Florence Parly, ministre française des Armées, a annoncé, ce vendredi, que l’armée française avait abattu le chef d’Al-Qaïda au Maghreb, Abdelmalek Droukdel. Mais cela grâce à un coup de main des Algériens, ce que la ministre n’a pas précisé.
La ministre des Armées Florence Parly a confirmé que l’émir Abdelmalek Droukdal et plusieurs de ses collaborateurs avaient été «neutralisés». Il était temps que l’armée française affiche quelques succès au Mali, alors que les groupes terroristes frappent dans l’ensemble de ce pays dévasté et alors que le pouvoir politique malien perd pied.
Une longue traque
Ce que la ministre a omis de préciser, c’est que l’armée française n’est pas pour beaucoup dans cette action spectaculaire. Ce sont les services algériens qui ont sans aucun doute livré aux Français ce chef terroriste qui avait créé en Algérie le GSPC devenu Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Sa localisation, nous indiquent nos sources, a sans doute été donnée par les Américains dont les services de renseignement travaillent étroitement au Sahel avec l’armée algérienne.
Abdelmalek Droukdel était suivi par les services algériens depuis janvier 2020 dans ses diverses pérégrinations qui l’ont conduit au Nord-Ouest du Niger puis au Nord-Est du Mali.
Paris-Alger, une coopération renforcée
En aidant la France, Alger poursuit ainsi deux objectifs. Le premier est de renforcer la coopération entre la France et l’Algérie, notamment sur les dossiers malien et libyen, comme cela a été annoncé la semaine dernière par un communiqué de l’Elysée.
Le second objectif d’Alger est sans doute d’obtenir la sécurité de Yiad Ag Ghaly, le chef d’un groupe armée puissant du Nord Mali qui a toujours le discret correspondant des services algériens. L’Armée algérienne l’a toujours protégé, y compris lors de l’opération Serval menée par les forces françaises au Mali en 2013. On pense que c’est à la demande d’Alger que les français ont fermé les yeux sur l’exfiltration d’Ag Ghaly.
Les Emirs algériens à la retraite
Une certitude, le succès mis en avant vendredi dernier par la ministre française des Armées, Florence Parly, ne doit pas grand chose à l’armée française et tout à l’allié algérien. Après cette première illustration de cette coopération négociée par plusieurs voyages des officiels français à Alger, on espère à Paris que l’attelage franco-algérienne favorisera une solution durable au Mali. Ce qui reste la condition politique du retrait des forces françaises qu’Emmanuel Macron appelle en privé de ses voeux.
La liquidation d’Abdelmalek Droukdel, qui ne présentait sans doute plus d’utilité pour les services algériens, marque la fin de la mainmise des Emirs algériens sur la mouvance terroriste, via le GSPC puis Al-Qaïda au Maghreb Islamique Le leadership d’AQMI se déplace insensiblement vers le Sud, avec la disparition de tous les chefs historiques venus d’Algérie qui cèdent la place à des Sahéliens … et des Libyens.
Mondafrique reviendra dans les jours qui viennent sur la configuration nouvelle de la lutte anti terroriste au Sahel
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