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Bébés nonuplés : les éclairages du Pr Augustin Tionkani Théra

L’histoire des 9 bébés, un phénomène rare, défraie la chronique. LePr Augustin Tionkani Théra, gynécologue obstétricien au Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G explique que cette grossesse multiple dérive d’une complication. C’est une grossesse, appelée dans le jargon médical octuplée, au cours de laquelle se développe dans l’organisme de la femme en même temps 9 fœtus.

 

Notre compatriote Halima Cissé, qui a accouché de nonuplés par césarienne, la semaine dernière au Maroc, égale le record de Natalie Denise Doud-Suleman des états-Unis. En France par exemple le record est de 7 bébés.

Halima Cissé a été reçue à l’hôpital du Point G à 3 mois de grossesse. D’après le spécialiste, il s’agit d’une complication du traitement de désir d’enfant.Si dans les autres cas (plus précisément en France) il s’agissait d’erreurs liées à la technique de procréation médicalement assistée, ce n’est pas le cas de notre compatriote.

Il précise que c’est plutôt lié à une réaction excessive des médicaments que la mère des 9 bébés a consommés. Pr Théra indique que ces médicaments ont la particularité de provoquer plusieurs ovulations à la fois pour favoriser l’avènement de la grossesse. « Chez elle, la réaction a été exagérée », souligne le gynécologue, avant d’ajouter que c’est ce qui explique un nombre important d’enfants.

Pour le praticien hospitalier, ceci doit être considéré comme une complication dans le traitement. En temps normal, la femme chaque mois fait une ovulation au cours laquelle, il y a un seul œuf qui est libéré. Alors si cet œuf rencontre le spermatozoïde, la femme tombe enceinte.

Mais il précise que dans la plupart des cas, il s’agit d’un seul enfant. Tout ça pour dire que rarement cet œuf peut se multiplier pour donner plusieurs enfants. Donc dans le cas de Mme Cissé, il y a eu plusieurs ovulations et en même temps plusieurs fécondations à cause des médicaments. Le spécialiste souligne que chaque fois que le nombre d’enfants dépasse deux, on considère que c’est une complication.

Dans les situations comme celle de Mme Cissé, le gynécologue affirme qu’il y a plusieurs complications. La première, c’est la prématurité importante. Selon lui, le poids d’un enfant normal est inclus entre 2/5 kilos et 4 kilos. Ce qui veut dire quele ventre de la femme ne peut pas contenir les 9 enfants. Ainsi, la grossesse ne peut aller à termes, c’est-à-dire à 9 mois avec ce nombre d’enfants.

Le risque à ce niveau est connu, soit l’utérus va se rompre ou alors les enfants vont sortir. La deuxième complication existe aussi.Si on ne fait pas attention, l’utérus va se déchirer ou la femme n’arrivera plus à respirer. « Dès qu’on voit cela, on est sûr que les enfants seront trop petits à la naissance et on risque de les perdre tous », déclare le gynécologue, avant d’insister sur le fait que la probabilité de perdre tous les bébés à cause de la prématurité est très élevée.

Pour ce qui concerne l’évacuation de Mme Cissé vers le Maroc, Pr Théra précise qu’on est parti au départ sur la base de 6 enfants, avant que l’échographie ne confirme par la suiste la présence de 7 fœtus. C’est donc à cause du risque de prématurité qu’elle n’est pas restéepour continuer sa prise en charge au Mali. Pour la prise en charge de ce genre de grossesse, il faut avant l’accouchement lutter contre l’inconfort de la mère. Car au premier trimestre déjà, la grossesse est vue comme une de 9 mois. Une fois que l’abdomen est dépassé, elle va commencer à avoir des contractions et ces contractions ont pour but de libérer l’utérus pour sauver la mère.

Selon le toubib, c’est ce qui se passe généralement dans ces cas. La preuve est qu’elle avait déjà des contractions au Maroc qu’on soignait tous les jours. Et d’ajouter qu’à partir d’un certain moment, on peut plus arrêter ces contractions quideviennent de plus en plus fortes. C’est pour cela qu’on applique immédiatement la césarienne. Ces grossesses ne dépassent pas 6 mois et Halima Cissé a accouché à 6 mois et deux semaines et les enfants ont entre 1 kg et moins.

Après l’accouchement, le risque, c’est l’hémorragie. En temps normal, après l’accouchement, l’utérus devient très petit et se rétracte. Cette rétraction fait que le saignement s’arrête mais quand l’utérus est très tendu, les muscles sont fatigués et ne peuvent pas se rétracter. En ce moment, il y aura une hémorragie postpartum. Malgré tout cela, elle a été transfusée avec 12 poches de sang plus une technique radio interventionnelle qu’on appelle embolisation.

La prise en charge de ces enfants est très onéreuse. Elle coûte en moyenne plus d’un million de Fcfa par jour. «à l’arrivée de Halima, nous nous sommes rendu compte du danger encouru par elle-même et ses enfants. Nous avons alerté les services administratifs à travers la direction de l’hôpital et le département de la Santé qui se sont impliqués fortement pour qu’elle soit évacuée vers un centre plus spécialisé », témoigne le professeur. Il souhaite le renforcement de notre plateau technique pour que nos praticiens puissent assurer, eux-mêmes, la prise en charge de ce type de grossesse.

Fatoumata NAPHO

Source : L’ESSOR

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