Pour la deuxième année consécutive, le Mali va connaître un déficit important de son budget national qui se chiffre à plus de 600 milliards de nos francs. Cet état de santé économique assez fragile pourrait ne pas connaître d’amélioration. En plus d’une saison agricole catastrophique par endroit, les signaux sont au rouge dans plusieurs secteurs économiques. La guerre a privé le pays de recettes fiscales venant de plusieurs régions, notamment les régions de Ségou, Koulikoro, Sikasso et Mopti. Des pans entiers de ces régions sont maintenant bouleversés par les terroristes.
Les régions nord du pays, à savoir Tombouctou, Gao, Kidal et Ménaka sont depuis bien longtemps sous la coupe de ces islamistes qui privent l’Etat des impôts. Le projet de loi de Finances 2022 que le CNT a adopté, dont la première partie est consacrée aux conditions générales de l’équilibre budgétaire et financier, ne rassure pas. Les membres du Conseil national de Transition ont adopté cette première partie de la loi de Finances présentée par le ministre de l’Économie et des Finances ce jeudi 25 novembre 2021 par 101 voix pour, zéro voix contre et zéro abstention, après plusieurs heures de débat.
Cette première partie est présentée dans un Document de programmation budgétaire économique pluriannuel (Dpbep) qui évalue le niveau global des recettes de l’Etat, décomposé par grandes catégories d’impôts et de taxes et des dépenses budgétaires décomposées par grandes catégories de dépenses. Il s’agit des conditions générales de l’équilibre budgétaire et financier de la loi de finances.
La seconde partie du vote relative aux programmes fera également l’objet d’un vote lors d’une autre séance plénière du CNT prévue le 16 décembre 2021. Pour rappel, les prévisions des recettes budgétaires pour l’exercice 2022 s’élèvent à 2 130,721 milliards de francs CFA, tandis que les prévisions des dépenses budgétaires s’élèvent à 2 748,285 milliards de francs CFA. Le Budget 2022 présente un déficit global de 617,564 milliards de FCFA, contre 652,927 milliards de FCFA en 2021.
Pourtant, le contexte macroéconomique prévoit des améliorations. La croissance moyenne du PIB attendue serait de 4,8% sur la période 2020-2022 contre 5% prévue en 2019. Il ressort qu’entre 2020 et 2022, il serait enregistré un fléchissement du rythme de la croissance dans les secteurs primaire et secondaire et une légère hausse de celle-ci au niveau du tertiaire. En effet, le secteur primaire enregistrerait une croissance moyenne de 4,3% sur la période 2020-2022 contre 4,7% prévue en 2019. La production dans le primaire serait tirée par l’agriculture vivrière et les activités extractives.
S’agissant du secteur secondaire, sa croissance s’établirait en moyenne à 4,8% entre 2020-2022 contre 5,9% en 2019. La croissance dans ce secteur serait soutenue par la production de l’électricité-eau, les Industries agroalimentaires, les textiles et la branche construction.
Quant au secteur tertiaire, sa croissance se situerait à 5,1% en moyenne, soit le même niveau qu’en 2019. Les branches motrices de la croissance dans le tertiaire seraient entre autres le commerce, les transports et télécommunications, les activités financières et les activités des administrations publiques. Le déflateur du PIB ressortirait en moyenne à 2,2% sur la période 2020-2022.
Le gouvernement poursuivra une politique budgétaire soutenable et propice à la croissance économique tout en s’inscrivant dans le respect des critères de convergence communautaire de l’Uemoa et de la Cedeao. La politique budgétaire viserait à maintenir le solde budgétaire global conforme au critère de convergence de l’Uemoa et compatible avec la viabilité de la dette publique au Mali. Sur la période 2020-2022, le déficit budgétaire de base se situerait en moyenne à 0,9% du PIB contre 1,3% en 2019.
Quant au solde budgétaire global (dons inclus), il resterait stable autour de -3,0% du PIB sur la période. Durant la période du cadrage, le gouvernement poursuivra les efforts de mobilisation accrue des recettes intérieures à travers le renforcement des mesures déjà en cours dans le cadre du Programme économique et financier avec le FMI. Le niveau de déficit s’expliquerait en partie par la prise en charge de certains engagements du Gouvernement relatifs à l’incidence de la Loi d’orientation et de programmation militaire (Lopm) et la Loi de programmation relative à la sécurité intérieure (Lpsi), la mise en œuvre de l’engagement présidentiel d’allocation de 15% du budget d’Etat au secteur du Développement rural la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale et la mise en œuvre du programme Présidentiel d’urgencessociales et la consolidation des acquis des secteurs sociaux.
Madou COULOU
Source : La Preuve