A la faveur du sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel qui s’est récemment déroulé à Nouakchott et auquel le président français a participé, Macron a eu ces mots : “Les Peulhs ne sont pas nos ennemis”. Parlons justement des Peulhs. C’est l’ethnie la plus répandue en Afrique. En effet, les Peulhs vont du massif du Fouta Djallon en Guinée à celui de l’Adamaoua au Cameroun en passant par le Nigéria dont le président, Mouhamadou Buhari, est un Peulh bon teint, le Sénégal qui a pour chef d’Etat un autre Peulh, Macky Sall, qui se dit la synthèse de toutes les ethnies de ce pays, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et jusqu’en Ethiopie.
Un ami camerounais nous a même dit qu’un groupe de Peulhs s’est égaré dans la forêt perdant du coup la langue et la religion. Ils sont devenus des Boulous. L’actuel président Camerounais, Paul Biya serait, à en croire notre ami camerounais, issu de ce sous-groupe ethnique.
Objectivement, un tel groupe à vocation panafricaine ne saurait être un facteur de désunion, mais plutôt une aiguille pour coudre les tissus sociaux. Certains Peulhs se sont intégrés jusqu’à en perdre plusieurs caractéristiques identitaires. Amadou Hampaté Bah ne disait-il pas que peut réclamer l’identité peulh quelqu’un qui a l’une de ces trois caractéristiques : Le physique, la langue et le caractère. Récemment, un homme politique malien ne disait-il pas à son tour que dans notre pays il y a un Bambara, un Sénouufo, un Sonrhaï, un Maure, un Sarakolé, Un Malinké dans chaque Peulh ? C’est-à-dire le degré d’intégration et d’imbrication sociale des ethnies au Mali.
Ajoutez à cela le “Sinankouya”, la fameuse parenté à plaisanterie instaurée depuis Soundiata Kéita (1235-1255) et vous aurez une idée de l’exception malienne que beaucoup nous enviaient naguère. Une exception malienne à ranger désormais dans le placard des vieux souvenirs. La crise au nord et surtout les conflits intercommunautaires au centre nous le rappellent brusquement et férocement.
Ces conflits Dogon-Peulh parlons-en un peu ! Bien sûr qu’il y avait des tensions épisodiques entre les peulhs majoritairement éleveurs et les Dogons majoritairement cultivateurs, des tensions liées à la gestion de la terre avec des épisodes sanglants, mais qui finissaient à avoir une solution grâce à la vertu du dialogue. Une situation qui est très loin des scenarii comme ceux de Ogossagou I soldé par 180 morts et de Ogossagou 2 avec décompte macabre de 70 morts.
Qu’est-ce qui s’est passé pour que le torchon s’enflamme brusquement entre des communautés qui avaient toujours vécu en bonne intelligence des siècles durant ? Est-ce vrai que des mercenaires venus de la Libye ont joué un grand rôle dans la déstabilisation du centre du Mali ? Allez savoir !
Les commanditaires des tueries se disaient certainement que le plus difficile c’est de commencer. Le cycle des vendettas ferait le reste. A qui profite le crime de la déchirure du tissu social du Mali ? Qui a intérêt à jeter de l’huile sur le feu ? Qui est le commanditaire de la stratégie du chaos et de la politique du diviser pour mieux régner ? Qui a intérêt à diaboliser les Peulhs ? Qui a intérêt à accréditer la thèse selon laquelle tout Peulh est djihadiste ? Quant aux Peulhs, ils ne doivent plus se replier sur eux-mêmes. Ils doivent toujours continuer à vivre en bonne intelligence avec les autres communautés, comme ils l’ont fait des siècles durant.
Les Peulhs ne sont les concurrents de personne sur le continent africain. Ils doivent se dire qu’aucune ethnie n’est supérieure à une autre. Bobo, Dogon, Touaregs, Mianka, Mossi, Bozo, Nellah, Arabe,etc… sont tous égaux au Mali. Tout comme aucune race (Blancs, Jaunes, Noirs, Métis, Rouges) n’est supérieure à une autre. Personne ne s’est créé, nous sommes tous les créateurs de Dieu le Tout-puissant.
Boubacar Sidibé Junior
Source: Aujourd’hui-Mali