De 18 mois à 24 mois, à compter du 26 mars 2022, conformément à l’article 22 de la loi n°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la transition, la durée de la transition malienne pourrait connaître une nouvelle prorogation allant de 6 à 18 mois. C’est du moins ce qu’il ressort du dernier cadre de concertation entre le ministre d’Etat chargé de l’Administration et du territoire et les acteurs politiques et de la société civile, tenu le 8 août dernier.
Tentées par une nouvelle prorogation du délai imparti, les autorités ont au préalable sollicité les avis et propositions de la classe politique pour la suite du processus électoral. Sur les 291 formations politiques, seules 81 y ont manifesté un intérêt par une réponse. Et si aucun délai n’est encore arrêté, on note que certaines d’entre elles ont réagi pape la proposition d’une prorogation allant de 3 à 18 mois. C’est le temps nécessaire aux autorités de transition, soutiennent-ils, pour sécuriser une bonne partie du pays, y’a dit que d’autres formations militent pour le respect strict du chronogramme après une première prorogation. Ces dernières ont proposé la tenue de la Présidentielle à la date initialement retenue et des autres échéances laissées par le nouveau Président de la République.
Seulement voilà : les formations ayant opté pour une nouvelle prorogation sont pour la plupart des micros partis insignifiants sur l’échiquier politique.
En attendant une décision finale pouvant entraîner au passage une nouvelle modification de la charte de la Transition, tout porte à croire qu’une nouvelle prorogation se dessine sur fond d’équations sécuritaires comme arguments. Et pour cause, avec les évènements de Ber, qui ressemblent à une reprise d’hostilités qui ne dit pas son nom entre les FAMa et la CMA, la situation sécuritaire du septentrion pourrait se dégrader davantage et se greffer à celle du centre où les villages se vident progressivement de leur contenu humain. Comme quoi, le retour à l’ordre constitutionnel n’est pour demain et tend finalement vers les 5 années proposées par les participants triés sur le volet lors des concertations nationales tenues en 2020. Récemment encore, l’un des adeptes d’une transition longue, le PM Choguel Maiga en l’occurrence, en donnait le temps par un parallèle entre le gouvernement français d’après-guerre et celle du Mali d’aujourd’hui pour justifier sa position. Il a notamment laissé entendre qu’à l’instar de la France, qui fait figure de référence pour nous, le gouvernement de transition doit d’abord s’acquitter de trois missions : la finalisation de la lutte antiterroriste jusqu’aux dernières poches de résistance, approvisionner la population en denrées de première nécessité, construire des infrastructures pour le développement économique et social. Décidément, la prolongation du pouvoir est le seul domaine où le Mali Koura n’éprouve aucune gêne à ressembler à la France.
Amidou Keita
Le Témoin