Le secrétaire Général de la CMA, Bilal Ag Cherif, entouré de Mohamed Ould Mohamoud, Sidi Ibrahim Ould Sidati, Ilad Ag Mohamed et d’Almou Ag Mohamed, a animé un point de presse, le samedi 12 Aout, dans sa suite de l’hôtel Kimpeski Elfarouk. La mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et la loi constitutionnelle étaient les points abordés par le principal conférencier.
Dès l’entame de son propos, Bilal Ag Cherif a dénoncé la lenteur dans la mise en route du document signé par le gouvernement et les mouvements armés.
« Après deux ans, faisons l’état des lieux. Le constat est amer, c’est pourquoi nous avons proposé des discussions directes pour essayer de trouver des explications aux lenteurs constatée çà et là. En réalité, nous nous rendons compte que même les mesures de confiances n’existent pas. Donc, la mise en œuvre de l’accord n’a toujours pas été abordée, c’est dire qu’on est loin de la paix a fortiori de la réconciliation nationale.
Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement focalise tout sur Kidal que nous considérons comme l’Azawad. Nous ne comprenons pas que le gouvernement oriente tout sur Kidal, pour distraire le peuple sur la nature des vrais problèmes. L’administration scolaire fonctionne à Kidal, la preuve est que les enfants de Kidal ont pu effectuer le DEF avec un taux élevé de réussite plus que d’autres localités du Mali. Certains cercles dans la région de Mopti n’ont même pas pu composer.
Evitons donc de tout focaliser sur Kidal tandis qu’une bonne partie du peuple malien souffre. Il existe d’énormes problèmes dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka. Il faut une vision d’ensemble, une vue générale de la santé du pays pour bien évaluer ce qui se passe au Mali ». Avant d’ajouter : « la CMA est prête à accueillir les FAMA et le gouverneur, sans délai, à Kidal. Nous avons dit au gouverneur que nous sommes prêts à assurer sa sécurité. Nous sommes aussi disposés pour que le MOC puisse démarrer. Nous l’avons dit au gouvernement, nous l’avons dit à l’armée, nous l’avons dit au Premier ministre, à la MINUSMA, et à l’Imam Dicko.
Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités et évite d’être pris en otage par les milices qu’il utilise. Depuis la signature de l’accord, nous avons abandonné l’option militaire, parce qu’aujourd’hui, elle ne peut pas être la solution. S’il y a des problèmes communautaires ou intercommunautaires, le cadre de l’accord pourrait nous permettre d’en débattre, dans la transparence et le sérieux requis en la circonstance. La force que la milice gouvernementale veut utiliser contre nous ne marchera jamais.
En juin dernier, nous avons convenu avec le gouvernement du retour de l’administration à Kidal. Quelques jours auparavant, nous avions été encerclés à Kidal. La suite est connue de tous. La milice gouvernementale s’est retranchée à Gao pour se préparer avec les moyens de l’Etat, au vu et au su de ce dernier. Quelle confusion ? Comment rétablir la confiance dans un tel contexte ? Nous voulons que l’Etat soit au-dessus de la mêlé, qu’il s’occupe de la sécurité de tous les maliens, du retour des réfugiés et de l’administration à Kidal ».
Abordant la loi constitutionnelle, Bilal Ag Cherif a indiqué qu’elle ne comporte pas les points essentiels de l’accord. Il persiste et signe que : « les dispositions relatives à la libre administration, à la régionalisation ne figure point dans le texte voté par l’Assemblée nationale. Le gouvernement a tenté de nous faire comprendre que c’est une loi qui prendrait en compte nos préoccupations.
Cette hypothèse ne nous convient guère. Notre souhait est qu’elles soient constitutionnalisées parce qu’il est très facile de changer une loi, comme l’ont fait les gouvernements successifs qui n’avaient pas respectés l’accord de 1990 et de 2006. Le Mali est en transition, Bamako doit continuer à consulter le peuple et à éviter le fétichisme des dates. Il faut un projet de constitution consensuel. La CMA continue de tendre toujours la main. Nous n’avons aucun problème avec le peuple malien et la jeunesse malienne mais avec le gouvernement du Mali, qui déplace les vrais problèmes.
En outre, Bilal Ag Cherif, soutenu par Sidi Ibrahim Ould Sidati, lance un appel au gouvernement et à la communauté internationale pour qu’une enquête sérieuse soit menée sur les violations des droits humains.
Chahana Takiou