’hui-Mali

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