En plus, le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseini, a annoncé le démarrage très prochainement des travaux de construction de la route Gao –Bourem–Taoussa. C’est l’un des plus grands chantiers jamais initiés au Mali. Un rêve, longtemps caressé qui devient une réalité pour les populations. Le barrage est en construction dans le cercle de Bourem. Les travaux Taoussa avaient été arrêtés suite à la crise multidimensionnelle qui a affecté notre pays en 2012 et 2013. Ils ont repris depuis plusieurs mois.
Tirée par la construction du pont Wabaria à Gao, la route de Gao-Ansogo-Frontière du Niger, la reprise très prochaine des activités de l’usine de production de phosphate du Tilemsi, la réalisation de ce barrage augure d’encourageantes perspectives pour le développement des régions du Nord. En effet, la réalisation de cet ouvrage permettra de changer fondamentalement la vie des populations du cercle de Bourem, qui se trouvent actuellement dans une situation de grande pauvreté. Il faut dire qu’ici, la nature se caractérise par son hostilité. L’écosystème est considérablement dégradé. La végétation n’offre plus de ressources nécessaires à l’alimentation des animaux. L’assèchement des pâturages et la faiblesse des précipitations ont fortement entamé l’espoir des populations (éleveurs et agriculteurs), qui ont émigré sous des latitudes moins austères. Dans la zone sahélienne du projet la détérioration des conditions climatiques des dernières décennies, a entraîné la réduction du couvert végétal et modifié les conditions de ruissellement et d’infiltration. Pour la boucle du Niger en particulier, cette situation s’est traduite par l’ensablement des chenaux, la chute des niveaux de crue et d’étiage, la diminution des superficies inondées et l’assèchement des lacs sur les deux rives du fleuve. De même sur le plan écologique, l’on assiste à la disparition de certaines espèces végétales et animales. Sur le plan agricole, la zone fait face à un déficit céréalier chronique. La construction d’un ouvrage de retenue d’eau se pose donc en termes de survie pour ce cours d’eau millénaire, qui est à l’origine des échanges commerciaux et interculturels.
Pour faire face à cette adversité de la nature, la BID en sa qualité de chef de file des PTFs, a promis son accompagnement pour soutenir notre pays afin de réduire la pauvreté et combattre l’insécurité alimentaire. Afin dynamiser le projet, du 03 au 05 septembre 2016 s’est tenu à Gao, sous la présidence de Mr Malick Alhousseini, ministre de l’Energie et de l’Eau, un atelier national d’information sur l’impact du projet d’aménagement de Taoussa et l’implication des communautés dans le processus de sécurisation des travaux. Cette importante rencontre avait pour objet de sensibiliser tous les acteurs – administration, élus, représentants des communautés, notabilités et leaders d’opinion, FAMA et alliés, Mouvements armés, prestataires, usagers – à définir des stratégies inclusives de mise en œuvre et de participation à la sécurisation des actions de développement en général, de sécurisation du chantier de Taoussa en particulier. Pendant donc que les travaux se poursuivaient dans les locaux annexes de la majestueuse salle de conférence du gouvernorat de Gao, de 400 places, le ministre Malick Alhousseini décide de poser un acte majeur, brisant le tabou de l’impasse de la voie Gao – Bourem – Taoussa sur laquelle aucune délégation nationale n’est passée depuis le 24 novembre 2014.
Le 04 septembre 2016, le ministre Malick Alhousseini, accompagné du député Mohamed Ould Mattali, élu à Bourem, et d’une équipe de proches collaborateurs, quitte Gao, sous bonne escorte d’un détachement des FAMA, mené par le colonel Felix Diallo, commandant de la zone de défense n° 1, en direction de Bourem, puis Taoussa, à 130 km. Arrivés à Taoussa vers 10 h 30 après un voyage sans problèmes majeurs, le ministre et sa délégation ont visité l’escadron de la gendarmerie, les sites de la digue de remblais, de l’écluse et du quai de déchargement, de la centrale hydroélectrique et du système d’évacuation des crues.
Un vibrant hommage aux FAMA Le ministre de l’Energie et de l’Eau a rendu un vibrant hommage aux éléments de l’escadron de gendarmerie, et salué les efforts du gouvernement, qui a investi plus de 600 millions de F cfa, expression de sa volonté à créer les conditions idoines d’exercice de leur mission aux FAMA. La délégation ministérielle a ensuite traversé le fleuve à bord de pirogue, vers les villages en voie de transfèrement vers de nouveaux sites, du fait des impacts immédiats des travaux du barrage. Après un échange avec les autorités coutumières de ces villages, la délégation a visité leurs futurs sites d’accueil.
Les populations, sorties massivement pour rencontrer le ministre, ont exprimé leur souci de voir les travaux commencés, enthousiasmées par le fait que les travaux utiliseront la main d’œuvre locale, revitaliseront l’ingénierie locale et dynamiseront l’économie à travers des centaines de contrats en sous-traitance. Cette sortie a permis au ministre de mesurer du niveau d’investissement consenti par l’Etat du Mali en termes d’infrastructures d’accueil des travaux, de sécurisation par les Forces Armées et de Sécurité, des structures destinées à l’accueil des populations qui seront touchées par l’impact du barrage.
De retour à Gao, le ministre de l’Energie et de l’Eau a déclaré que les travaux de terrassement de la route Gao – Bourem – Taoussa vont démarrer très prochainement et qu’un chronogramme actualisé sera dressé au cours du dernier trimestre de l’année en cours pour la réalisation du barrage et des travaux connexes. Rappelons que l’aménagement de Taoussa, d’un coût global de 179 milliards de F cfa totalement mobilisés, comprend un barrage hydro-électrique de puissance installée de 25 MW d’une production moyenne de 118 GWh soit 87 % de la demande locale en énergie, une route goudronnée de 130 km de Gao à Taoussa,, des aménagements hydro-agricoles sur 139.000 ha, dont 84 000 ha en submersion contrôlée, 45 000 ha de nouveaux périmètres irrigués dans la vallée du fleuve, 10 000 ha dans la vallée du Tilemsi et dans les cuvettes du Gourma entre Bamba et Taoussa, la constitution d’un réservoir de 3 milliards de m3 pour promouvoir la pêche et l’élevage et améliorer le régime du fleuve en aval avec un débit garanti de 75 m3/s. L’ouvrage permettra aussi de mettre en place un véritable rempart vert contre l’ensablement dans la zone.
Au terme des travaux, les participants ont unanimement salué la tenue de l’atelier et adopté plusieurs recommandations dont les suivantes sont adressées au gouvernement d’accélérer la réalisation du projet structurant de la boucle du Niger pour la restauration des écosystèmes et la lutte contre la paupérisation des populations, d’étendre l’électrification des centres aux cercles d’Ansongo, de Gourma Rharous et de Kidal, d’assurer la sécurisation des travaux du barrage, des investissements, des personnes et des biens par les forces armées de défense et de sécurité en étroite collaboration avec les populations et les forces alliées (Barkhane et MINUSMA) ou encore d’accélérer la mise en œuvre de l’accord et le cantonnement des mouvements armés et procéder à leur désarmement. Ils ont également souhaité le renforcement des capacités des services de défense et de sécurité, la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble des régions du nord du Mali, l’organisation des patrouilles mixtes (FAMA, Barkhane, MINUSMA) sur l’ensemble du tronçon de Diré à Gao et dans le Gourma des régions de Tombouctou et Gao et création des unités de défense et de sécurité sur l’ensemble de la zone du barrage, notamment dans les communes de Bamba, Téméra et Taboye. La promotion du dialogue et les concertations pour asseoir la cohésion sociale et le vivre ensemble a aussi été vivement souhaité
CCOM
Source: L’Enquêteur