Le délestage (suppression momentanée, systématique et organisée, de la fourniture de l’électricité d’une zone à l’autre) est un problème récurrent chaque année au Mali, particulièrement à Bamako. Surtout pendant la période de chaleur durant laquelle les demandes augmentent à travers tout le pays. Cette année encore, le problème est là puisque l’Energie du Mali-Sa (EDM-SA) est incapable de satisfaire tous ses clients au même moment. Face à cette situation critique, une équipe du journal ‘’Ziré-hebdo’’ a baladé son micro dans les rues de Bamako afin de recueillir les impressions des uns et des autres sur la question. Reportage !
Cette période est appelée dans le jargon des techniciens et spécialistes de l’EDM-SA : ‘’Période de pointe’’. Elle s’étend du mois du mars jusqu’en mai. Tout au long de ce moment, les clients sont servis à tour de rôle et de manière souvent coordonnée à travers un programme connu de tous, mais qui met toujours certains consommateurs en colère.
Il était 9 heures quand nous étions, ce jeudi 2 mai 2019, dans le quartier Médina-Coura en Commune III du District de Bamako. Souleymane Sidibé, soudeur de son état, pense que la situation est tout simplement inacceptable. « Je ne peux pas comprendre ce qui se passe. C’est vrai que je ne connais pas grand-chose au fonctionnement du courant encore moins sa gestion, mais je sais qu’à Bamako la moitié de la population a besoin du courant à chaque instant de la vie. Mais, qu’est-ce qu’on constate à longueur de la journée ? On n’a réellement le courant que quatre heures sur douze dans la journée, tout au plus cinq heures et plus rien », a-t-il déclaré.
Selon lui, malgré cette situation, les factures de l’EDM restent intactes. « Ce qui est encore plus étonnant c’est que, c’est pendant qu’on n’a pas suffisamment de courant qu’on paye beaucoup plus cher en termes de facturation d’électricité. Franchement, j’aimerais qu’on nous explique cela », a-t-il ajouté.
Quant à Seydou Coulibaly, tailleur et chef d’atelier de couture à Badialan II, il estime que la coupure d’électricité est presqu’une condamnation pour un tailleur. « On accepte parce qu’on ne peut rien contre cela. Sinon en cette période, sincèrement, nous quittons la famille chaque matin pour juste faire espérer. Vous savez qu’en cette période, on ne peut difficilement respecter le délai donné aux clients et du coup cela crée des tensions et nous en perdons notre clientèle. Ce qui veut dire que ces coupures jouent également sur notre vie professionnelle. Donc, c’est très compliqué », a-t-il témoigné
Demande la libéralisation du secteur de l’énergie !
A quelques mètres de Seydou, toujours à Badialan II, le jeune Moussa Guindo est gérant d’une alimentation. Chez lui, rien ne marche sans l’électricité : « Regardez-vous-même à l’intérieur de la boutique. Ces produits doivent être toujours gardés au frais. Le client, lui, ne veut que son produit bien frais ; les histoires du courant ne l’intéressent donc pas du tout. Si le produit qu’il veut acheter n’est pas prêt, c’est-à-dire frais, il passe son chemin. On est vraiment confronté à ce problème nuit et jour », a-t-il déclaré.
Tout comme les trois premiers intervenants, Salif Coulibaly va un peu plus loin et pense que le problème de l’électricité est une question de gouvernance. Enseignant de profession, M. Coulibaly demande la libéralisation du secteur de l’énergie pour permettre au secteur privé de s’y investir. « L’EDM fait ce qu’elle veut parce qu’il y a personne d’autre chez qui les gens peuvent avoir du courant. C’est aussi de la mauvaise politique de nos dirigeants pour piller les gens à leur guise. C’est injuste et c’est contre le développement d’un pays. C’est vrai, je n’ai pas beaucoup voyagé, mais la plupart de nos pays voisins ont plusieurs entreprises qui fournissent de l’électricité aux populations. Donc, il est temps de changer notre pas de danse », a-t-il souligné.
Osons croire que le nouveau gouvernement fera de cette question de délestage intempestif, une de ses priorités, car il y va du bien-être des populations, ce peuple, dont Dr Boubou Cissé, le Premier ministre, dit être le serviteur.
Amadou Basso
Source : Ziré-Hebdo