La Mission onusienne au Mali (Minusma) et le Haut-commissariat aux droits de l’homme (HCDH) appellent le gouvernement et la communauté internationale à pacifier le centre du Mali, en proie à de graves violations des droits de l’Homme. Dans un rapport conjoint en date de décembre 2018 et publié en début de semaine dernière, ils déplorent la présence de victimes mineures parmi les morts.
Une crise sans précédent à connotation communautaire secoue le centre du pays. En une année, ce sont des centaines de personnes qui sont tuées et des villages entiers sont brûlés. En début de semaine, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), en collaboration avec le HCDH, a mené une enquête sur les violations graves des droits de l’Homme commises à Koumaga, dans la commune de Foumayé, cercle de Djenné, région de Mopti, les 23, 24 et 25 juin 2018. Le document, intitulé« Rapport sur les abus des droits de l’Homme commis dans le village de Koumaga, cercle de Djenné, Région de Mopti 23-25 juin 2018 », rapporte 58 attaques menées par des éléments supposés de la confrérie des chasseurs dozos contre des villages peuls. Elles ont occasionné la mort de 195 civils, dont 12 enfants et sept femmes, selon le rapport. Il note aussi la disparition de 14 personnes, dont 4 enfants. Ces attaques, souligne le document, ont occasionné le déplacement de 3000 personnes.
Les deux institutions internationales regrettent le peu d’engagement de l’Etat et cela, malgré qu’elles aient communiqué d’avoir chargé les FAMa de « procéder au désarmement de tous les détenteurs d’armes à feu dans ladite localité » et engager des poursuites « contre tous ceux qui seraient impliqués… » « Au moment de la rédaction de ce rapport, aucun élément Dozo impliqué dans les événements de Koumaga n’a été interpellé et aucune enquête judiciaire n’a été entamée sur les attaques en dépit de l’annonce faite par le Gouvernement ».
Ils recommandent au Gouvernement du Mali et à la communauté internationale des mesures. Ainsi, il lui est demandé de déployer à long terme des éléments des forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) dans les localités les plus affectées du Centre, de rendre publics les résultats de l’enquête sur les attaques de Koumaga, de mettre urgemment en œuvre les mesures de désarmement et de démantèlement des milices Dozos. A la communauté internationale, la mission recommande l’appui « des organisations humanitaires dans l’assistance en besoins de première nécessité aux populations locales ayant fui les attaques et qui se sont déplacées dans les localités avoisinantes et faciliter leur retour lorsque les conditions seront favorables. »
Ce rapport, selon ces concepteurs, vise à attirer l’attention du Gouvernement sur l’importance de la prévention des attaques contre les civils, notamment en formulant des recommandations pour assurer la protection des populations et ouvrir des enquêtes judiciaires sur ces incidents afin d’établir les faits et les responsabilités et traduire en justice les auteurs de ces crimes.
Jean JACQUES
Source: Azalaï Express