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Bétisier du jour 08 Juin

5 juin : Clément change de veste
Ce 5 Juin 2020, au Boulevard de l’Indépendance, tous les intrépides défenseurs de la Nation menacés par un péril certain qui n’avait rien à voir avec celui des ‘’forces vives de la Nation’’. Particulièrement, pour ceux qui ont rendez-vous avec la justice dans quelques jours, ou ceux qui attendent leur lettre d’invitation, il fallait se muscler avec l’arrivée à ce raout pour jouer des coudes et des mains pour accéder au crachoir. Pour le prisonnier en sursis, se décréter porte-parole est une corde non négligeable à son arc.

Ainsi, informe saint Clément : ‘’le mouvement Mali Kura par la voix de son président Cheick Oumar Sissoko et celle de ses partenaires remercient l’ensemble du peuple malien pour sa grande mobilisation ce vendredi 5 juin 2020 sur la Place de l’indépendance.

Les organisations informent le peuple malien qu’une date sera donnée dès dimanche pour la désobéissance civile et une série de manifestations sur la Place de l’indépendance et partout à Bamako, dans toutes les capitales régionales et devant les consulats à l’étranger’’. Sacré Clément ! Changement de veste comme cela se pratique allègrement et impudiquement sur la scène politique nationale, à travers les saisons pour mieux brouter ou captation situationniste d’un cajoleur qui veut simplement ajouter une note supplémentaire à tous ses titres déjà trop ronflants ? Clément DEMBELE, Professeur, et Clément DEMBELE, Colonel selon les réseaux sociaux, aime porter la parole.

En plus de celui de LA Plateforme de lutte contre la Corruption et le Chômage (PCC) et de Coulou, il est depuis ce week-end le porte-parole attitré de EMK (Mouvement Espoir Mali Kura de Cheick Oumar Sissoko)… jusqu’à ce ‘’libybien ka wari ka ban’’. Il va migrer vers d’autres prairies verdoyantes et les vallées où coulent le lait et le miel. C’est ce qu’on appelle ailleurs la realpolitik, ici, dans notre bled où la précarité est devenue la règle, c’est l’instinct grégaire.

Marche et mutinerie : quel rapport ?

Ce vendredi 5 juin, c’était le salmigondis à Bamako. Pas parce que le très vénéré Cheikh Mahmoud DICKO a donné rendez-vous sur le Boulevard de l’indépendance pour la prière du Vendredi saint ; mais, parce que le peuple des râleurs exigeait que le Président IBK dégage avant 18 heures, délais de rigueur ! Le business était donc très entortillé. Et comme dit le chanteur ‘’la nuit tous les chats sont gris’’, autant dans le remue-ménage, tous les coups sont permis. C’est ce que nous rappelle le glossateur national tiré brutalement de son hibernation par l’escalade de la situation : ‘’le Gouvernement informe l’opinion nationale qu’en marge du rassemblement tenu ce jour 05 juin 2020, sur la place de l’indépendance, une mutinerie s’est produite à la maison Centrale d’Arrêt de Bamako. Certains détenus surexcités ont réussi à défoncer les portes de leurs cellules et ont pris à partie les surveillants de prison. Cette insurrection a malheureusement provoqué la mort de (4) quatre détenus et fait (8) blessés, dont un surveillant de prison et une habitante des concessions avoisinantes’’. À en croire le bagout gouvernemental, pendant que des manifestants cherchaient publiquement à abattre un régime démocratiquement élu, dans le chahut la place publique du Boulevard de l’indépendance, à quelques mètres de là, dans la bonace de la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura, des détenus mettaient à exécution leur projet de prendre le large. C’est ce que suggère la parlotte. Diable ! Où est le rapport mis à part que chaque groupe va à l’assaut d’une forme de liberté ? Rien. À moins que des réminiscences n’aient pris le contrôle des doigts des rédacteurs de ce communiqué. Quand les manifestations dégénèrent, en général, on casse les portes des prisons, les prisonniers se sont la malle. Inconsciemment, c’est le scénario catastrophe envisagé. Normal ! Quand on a passé le plus clair de son temps à snober la détresse des gens, le pire n’est jamais loin.
La non-reconnaissance des institutions
Après le ‘’rassemblement’’ du 5 juin, les organisateurs, à savoir le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), le Mouvement Espoir Mali Koura (EMK) et la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahamoud Dicko (CMAS), ‘’félicitent le Peuple malien pour sa mobilisation exceptionnelle et historique lors du Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali le vendredi 5 juin 2020 pour exiger la démission du Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime’’. Tout à fait normal puisqu’ils comptent sur ‘’le Peuple malien’’ pour d’autres mouvements.
Ce qui est par contre insolite, c’est que manifestement à partir du 5 juin à 18 heures, Ibrahim Boubacar KEITA n’est plus le Président de la République des frondeurs. Dans la suite de leur communiqué, les organisateurs ’’constatent l’expiration de l’ultimatum adressé à monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, et réitèrent leur détermination à faite aboutir cette juste exigence du Peuple’’. Ce sont donc les prémices de leur dynamique de désobéissance civile pour obtenir la démission du Président Ibrahim Boubacar KEITA. L’histoire bégaie une nouvelle fois au Mali. Après Monsieur KONARE, c’est maintenant M. KEITA.

