Les douanes maliennes connaissent, aujourd’hui, un bouleversement à grande échelle. Pour l’instance dirigeante de l’institution, il s’agit d’un redéploiement des cadres pour l’atteinte des objectifs pour la nouvelle année. Mais des langues se sont déliées pour dire qu’un réseau plutôt maffieux de détournement de deniers publics est en couveuse.
Le directeur Mahamet Doucara a prouvé son incapacité à atteindre ses objectifs de l’année dernière fixés à 689,1 milliards de nos francs inscrits à son programme. Il ressort des audits que 133,8 milliards de FCFA manquent à l’appel. Au finish, les gabelous, sous sa poigne, n’ont récolté que 555,3 milliards, un écart considérable sur les écritures financières.
Au lieu de s’atteler à bosser, le directeur prétexte une mutation comme catalyseur dans l’atteinte de ses nouveaux objectifs. Il a écarté les cadres qui refusent de céder à son chantage, qui le lorgnent du coin de l’oeil pour éviter les cas de corruption et enfin qui l’empêchent de mieux extraire dans la vache laitière que constitue cette direction des douanes.
De constat, ce sont des mutations pour servir les causes du directeur lui – même. Il s’agit de la mise en place d’une « maffia » mercantiliste après une phase d’expérimentation observée par le principal Gabelou en 2019, période au cours de laquelle il a raté ses objectifs. Il était même sur la sellette. Mais IBK a fini par se raviser compte tenu du soutien de son ami Modibo Maïga, ancien DG du même service proche de l’épouse du Chef de l’Etat Aminata Maïga. Puisqu’il a pris de l’envergure, et fort désormais de ses appuis, il peut maintenant étoffer son réseau pour se faire impunément les poches.
Parmi les personnes exfiltrées, se trouvent des gabelous spécialistes en détournements de fonds et de deniers publics, des rapaces qui n’ont d’autre mobile que de sucer le sang du peuple.
Le directeur lui-même n’a jamais eu l’initiative de protéger l’économie malienne. Il a évoqué l’inactivité de certaines zones de décisions comme le nord et le centre pour se faire pardonner en raison d’un déficit notable en matière de mobilisation des ressources pour l’alimentation du trésor public. Il ne peut pas continuer de se refugier derrière cet alibi. Sur les 689,1 milliards de recettes attendues en 2019, les services rattachés pourvoyeurs en fonds ont nettement été en deça des attentes.
Les opérateurs économiques se disent sevrés par des pratiques versatiles d’un autre temps pour la fluidité de leurs marchandises avec une politique de dédouanement qui ne favorise pas la relance commerciale du Mali. Le directeur ne peut toujours pas continuer d’invoquer les facteurs endogènes et exogènes pour expliquer son échec. Aujourd’hui, la finalisation de l’information et la gestion du contentieux douanier sont en rade, l’appropriation de l’analyse du risque et l’intensification des contrôles a priori ne sont pas effectives. Celles-ci ont été sciemment occultées pour favoriser la fraude douanière. Et dire que les mutations ont pour but de révolutionner ce secteur majeur de l’économie malienne, il y a un pas que Mahamet Doucara a franchi. Allègrement. Dubitativement.
Issiaka Sidibé
Source : Le Matinal