Entre le 27 au 31 mars 2022, une descente musclée des Forces Armées Maliennes (FAMa) à Moura, une localité située dans la région de Mopti a fait 203 morts côté ennemis, selon un communiqué de l’état-major général des armées maliennes. Une « victoire importante » contre le « terrorisme », selon le ministre des affaires Etrangères du Kremlin dans la foulée d’une célébration de cette victoire à Bamako et à l’intérieur du Mali. Parallèlement à cette atmosphère ambiante, des organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch dénoncent un massacre présumé de l’armée malienne qui aurait fait plusieurs centaines de victimes civils à Moura , notamment, l’exécution sommaire de 300 civils. C’est sur la base de ce rapport que la France a soumis à l’approbation du Conseil de sécurité, le vendredi dernier, une demande « d’enquêtes indépendantes » sur ce massacre présumé que se seraient livrés l’’armée malienne et ses alliés « paramilitaires russes ». La déclaration proposée au Conseil de sécurité soulignait la « profonde préoccupation…face aux allégations de violations et atteintes aux droits humains au Mali, en particulier celles qui auraient été perpétrées contre des civils à Moura, dans la région de Mopti, du 27 au 31 mars 2022 » nous apprenne l’AFP, en ajoutant cette réclamation « d’enquêtes approfondies et indépendantes pour établir les faits, trouver les responsables de ces violations et exactions et les traduire en justice ». Il l’aura fallu l’intervention de la Russie et de la Chine pour empêcher cette démarche orchestrée par la France. Pour Moscou et Pékin qui se sont opposés, il serait « prématuré » d’engager une nouvelle enquête alors qu’une première a été ouverte par les autorités maliennes. Par ailleurs, Moscou estime que les allégations sur un massacre de civils à Moura est une « désinformation », tout comme celles faisant état de l’implication de mercenaires russes de la société privée Wagner dans l’opération. Ce sujet sur l’intervention de « paramilitaires Russes » avait d’ailleurs été la cause de toute la flambée des tensions dans la relation entre Paris et Bamako. La persistance de la diplomatie française à dénigrer et à dénoncer ce que les nouvelles autorités de Bamako qualifiaient de diversification de leur partenariat militaires conformément au principe de la souveraineté d’un Etat indépendant, avait provoqué un épilogue de tension diplomatique qui a conduit entre autres à l’expulsion de l’ambassadeur de la France au Mali, le retrait des forces françaises et alliées du Mali et tout récemment, la suspension de la diffusion des medias français RFI et France 24 sur toute l’étendue du territoire malien. Selon beaucoup d’observateurs panafricanistes, la France n’arrive toujours pas à digérer la façon dont elle a été remise en cause au Mali par les autorités de la transition. C’est ce qui explique encore, selon eux, toutes les manœuvres de Paris au près des organisations sous régionales (CEDEAO et UEMOA) ; de l’Union Européenne et maintenant auprès du conseil de sécurité des Nations Unies pour mettre à genou la Mali. Quand on s’en tient à la position ferme toujours prise par la France contre le Mali, on comprend que la France n’est pas prête à abandonner de ci-tôt. Le ministre français des Affaires étrangères de la France, Jean-Yves Le Drian, en réclamant une « enquête des Nations unies », a encore mis en doute la version des autorités maliennes.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS