La cohésion au sein des regroupements et mouvements politiques de la place n’a Ps résisté à la signature d’un accord politique pour la mise en place d’un gouvernement de mission conduit par le Dr Boubou Cissé. Si l’objectif de départ pour l’opposition initiatrice de cet accord politique était d’amener le président de la république à ouvrir l’exécutif à plus de partis, de groupements et d’organisations de la société, l’accord politique signé ce jeudi risque d’éloigner des alliés d’hier et forger une nouvelle recomposition du paysage politique.
Comme c’est le cas à chaque grand événement et en fonction des intérêts du moment, la classe politique malienne entame une nouvelle phase de turbulence suite à la démission forcée du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga et la volonté exprimée du président de la république de mettre en place un gouvernement de mission pour faire face à la crise profonde qui secoue le pays.
Suite à la démission de SBM et de son gouvernement, le président IBK a entamé ainsi des consultations de la classe politique et de la société civile autour de la situation difficile du pays au cours desquelles, le chef de l’Etat a émis son souhait de mettre en place un gouvernement de large ouverture. Pour sa participation à une telle coalition, le front de l’opposition (COFOP et FSD) a proposé au président de la république un accord politique et une feuille de route définissant ses priorités et ses exigences. La réponse de l’opposition lui sera finalement adressée par le Premier ministre et non le chef de l’État lui-même, dans un document intitulé ‘’accord politique’’. À la différence de la proposition de l’opposition, cet accord proposé par le Dr Boubou Cissé va au-delà de l’opposition pour prendre en compte, la majorité présidentielle (EPM), les groupes signataires de l’accord et les autres partis et regroupements de la classe politique qui ne se réclament ni de l’opposition ni de la majorité.
Dès lors, les regroupements de l’opposition ont eu du mal à parler d’une même voix. Ainsi, ce sont les coalitions COFOP et FSD qui s’écroulent les premières. Au lieu de répondre d’une seule voix au PM, COFOP et FSD ont adressé des réponses séparées.
C’est là que le secrétaire politique du parti SADI, membre de la CoFoP, ne manquera pas de dénoncer ‘’des coups bas et démarches solitaires au sein de son regroupement’’. Alors que ce parti était dans les détails, des responsables du groupe étaient déjà dans la logique de négocier leur place dans le futur GLO, selon un responsable SADI.
L’Alliance électorale EPM qui s’était fait jusque-là fait discrète apportera également ses propositions au PM.
À l’issue de différentes tractations, un document final est proposé aux acteurs de la classe politique, ce mercredi 1er mai 2019, qui sera signé finalement, ce jeudi à la Primature.
Au sein du FSD, les grands absents sont l’URD, le CNID, le MPR… Mais on retrouve le PARENA parmi les signataires. L’URD, qui se dit conscient de la crise multiforme qui annihile toutes les initiatives de paix et de réconciliation, estime que ‘’notre pays a besoin d’un dialogue politique national inclusif, sincère, global, interactif, dynamique et transparent avec l’ensemble des forces vives de la Nation’’. Tout en proclamant sa disposition à ne rien ménager pour la réussite de ce dialogue et permettre à notre pays de retrouver la paix, la sécurité et la cohésion, l’URD exprime sa volonté d’animer une opposition constructive en demeurant une force d’alertes, de dénonciations et de propositions.
Le CNID a décidé également ‘’de ne pas participer au prochain Gouvernement et de s’investir dans la préparation du Dialogue national inclusif’’. Toutefois, le parti du soleil levant a souhaité une bonne chance à la nouvelle équipe et au Premier ministre Boubou Cissé.
Le MODEC de Konimba Sidibé ‘’regrette profondément que le FSD n’ait pas réussi à adopter une position unique sur l’Accord politique à conclure avec le PM quitte à poursuivre les négociations pour le rendre acceptable pour tous sur les points essentiels’’.
À la COFOP, la CODEM se retrouve parmi les signataires de l’accord politique alors que la SADI a gentiment décliné l’offre. Cette formation politique, qui dénonçait des démarches solitaires au sein de leur regroupement, estime que le problème du Mali n’est pas une question de gouvernement, mais d’hommes et de priorités.
Au niveau de la majorité présidentielle, l’on retrouve également des partis non signataires de l’accord politique, dont l’ADEPM, son président, Aboubacar Sidick Fomba ADEPM, estime que l’accord politique devait avoir comme fondation l’établissement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire et la sécurisation des personnes et leurs biens, en d’autres termes la stabilisation du pays.
La signature de l’accord politique marque ainsi l’éclatement des regroupements politiques jusque-là présents sur l’arène politique. Aussi, avec la formation très prochaine du nouveau gouvernement, des alliés d’hier risquent de s’éloigner et auront des appréciations différentes de la situation socio-politique et économique du pays. Toute chose qui présage une nouvelle recomposition de la classe politique malienne.
Par Sidi DAO