L’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Dennis Hanskin, a finalement levé l’équivoque sur le blocage de l’avion de transport de troupe acheté par le Mali. Le diplomate américain a expliqué que son pays pose comme condition la tenue des élections dans les 6 mois à venir, ainsi que le respect des droits de l’Homme par la transition. Le pays de l’oncle Sam n’est pas à sa première tentative de mettre la pression sur les militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2020.
Avant le renversement du gouvernement dirigé par Moctar Ouane, les Etats-Unis avaient exigé des autorités maliennes un calendrier électoral clair et précis. C’est ainsi qu’un chronogramme a été établi par l’ancien Premier ministre Moctar Ouane. Mais le second coup d’Etat qui a renversé le président Bah N’Daw a définitivement rompu la confiance entre les Américains et la transition malienne.
Pire, ces derniers temps, des groupuscules créés du néant s’organisent pour demander la prolongation de la transition. Washington qui avait décidé de prendre des sanctions contre les militaires passe à l’action à cause de ces demandes de prolongation de la transition. Le blocage de l’avion CASA destinée à l’armée n’est que la partie visible de l’Iceberg.
A Bamako, le gouvernement a servi un autre discours sur les raisons du blocage de l’avion de transport militaire, un CASA C-295, acheté auprès du constructeur européen Airbus, bloqué en Espagne. L’appareil, qui devait être livré fin juin, ne l’est toujours pas, faute de transpondeur, un appareil dont les Etats-Unis refusent de délivrer la licence, à en croire plusieurs sources officielles maliennes.
Cette situation est à l’origine d’un séjour de cinq jours aux États-Unis du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Ce dernier a échangé avec David Diaz, directeur chargé des affaires africaines à la Maison Blanche, et Robert Godec, Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines. « J’ai sollicité l’appui de ces personnalités pour la levée du blocage en vue de permettre la livraison de l’aéronef CASA-C295 acquis sur fonds propre du Mali », a dit le ministre sur la page Facebook de son département.
Le transpondeur a été refusé au Mali officiellement parce que les Etats-Unis soupçonnent le recrutement d’enfants soldats par l’armée malienne. « En réalité, ce n’est pas le gouvernement qui est en cause. Il s’agit de recrutement dans certains groupes armés qui ont rejoint le gouvernement », a expliqué Abdoulaye Diop dans une interview à la VOA. Mais ces explications n’arrivent pas à convaincre les Maliens qui pensent que le Mali est puni pour des raisons injustifiées.
Aboubacar Sidik Fomba, membre du Conseil national de transition(CNT), a expliqué que l’attitude des Américains est surprenante. Il estime que les Etats-Unis connaissent bien le système de recrutement dans l’armée malienne et savent bien que l’âge de recrutement dans l’armée malienne est de 18 ans. « Les Américains devraient au contraire aider l’armée malienne à obtenir des avions de combat, mais ils ne le font pas et on peut comprendre cela. Par contre, ils ne doivent pas bloquer l’avion que nous avons acheté, ils auraient dû dire qu’il y a des problèmes avant que l’argent ne soit déboursé », a déploré Fomba.
Le Mali dispose de 2 avions de transport de troupes, mais l’un est en révision. Dans son plaidoyer au Etats-Unis, le ministre a mis l’accent sur l’utilité de l’avion pour le Mali, confronté au terrorisme depuis 2012. Le premier CASA, a-t-il défendu, a servi dans les zones d’accès difficiles au Mali. 50 000 personnes ont été transportées entre 2016 et 2020, dont 75% de civils.
Nampaga KONE
Source : La Preuve