Au vu des premiers constats, il semble bien que le Mali n’est pas encore bien préparé à gérer une telle situation. Non seulement des manquements ont été décelés dans les mesures de prévention et d’intervention, mais la gestion de l’après attentat a révélé certaines failles.
Failles dans la prévention
La menace d’un attentat à Bamako était de plus en plus pressante. Des ambassades de pays amis, à travers les renseignements qu’ils ont eu à ce sujet, en avaient avisé nos autorités. En plus, avec la cache d’armes découverte à Sébénikoro, il fallait doubler de vigilance. Mais après avoir été sur les dents pendant trois jours, notamment en procédant à des rafles de grande envergure assorties de contrôles d’identité, du côté de la Sécurité on a baissé les bras. Alors que le Mali est en guerre réelle contre le terrorisme. Ce qui nécessite des mesures pérennes de prévention.
D’ailleurs, aux alentours des endroits très fréquentés par les ressortissants européens et les éléments de la Minusma, un dispositif sécuritaire, ne serait-ce que de dissuasion, devait être mis en place. Quant aux services de renseignements, n’en parlons pas : ils doivent être renforcés aussi bien en moyens qu’en capacité.
Au fait, à quoi auront servi les caméras postées un peu partout à Bamako dan le cadre de la vidéosurveillance ?
Dans l’intervention des forces de sécurité
Avec la situation que vit le Mali depuis quelques années, des que des coups de feu retentissent quelque part, ce secteur doit être rapidement bouclé pour sa sécurisation : intervention rapide sur les lieux de l’attentat et en même temps couper toutes voies de retraite aux assaillants. Des forces spécialement préparées doivent intervenir dans pareils cas, avec les moyens adéquats. Mais pas un commissariat d’arrondissement qui n’est pas du out outillé pour ce genre d’interventions. C’est cette promptitude qui a manqué. C’est donc tout le dispositif sécuritaire qui est à revoir.
L’après attentat
D’abord, personne ne comprend pourquoi les autorités n’ont pas décrété des jours de deuil national suite à cet attentat. On aime bien nos sœurs et nos mamans, mais la journée du 08 mars pouvait être mise à profit par elles, pour la transformer en une journée de recueillement. Mais même à la télévision nationale on a eu droit à des chants et danses, notamment avec une émission Top Etoiles.
Du côté des victimes, notamment des blessés, le gouvernement a annoncé leur prise en charge. Mais à notre passage à l’hôpital, deux d’entre eux nous affirmaient que jusqu’à ce moment-là, c’est eux qui payaient leurs ordonnances.
Les lieux de l’attentat ont été balisés comme l’exige la procédure d’enquête criminelle. Mais quelques heures seulement après la visite du président de la République, les balises ont été enlevées et la circulation avait repris dans ce périmètre. C’est avec l’arrivée des experts français qu’on a pensé remettre en place les balises, mais des motos passaient et repassaient, sans compter un groupe de prostituées qui n’a pas perdu du temps pour revenir dans les environs. Lorsque nous sommes arrivés accompagnés de journalistes français, quelqu’un leur demandait gentiment de s’éclipser. A ce niveau aussi, il faut doubler de vigilance et il y a lieu de renforcer la capacité de nos enquêteurs.
Cheick Mouhamed Diarra
source : La Sentinelle