La Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF-Mali) a partagé hier, le rapport de l’Évaluation nationale des risques (ENR) de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme en organisant un atelier à cet effet.
L’évènement a été présidé par le ministre des Mines de l’Énergie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, représentant son homologue chargé de l’Économie et des Finances. C’était en présence du président de la Centif, Idrissa Mahamar Haïdara et de nombreux repentants des services et organisations publics et privés.
L’approche ENR est issue de la 1ère recommandation du Groupe d’action financière (Gafi) et des articles 10 et suivants de la Loi de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), elle-même produit d’une directive de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Sur cette base, les pays devraient appliquer une approche fondée sur les risques pour s’assurer que les mesures de prévention et d’atténuation du blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme sont à la hauteur des risques identifiés, a d’entrée de jeu expliqué, le président de la Centif. Idrissa Mahamar Haïdara a ajouté que l’Évaluation nationale des risques et leur compréhension par les structures nationales compétentes, est une conditionnalité essentielle de l’exécution du processus d’évaluation mutuelle.
Fondement de la stratégie de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme adopté par le Gafi, cet exercice est une obligation pour tous les pays. L’ENR consiste à identifier et à analyser les risques de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme dans les secteurs clés d’activités au niveau national, selon le président de la Centif. Ce diagnostic permet, selon lui, de prendre des mesures pour atténuer les risques détectés et de mesurer la capacité intrinsèque du régime de la LBC/FT à faire face à ce phénomène criminel.
LES INFRACTIONS- Cela pour le bonheur de notre pays. «Depuis presqu’une décennie, le Mali est en proie au terrorisme et à l’insécurité qui annihilent tous les efforts de développement et de gouvernance démocratique. La prise de mesures pour tarir les sources de financement des terroristes est d’une impérieuse nécessité. À cette situation vient s’ajouter tous les autres délits et crimes générateurs de flux financiers illicites qu’il convient d’identifier, de traquer, de saisir et de confisquer afin d’enlever tout intérêt à leurs auteurs de s’y aventurer», a déclaré le ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau.
Lamine Seydou Traoré a rappelé que dès 2008, le Mali avait accepté de se soumettre à la première évaluation mutuelle de son dispositif anti-blanchiment conformément aux normes du Gafi. Il a signalé que sur la base des recommandations découlant de cette évaluation, des réformes et mesures utiles ont été engagées en vue de corriger les faiblesses et insuffisances relevées dans le dispositif national de la LBC/FT.
Les résultats enregistrés aux plans normatif et institutionnel ont conduit le pays, à la suite de la présentation de son 9è rapport de suivi renforcé auquel il était soumis, à faire son entrée dans le processus du second cycle des évaluations mutuelles. Notre pays a, à cet effet, été autorisé à préparer son Évaluation nationale des risques et à se soumettre en mars 2019 à son deuxième cycle d’évaluation mutuelle. À l’issue des travaux des groupes de l’ENR et de l’atelier de validation tenu en août 2021, a rappelé Lamine Seydou Traoré, il ressort que la menace de blanchiment de capitaux au niveau national est moyennement élevée.
En la matière, les infractions sous-jacentes les plus importantes de la période sous revue sont le trafic illicite (drogue, médicament et cigarette), la fraude (fiscale, douanière et bancaire), la traite des personnes et pratiques assimilées, les enlèvements, séquestration et prise d’otages et les atteintes aux biens publics. Quant au financement du terrorisme, il ressort de l’analyse des données recueillies que le risque est globalement élevé, car la menace est élevée et la vulnérabilité moyennement élevée.
À égard, la lutte contre le financement du terrorisme s’avère d’une urgence vitale pour le Mali, a alerté Lamine Seydou Traoré. Pour ce faire, le gouvernement est pleinement engagé à combler les insuffisances techniques et améliorer l’efficacité du dispositif, a-t-il assuré.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR