La question légitime que bon nombre de personnes se posent aujourd’hui, avec le régime militaire en place, c’est de savoir s’il faut craindre un retour à la dictature. Surtout avec les récentes atteintes à plusieurs libertés dont d’opinion, d’expression et même certaines libertés politiques.
“Tout dépendra de la tenue ou non des élections en mars 2024. En cas de non tenue, nous tombons automatiquement dans une dictature totalitaire, c’est-à-dire la prise et le maintien du pouvoir par les armes”, déclare un jeune constitutionnaliste. Pour lui, le Mali est en transition politique démocratique issue de concertation d’abord nationale et avec la Cédéao. “Tant que le délai est maintenu, c’est une transition démocratique”, soutient-il.
La Cédéao reste aujourd’hui la seule garante de la démocratie, estiment plusieurs hommes politiques. Cette organisation sous-régionale est la seule qui peut forcer le régime en place à aller aux élections, confie un militant d’un parti non proche du régime. “On a vu pour la 2e étape de la Transition, il a fallu la pression de la Cédéao pour réduire leur volonté de 5 ans de Transition à 24 mois. Ces 5 ans, n’ont jamais été discutés avec la classe politique malienne. Elle vient du régime lui-même”, rappelle-t-il pour insister que la Cédéao reste la seule garante contre une autre dictature au Mali.
Cette Transition a pu se faire une base solide, sur fonds anti-français. Mais est-ce que cela suffira ? s’interroge, Mohamed Kéita politologue. A ses dires, en officialisant la rupture avec la France, la Transition malienne a obtenu l’adhésion de la plupart des Maliens qui sont contre la politique française en Afrique et soupçonnent la France d’être la cause de tous les problèmes du Mali.
La Transition est populairement soutenue. Mais cela reste à voir si ce soutien sera de long terme. “Il ne suffit pas de chasser la France mais aussi de combler les attentes”, préconise-t-il.
“Ce qui fait craindre, c’est le nouveau partenaire du Mali : la Russie”, martèle un jeune doctorant malien en droit communautaire. La Russie est une puissance qui a son apport à fournir en matière de défense et de sécurité mais elle n’a pas les mêmes valeurs démocratiques que les pays occidentaux comme la France et les USA. Pour lui, c’est normal de craindre un retour à la dictature jusqu’en mars 2024. “En ce moment nous aurons la certitude. Si la Transition prend fin ou si on opte pour un régime totalitaire”, fait-il savoir.
“Même avec un retour à la dictature, elle sera de très courte durée. Aujourd’hui, avec les avancées technologiques, l’interconnexion du monde, c’est impossible de suivre en autarcie. Les gens verront le développement ailleurs et finiront par revendiquer un retour à l’ordre constitutionnel, sous-régional et continental. Le Mali ne pourra pas supporter les conséquences de vivre loin du reste du monde pour des raisons de non tenue d’élection présidentielle”, alerte un jeune du cadre politique pour le retour à l’ordre constitutionnel.
“Il serait mieux pour la Transition d’œuvrer à une sortie de transition par des élections transparentes afin de rejoindre le concert des nations au développement et éviter toute autre confiscation du pouvoir pour éviter le chaos. Le pays a déjà trop souffert”, avertit-il.
Koureichy Cissé
Mali Tribune