Le Comité national du salut du peuple (CNSP) créé au Mali par les militaires, suite à une mutinerie ayant abouti à l’arrestation dans la journée d’hier mardi et à la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita la nuit dernière, a sollicité l’accompagnement de la communauté internationale pour une transition politique civile conduisant à des élections générales, dans une déclaration faite tôt ce mercredi dernier (19 août 2020).
Le CNSP a donc demandé aux organisations sous-régionales et internationales de les «accompagner pour le bien-être du Mali». Ainsi, a-t-il ajouté, «la MINUSMA, la force Barkhane, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité».
«Nous ne tenons pas au pouvoir, mais à la stabilité du pays qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables consentis des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés», ont assuré les jeunes officiers qui ont pris le pouvoir au Mali dans une déclaration lue à la télévision nationale par le Colonel-major Ismaël Wagué.
«A fin d’éviter au pays de sombrer, nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire d’assurer la continuité de l’Etat et des services publics», a justifié la déclaration. Les militaires ont également lancé un appel aux forces vives de la nation à se joindre à eux car, ont-ils indiqué, sans elles «cette lourde responsabilité ne s’accomplira pleinement».
«La société civile et les mouvements sociopolitiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une meilleure transition civile conduisant à des élections crédibles pour l’exercice démocratique à travers une Feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau», a indiqué le CNSP.
Les frontières fermées et un couvre-feu instauré de 21h à 5h du matin jusqu’à nouvel ordre
Le CNSP a aussi annoncés des décisions fortes dans cette déclaration. Ainsi, à compter de ce jour, 19 août 2020, toutes les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à nouvel ordre, un couvre-feu est instauré de 21 à 5 heure du matin jusqu’à nouvelle ordre ; la continuité du service public sera assuré par ceux qui en ont le droit au regard des textes en vigueur.
«Nous allons prendre en compte les conclusions du Dialogue National Inclusif (DNI) pour l’amélioration du cadre de bonne gouvernance», a aussi souligné la déclaration lue aux premières heures de mercredi dernier.
A noter que suite à une mutinerie qui a éclaté tôt mardi matin au camp Soundiata Kéita de Kati, avant de s’étendre à la capitale, le président Ibrahim Boubacar Kéita et son Premier ministre ainsi que de nombreuses personnalités civiles et de Officiers ont été arrêtés dans la journée de mardi dernier (18 août). Dans la soirée, le président Kéita a annoncé à la télévision nationale (à partir du camp de Kati) la dissolution de l’Assemblée nationale et sa propre démission.
Pour de nombreux observateurs, ce coup d’Etat est la conséquence logique de la crise sociopolitique qui paralysait le Mali depuis début juin dernier. Le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita a été régulièrement contesté par une foule rassemblée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui exigeait sa démission.
Fin
Moussa Bolly
LE MATIN