Prime présidentielle ou aumône ?
Le Président IBK, dans son adresse à la Nation du 10 avril dernier, a été dithyrambique à l’endroit du personnel médical. ‘’Il sied, qu’avant toute chose, je salue notre personnel de santé, ces aides-soignants, ces manœuvres, ces infirmiers, ces ambulanciers, ces médecins, ces laborantins, le personnel administratif des services de santé ainsi que les membres du Conseil Scientifique National. J’aimerais leur dire ici et maintenant, et je suis sûr d’être votre fidèle interprète en le faisant, que la nation est fière d’eux. Ils sont nos héros, ils sont les filles et les fils émérites de ce pays dont ils se montrent dignes de l’Histoire, des enjeux et des ambitions’’, avait-il vanté leur mérite.
Le même Président IBK, dans la même adresse à la Nation du 10 avril dernier, a pris les mesures publiques en direction des couches les plus fragiles : diminution pendant 3 mois, de la base taxable au cordon douanier des produits de première nécessité, notamment le riz et le lait ; distribution gratuite de cinquante-six mille tonnes de céréales et de seize mille tonnes d’aliments bétail aux populations vulnérables touchées par le COVID 19…
Pour ce qui est du personnel médical à l’endroit duquel il a été louangeur, voici sa promesse : ‘’Enfin, une prime spéciale sera payée au personnel de santé mobilisé ainsi qu’aux éléments des forces de sécurité et de défense affectés à la surveillance du couvre-feu et des lieux d’attroupements éventuels’’.
Notez bien ‘’enfin’’ ! Ils sont en première ligne de la lutte contre la COVID-19 ; mais pour le paiement de leur prime, ils arrivent à la fin, ‘’enfin’’ quand il n’y a plus personne ni rien à prendre en charge. Pis, c’est le black-out total sur le montant de leurs primes. Comme si c’était de l’aumône, du fisa bililah.
Le Nafiguiya de Badjimé a appris que ces primes seraient données juste pendant 3 mois et que les montants varieraient de 40 000 à 15 000 FCFA. C’est source commérage hein ! Mais si l’info n’était pas de l’infox, alors qu’ils se ressaisissent. Un ; la prime est dérisoire, à la limite insultante. Deux, les agents de santé sont égaux devant la mort qu’ils côtoient quotidiennement ; donc à égalité de risque, égalité de traitement.

Covid-19 : la manipulation des chiffres
Dans le bulletin du 4 juin du ministère de la Santé et des affaires sociales sur la situation épidémiologique liée à la Maladie à Coronavirus, la situation se présente comme : 50 décès dans les Centres de prise en charge et 35 dans la communauté. 5 juin, le tableau affichait 51 décès dans les centres de prise en charge et 36 dans les communautés…
Mais d’où vient cette nouvelle disposition d’une distinction morbide entre ceux qui trépassent dans les centres de prise en charge et ceux qui trépassent dans la communauté ? Qu’ils soient morts à la maison ou à l’hôpital, le nombre total de décès de la COVID-19, ce 4 juin, était de 85 cas. L’artifice porte sur une distanciation de la responsabilité des morts, pour minimiser autant que possible le nombre de morts dans les structures de prise en charge et passer pour les bons élèves de la classe. D’ailleurs, comment font les agents de santé pour savoir que les personnes décédées en dehors des structures de santé, dans les communautés, sont mortes de COVID-19 ? À moins qu’on ne les sache préalablement malades de COVID et qu’on préfère les laisser mourir dans ‘’la communauté’’. Il y a une forte odeur toxique de manipulation des chiffres pour des fins inavouées.

Covid-19 : qui payera la facture ?
La fulmination de la propagation de la Maladie à coronavirus est assurée à Bamako, depuis ce ‘’rassemblement’’ embéguiné par une coalition politico-religieuse éclectique est désormais une certitude. À l’heure du spectacle, le nombre de cas positifs était de 1 485 ; 51 décès dans les centres de prise en charge et 36 dans les communautés ; 816 guéris ; 2 474 personnes contacts faisant l’objet d’un suivi régulier. Le bulletin sur la situation épidémiologique relative à la COVID-19 est journalier et connu de tous, puisque faisant l’objet de large diffusion. Tout comme sont connues les mesures prises par la session extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale du 17 mars 2020, dont ‘’l’interdiction jusqu’à nouvel ordre, des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières. Il s’agit des mariages, des baptêmes, des funérailles’’. Cheick Oumar SISSOKO, président du Mouvement EMK, Issa Kaou N’DJIM, représentant de la CMAS, et Dr Choguel Kokalla MAIGA, porte-parole du FSD ont convenu ‘’de créer les conditions d’une grande mobilisation pour le sursaut national face à la gouvernance chaotique et prédatrice…’’ Apparemment, ils n’ont pas prévu de mobilisation pour le sursaut national face à la Maladie à Coronavirus ! Manifestement, ils ne font pas mieux que de Gouvernement qui a convoqué le collège électoral en pleine pandémie de la Maladie à COVID-19. Hier, Mahmoud DICKO jugeait incohérent de la part du Gouvernement de tenir les législatives et de vouloir fermer les mosquées pour raison de COVID-19. L’Opposition a égrené une ribambelle des préalables irréalisables dans les délais officiels. Le Mouvement EMK ? Pas certain qu’il avait de la voix, en tant qu’association à l’époque.
Le fait est qu’aujourd’hui, des gens ont fait sortir des gens le jour même où le Mali dénombrait 2 474 personnes contacts. Qui paiera la facture du boom épidémiologique qui pourrait suivre ce ‘’rassemblement’’ du 5 juin sur le Boulevard de l’indépendance ? Les organisateurs seront-ils poursuivis pour mise en danger de la vie d’autrui ? L’État serait-il fondé à le faire après en avoir tracé la voie par l’organisation controversée des élections législatives ?

INFO-MATIN

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