Les seules frontières sur lesquelles il y avait un semblant de contrôle, le Mali vient de les abandonner purement et simplement. Il s’agit, vous l’aurez compris, de celles du Niger et du Burkina-Faso. C’est d’abord d’Anderaboukane que sont venus les premiers mouvements.
Au lendemain de l’attaque à Indelimane, les Fama et autres forces de défense et de sécurité présents dans ce camp ont décidé, à la surprise générale, de «replier» sur Ménaka. Inquiètes de ce retrait de ceux qui étaient censés les protéger face à la recrudescence du terrorisme et à la présence d’hommes et (même) de femmes armés à la provenance inconnue, les populations se sont naturellement posé des questions et en ont posé indirectement aux autorités.
Silence radio ! Jusqu’à ce que les mouvements ne touchent tous les autres petits postes «fixes isolés» frontaliers ; à savoir, Indelimane, Labbezanga, Tassiga, etc. C’est surtout le cas de Labbezanga, poste stratégique et très sensible à la frontière Mali-Niger, qui a obligé le commandement à communiquer et à donner (de façon maladroite, malheureusement) des explications.
À l’évidente question : «pourquoi nous abandonnez-vous ainsi ?» l’état-major, après maints bégaiements, de graves et interminables hésitations, répond : «Nous ne vous abandonnons pas, c’est un repli tactique». Une nouvelle fois, la communication a brillé par l’amateurisme, l’improvisation et, par conséquent, le manque de résultat et l’improductivité.
En effet, ce mouvement de nos troupes (Fama) pouvait être mieux présenté et avoir plus de résultat. Il était inutile de parler, une nouvelle fois, de «repli» ou de termes qui rappellent de mauvais souvenirs.
Aussi, fallait-il anticiper et ne pas attendre que les populations se posent des questions pour être dans la réaction, comme ce fut le cas. Les responsables de l’armée auraient pu présenter, autrement, ce «repli» ; sous forme de patrouilles motorisées.
La communication aurait dû porter sur cet aspect de mobilité de nos troupes avec plus de moyens humains et matériels mis à leur disposition. Il ne fallait pas, dans le communiqué, évoquer, directement, le départ des postes, mais la transformation des postes fixes en postes mobiles à travers les patrouilles.
Makan Koné
Source : Nouvelle Libération