Créé en avril dernier, le Comité stratégique permanent (CSP) est une structure composée de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger et de la Coordination des mouvements de l’inclusivité (CMI). Son but est d’œuvrer à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, de lutter contre l’insécurité et de promouvoir le vivre ensemble. Son organe exécutif entame une tournée de prise de contact dans les régions du Nord. Mais sa montée en puissance en inquiète certains.
La grande tournée qu’entame le Comité d’orientation politique du CSP concerne les régions de Tombouctou, Gao, Ménaka et Kidal. Objectif, un premier contact avec les populations de ces régions, mais aussi avec l’administration, pour leur expliquer les aspirations du CSP, dont les bureaux régionaux vont être mis en place.
Cette grande tournée fait suite à une première, dans la sous-région. « Nous avons été en Algérie, au Niger et d’autres tournées diplomatiques sont prévues dans les mois à venir. L’objectif est d’expliquer à l’ensemble des pays voisins, avec lesquels nous partageons les mêmes frontières et souvent les mêmes problématiques, cette nouvelle initiative de réconciliation, de facilitation de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et de sécurisation des personnes et de leurs biens », explique Moussa Ag Acharatoumane, porte-parole du CSP et Secrétaire général du MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad).
Il affirme que d’ores et déjà la création du CSP a bien été accueillie par les populations du Nord, au regard de son impact sur le plan sécuritaire, car il a permis de mettre un terme aux conflits intercommunautaires et entre mouvements armés. Bien avant, les groupes signataires s’étaient engagés avec les FAMa dans l’opération « Ménaka sans armes » pour lutter contre l’insécurité dans la ville de Ménaka et ses environs. Pour le porte-parole du CSP, cela s’impose que de venir en aide à une telle opération, qui est en train de faire ses preuves.
Une initiative qui inquiète
« Une reconstitution du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) », « l’indépendance de l’Azawad comme finalité », les soupçons ne manquent pas à l’égard du CSP. « Ce sont ceux qui essaient de mener une contre-campagne contre le CSP qui pensent que nous sommes dans la logique de demander l’indépendance de l’Azawad. Aujourd’hui, nous sommes dans un Accord de paix. Nous avons pris des engagements, parmi lesquels nous reconnaissons l’intégrité territoriale de l’État malien. Par contre, on demande à ce que l’Accord soit appliqué. Car il va donner une certaine autonomie de gestion à nos régions et à nos populations. C’est notre souhait le plus ardent », précise Moussa Ag Acharatoumane, qui poursuit en disant qu’il n’est pas nécessaire de s’atteler aux questions de relecture de l’Accord aujourd’hui.
Lors de la dernière session du Comité de suivi de l’Accord (CSA), tenue le 5 octobre dernier, le ministre de la Réconciliation, Ismaël Wagué, a demandé à la communauté internationale de ne plus recevoir les membres du CSP. Deux jours plus tard, le Comité d’orientation politique du CSP a regretté ces propos et accusé le ministre de vouloir semer la discorde entre les mouvements signataires de l’Accord. Le CSP a demandé au gouvernement de trouver « un interlocuteur impartial pour aplanir les inquiétudes le concernant » et décidé, jusqu’à ce qu’il soit trouvé, de continuer les discussions avec la médiation internationale dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. « Par la suite, l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, nous a invités. Nous avons eu deux jours d’échanges et de discussions à Alger, souvent en présence même du ministre Wagué. Je pense que des ébauches de solution sont en cours, mais le problème n’est pas totalement résolu », précise le porte-parole du CSP.
Boubacar Diallo
Source : Journal du Mali