Après la désignation de Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, les deux nouvelles têtes de l’Exécutif ont cosigné, le vendredi dernier, un décret actant la nomination de 28 membres du gouvernement dont 25 de plein exercice et 3 ministres délégués.
Le premier conseil de cabinet entre Choguel et les ministres a été l’occasion saisie par le nouvel homme fort de la Primature d’annoncer les couleurs.
Ce nouveau gouvernement voit le jour dans un contexte marqué par d’énormes défis internes à relever, notamment sur les plans sécuritaire et social, et par un très fort coup de pression de la France qui, à en croire son président, «ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition».
Car, pour Choguel Maiga, être ministre, c’est être un serviteur de l’Etat, en tout lieu, et à tout instant.
Et de rappeler que les Maliens meurtris par des souffrances de toute nature attendent beaucoup de cette équipe gouvernementale. Et de souligner « les circonstances que nous vivons font que l’attente des populations est grande. Beaucoup d’espoirs sont fondés sur nous. Nous ne devons pas les décevoir. »
Les beaux discours sont servis aux Maliens à chaque formation d’un nouveau gouvernement. Mais dans la pratique, c’est tout autre chose qui est servi au peuple.
Sachant bien que les Maliens ne seront pas des téléspectateurs au cours de cette transition. Le Premier ministre joue la carte de la prudence. « De nombreux citoyens sont optimistes, prient pour la réussite de la Transition, font des bénédictions pour nous.
Certains, de bonne foi, sont sceptiques, d’autres franchement hostiles. C’est leur droit. Il nous appartient de dissiper leurs réserves, leurs interrogations, de conforter l’espoir et d’obtenir l’adhésion de la grande majorité des Maliens. » Dira Choguel Maiga.
Quid des réformes politiques
Pour le leader du M5-RFP, qui, après avoir battu le pavé se retrouve à la Primature. Il a du pain sur la planche. Surtout que ce qu’il avait soutenu haut et fort dans un passé récent, sont encore archivés dans la mémoire des Maliens.
Le gouvernement, sur instructions du Président de la Transition, placera au cœur de la Refondation du Mali les réformes politiques et institutionnelles. Pour cela, le gouvernement veut organiser très bientôt des Assises Nationales de la Refondation.
A quoi serviront encore ses assises quand on sait que le dialogue national inclusif et d’autres assises ont déjà posé les bases de ce Mali nouveau tant souhaité.
Surtout quand on sait que le temps nous fait défaut en ce moment. Les promesses annoncées par le Premier ministre peuvent-elles être toutes réalisées dans ce laps de temps. Difficile de se prononcer là- dessus. Mais le temps nous en dira un peu plus sur la question.
Il faudra aussi que l’équipe gouvernementale actuelle, s’arme de courage et d’abnégation pour faire face à la révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118 et la relecture intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (APR) dans le respect des principes fondamentaux énoncés seront poursuivies et approfondies.
Hier, il était facile de critiquer cet accord de paix issu du processus d’Alger. Aujourd’hui que les choses sont entre les mains des contestataires. Les Maliens attendent de voir s’ils tiendront parole.
Concrètement, à travers la nomination de Mahmoudou Kassogué, le désormais ex-Procureur anticorruption de Bamako à la tête du ministère de la Justice, Garde des Sceaux, les ministres et autres hauts cadres de l’Etat cités dans les nombreux scandales de la gouvernance IBK doivent dormir d’un seul œil !
La gouvernance de rupture doit prouver qu’elle peut sévir. Histoire de dissuader désormais toute tendance à la mauvaise gestion de nos pauvres ressources publiques.
La refondation du Mali doit passer par une justice intraitable par rapport aux fossoyeurs de l’économie nationale. Sinon, comment réduire le train de vie de l’Etat sans une ferme volonté de châtier les présumés prédateurs des deniers publics ?
Vivra verra. Surtout que certains ministres actuels ont aussi servi l’Etat à des niveaux différents.
Paul Yapi N’GUESSAN
Source: Le Point