Depuis les affrontements sanglants entre différents groupes armés les 15, 16 et 17 août derniers, cette localité est devenue un nouvel enjeu du processus de paix et de réconciliation. Hier, la Plateforme des coordinations des mouvements de l’Azawad a favorablement répondu à l’appel lancée par la médiation internationale en quittant Anéfis qu’elle avait récemment repris à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Le communiqué de la Plateforme, signé de son porte-parole, Me Harouna M. Toureh, est tombé hier, en fin d’après-midi. Dans ledit texte, la Plateforme informe la médiation internationale, l’opinion nationale et internationale de son accord de principe de se retirer d’Anéfis. Elle estime cependant qu’il est nécessaire, pour des raisons de sécurité des populations, que les forces armées maliennes, accompagnées des forces internationales, s’y déploient sans délai. Aussi, regrette-t-elle que la médiation n’ait pas jugé judicieux de faire recours aux mécanismes appropriés prévus par l’Accord de paix notamment en son point I de l’Annexe II qui institue la CTS. En effet, la Commission technique de sécurité (CTS) qui doit se substituer à la Commission technique mixte de sécurité (Ctms) se charge notamment d’observer le cessez-le-feu entre les parties; d’enquêter sur d’éventuelles violations du cessez-le-feu; de mettre à jour les arrangements sécuritaires et les vérifier; de procéder à l’identification et la validation des sites de cantonnement; et de soutenir techniquement le processus d’intégration des ex-combattants.
Par ailleurs, la Plateforme informe la médiation internationale de sa volonté de lever des missions en direction des populations et des combattants pour expliquer le bien fondé de ces décisions et réaffirme son engagement à s’inscrire dans le cadre de l’Accord issu du processus d’Alger. Voilà ce qui lève le risque de blocage qui avait plané sur le Comité de suivi de l’Accord, suite à la décision de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) d’en suspendre ses activités. Du coup, le processus se trouve être relancé. Selon certaines sources, la médiation internationale, sous l’égide de l’Algérie, avait proposé un plan de sortie de crise aux groupes armés et au gouvernement malien. Dans ce plan, l’équipe de médiation souhaitait que les combattants de la Plateforme des mouvements républicains quittent Anéfis, et que cette localité revienne sous le contrôle des casques bleus de la Minusma. Un mécanisme de règlement de la crise devrait être ensuite mis en place en organisant, toujours sous la supervision des forces de la Minusma, l’arrivée pacifique à Anéfis de toutes les forces rivales. A en croire les mêmes sources, le gouvernement malien avait tout de suite validé ce plan qui avait également eu le soutien de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Mais les mouvements de la Plateforme qui contrôlaient encore la localité d’Anéfis, s’étaient réservé le droit de réfléchir jusqu’à hier mercredi 26 août, à midi. Rien ne devrait donc plus s’opposer à la reprise des activités de la CMA au sein du CSA.
Les mêmes sources rapportent toutefois, en tenant compte des avis de certains observateurs de la crise malienne, que la situation est toujours tendue sur le terrain, en tout cas jusqu’à la publication du communiqué de la Plateforme. Car, des groupes armés prendraient la direction d’Aguel hoc, dans la région de Kidal, pendant qu’au même moment, des troupes alliées de la Coordination seraient venues de l’extérieur pour renforcer des positions de cette dernière dans la même région.
Faut-il rappeler qu’à la mi-août, des affrontements armés ont opposé les éléments de la Plateforme et ceux de la CMA dans la localité d’Anéfis. Les combats qui se sont déroulés principalement à Touzek Oued, situé à 60 km au sud-est de Kidal, à l’est d’Amassine, 80 km au sud de la ville de Kidal, et sur l’axe Tabankort-Anéfis à 45 km au sud-ouest d’Anéfis, avaient fait une vingtaine de morts dont 15 dans les rangs de la CMA. Cette dernière avait, par la suite, suspendu ses activités au sein du Comité de suivi de l’Accord (CSA) qui s’est réuni lundi et mardi derniers, au Centre international de conférence de Bamako.
Ce qu’il y a lieu de souligner, c’est que les récents événements ont donné un coup de canif dans les différents accords de cessez-le-feu et autres arrangements sécuritaires conclus avant la signature, les 15 mai et 20 juin derniers, de l’Accord de paix et de réconciliation. Ils ont aussi porté un coup dur à l’Accord de paix qui peinait déjà à s’appliquer, plus de deux mois après sa signature par l’ensemble des parties. Mais, si la sortie de crise piétine toujours, les raisons sont à rechercher, de notre avis, dans la mollesse du gouvernement malien, la rivalité entre les différentes coordinations des groupes armés, mais surtout le jeu trouble de la communauté internationale, notamment la Minusma.
Bakary SOGODOGO
source :Le Prétoire