Le Niger, le seul pays de la zone dite « des trois frontières » dirigé par un civil se trouve désormais dans la main des militaires. En effet, Le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement le 21 février 2021 a fini par être évincé du pouvoir par les militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le Général de Brigade, Tiani Abdourahamane, non moins chef de la garde présidentielle. Ce coup d’État au Niger était prévisible, selon beaucoup d’observateurs. Le Niger est l’un des pays du Sahel les plus touchés par l’expansion djihadiste. Partageant ses frontières avec le Mali et le Burkina Faso, deux Etats qui font aussi face depuis des années à un virus d’insécurité qui a presque atteint le monde entier, le Niger compte des centaines de morts et plusieurs milliers de déplacés. Selon les putschistes, le renversement du président Bazoum s’explique par la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. L’insécurité grandissante, la mauvaise gouvernance, la corruption endémique… sont entre autres raisons pour lesquelles les militaires prennent le pouvoir. Quand même, c’est ce qu’ils avancent comme raisons. Le cas du Mali date de 2020. Celui du Burkina a eu lieu en 2022. Et le Niger vient d’assurer le relais courant cette année 2023. Depuis quelques années, on constate un sentiment anti politique de la France dans ces différents pays de l’Afrique. Ce qui a poussé le Mali à chasser les militaires français des Forces Barkhane de son territoire. Les mêmes militaires étrangers ont été aussitôt récupérés par le président déchu du Niger, Mohamed Bazoum. Malgré la présence de quelques centaines des soldats français sur le territoire nigérien, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. En dépit de cette présence, la situation sécuritaire devient de plus en plus compliquée dans la zone. Une complication sécuritaire ayant créé plus d’ennemis à la France que d’amis, côté population. Par conséquent, le sentiment antifrançais s’agrandissait au jour le jour dans les pays de l’Afrique occidentale, notamment au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Depuis quelques mois, des organisations de la société civile nigérienne demandent le retrait des forces étrangères du territoire. Chose qui, estiment les observateurs nationaux et internationaux, a précipité le renversement de Bazoum. Le président déchu était même considéré comme l’un des rares alliés de la France dans la région.
Ces derniers mois, Niamey était devenu le principal point d’appui de Paris parmi les pays du Sahel. Depuis 2014, plus de 1 000 militaires français sont stationnés sur la base aérienne de Niamey, capitale du Niger. Avec la fin de l’opération Barkhane aussi, en 2022, le président Mohamed Bazoum avait autorisé le redéploiement, sur son territoire, d’une partie des troupes françaises empêchées d’opérer au Mali par les autorités de la transition. Cependant, la majeure partie des regroupements composés des organisations de la société civile, des formations politiques, des mouvements de jeunes et des femmes désapprouvaient les décisions prises par Bazoum.
Un coup dur pour Paris
De la sorte, la France perd son unique allié au Sahel à travers la chute de Mohamed Bazoum. Le 27 juillet dernier, le Général de Brigade Tiani Abdourahamane et ses hommes ont ouvertement accusé la France à travers une déclaration lue à la télévision d’État du Niger. Lors de sa toute première sortie depuis le coup de force contre Bazoum, le Général a accusé le régime du président déchu d’avoir coupé toutes les relations avec le Mali et le Burkina Faso. Deux pays partageant les mêmes frontières et objectifs que le Niger et qui, estime le général, cherchent à lutter aussi contre le terrorisme. Aussi, faut-il rappeler, l’armée nigérienne dans son ensemble a décidé d’être solidaire après l’annonce du renversement du président Bazoum. Ce qui est un coup dur pour Paris qui perd son allié de taille dans le Sahel.
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS