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Divergence sur la prolongation de la transition au Mali: Il est encore temps pour Assimi de rétropédaler

Il incarnait l’espoir de changement pour de nombreux Maliens sortis crier leur ras-le-bol face à la gouvernance du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK).

Lui, c’est le colonel Assimi Goïta qui, après avoir renversé le régime de ‘’Kankélétigui’’ (homme à poigne) en plein exercice de son deuxième mandat, va finalement s’accaparer des rênes de la transition en mettant fin « aux prérogatives » du président Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane. Objectif : poser les bases d’un Mali nouveau en se promettant de tenir l’engagement des dix-huit mois de transition requis par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) pour conduire le pays à des élections censées rétablir l’ordre constitutionnel normal.  Mais à moins de deux mois de l’échéance de fin février censée marquer la fin de la transition, la pilule du chronogramme de cinq ans de prolongation proposé puis ramener à 2 ans par les autorités intérimaires de Bamako pour redresser le pays et le remettre sur les rails de la légalité constitutionnelle, a du mal à passer aussi bien à Bamako qu’au sein de la CEDEAO qui s’est réunit en sommet extraordinaire le 9 janvier dernier à Accra au Ghana sur la question. 

Le peuple malien, fortement divisé

Après les décisions sorties de ce conclave des têtes couronnées de la sous-région à Accra, c’est à Bamako que se dessine le prologue des secousses telluriques de cette prolongation de la discorde entre pro et anti qui projettent, chacun de son côté, des manifestations après l’adoption de nouvelles sanctions, à l’issue du sommet de la capitale ghanéenne. Un signal fort que chaque partie veut sans nul doute envoyer à l’institution sous-régionale qui ne cache pas sa volonté  de se faire respecter, dans ce bras de fer où elle joue par-dessus tout sa crédibilité. Maintenant que l’Autorité de la CEADEAO s’est résolue à adopter la solution des sanctions économiques qui paraissent les plus coercitives et à même de ramener les putschistes de Kati à la raison, C’est le wait and see.

En attendant, avec ces manifestations et contre-manifestations annoncées à Bamako, c’est le peuple malien qui se trouve fortement divisé, avec deux camps antagoniques qui se regarde en chiens de faïence, au sortir de ces fameuses assises nationales de la refondation dont les conclusions font aujourd’hui fortement polémique. Si l’on ajoute à cela les risques d’affrontements entre manifestants, il faut croire que les autorités de la transition avaient beaucoup mieux  à faire que de travailler à dresser dans la rue, les Maliens les uns contre les autres.   Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que dans la forme et dans le fond, une bonne partie de la classe politique de même que des groupes armés et pas des moindres, s’étaient clairement démarqués de ces concertations nationales ?

Aujourd’hui, ces tiraillements entre frères maliens tendent malheureusement à prouver que les autorités de la transition ont eu tort de minimiser les récriminations des contestataires en pensant sans doute que le parapluie des Assises nationales censées être l’émanation de la volonté du peuple malien, serait suffisamment large pour couvrir leur tête et leur valoir la compréhension de la communauté internationale.

Assimi a laissé le choix à la CEDEAO de sortir l’artillerie lourde contre le Mali

Depuis l’adoption des sanctions de la CEDEAO, le 9 janvier 2022 à Accra, la transition malienne se trouve fragilisée de l’intérieur par ces voix discordantes qui menacent de descendre dans la rue et qui tendent à prouver la supercherie qui se cachait derrière ces fameuses assises nationales. Mais Assimi Goïta gagnerait à ne pas succomber à la tentation de balayer ces récriminations du revers de la main, encore moins de réprimer les contestataires. Il est encore temps pour lui de rétropédaler pour l’honneur. Car, moins que la tenue de ces assises nationales sur fond de divergences de vues et d’opinions, c’est la durée de prolongation de la transition et les sanctions de la CEDEAO contre le Mali qui semble véritablement poser problème. Et en manquant de proposer un chronogramme raisonnable après tout le temps déjà passé à la tête de la transition, Assimi Goïta n’est pas loin de se montrer sous son mauvais jour et de jeter le discrédit sur son action à la tête de la transition malienne.

En tout cas, en montrant ce qui paraît comme une indéniable boulimie du pouvoir, on peut douter de la noblesse des intentions d’Assimi en renversant IBK et surtout de sa volonté de retourner de sitôt avec ses frères d’armes dans les casernes. Une bien mauvaise manière de tomber le masque qui le met dans le collimateur de la CEDEAO qui semblait pourtant lui avoir laissé une chance, en l’épargnant des sanctions individuelles qui frappent la presque totalité des dirigeants de la transition. Et avec le renforcement de ces sanctions, lors du sommet du 9 janvier dernier à Accra, suivies de l’adoption de nouvelles mesures, c’est dire que le colonel Assimi Goïta est en train de rater une chance historique de sortir la tête haute d’une transition plutôt mouvementée. Car, en poussant la CEDEAO à bout de patience, il faut noter qu’il n’a laissé d’autre choix à l’institution sous-régionale que de sortir l’artillerie lourde contre le Mali, avec les conséquences fortement dommageables qui en découlent. Sans compter qu’au terme des délais initiaux de la transition, ses contempteurs pourraient appeler à la désobéissance civile ; toute chose qui contribuerait à accentuer la pression et à pourrir davantage le règne d’Assimi à la tête de l’État malien.

Jean Pierre James

Source: LE NOUVEAU REVEIL 

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