C’est finalement tard vendredi 18 août 2017, le couteau sous la gorge, que le Président de la République s’est adressé à la Nation pour surseoir à son projet de révision constitutionnelle. Ne pouvait-il pas faire l’économie du temps et des moyens colossaux, matériels comme financiers, mobilisés pour convaincre le peuple à adhérer au projet de révision ?
Gouverner c’est prévoir et savoir anticiper. Rien de tout cela ne semble caractériser la gouvernance du régime IBK. Sinon, comment comprendre, qu’après trois grandes mobilisations contre le projet de révision, le Président IBK allait continuer à croire, dur comme fer, qu’il avait le bon bout et, par conséquent, était déterminé à aller jusqu’au terme. Le Mali a perdu du temps et des sommes d’argent dans cet utopique projet, défendu par des gens qui se sont finalement décrédibilisés par leur engagement en faveur d’un projet voué à l’échec. Pendant plus de deux mois, les cadres du RPM et des ministres ont sillonné le pays dans l’hypothétique espoir de persuader le peuple, mais en vain. Le camp du non a continué son combat après trois manifestations, qualifiées par bon nombre d’observateurs d’historique, à cause de l’ampleur de la mobilisation. Il a alors lancé un ultimatum d’une semaine, à l’issue duquel, il menaçait de basculer dans la désobéissance civique. En fin de compte, c’est ce vendredi 18 août 2017, tard dans la nuit, qu’il s’est adressé à son peuple pour dire qu’il sursoit à la révision. Après avoir mesuré l’ampleur du clivage qui se creusait entre les citoyens partagés entre deux camps de plus en plus radicalisés, il s’est résolu à renvoyer son projet de révision aux calendes grecques. Dans son adresse, le Président de la République disait avoir constaté que dans le contexte, les explications de son camp, celui du oui, ne convainquaient guère. A cet effet, « et en considération de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé », il se résout, « en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un referendum sur la révision constitutionnelle », expliquant que cette décision correspond, selon lui, à un sacrifice. Il poursuit en disant : « je l’ai fait, parce qu’à l’heure où notre pays est confronté à tant de défis majeurs, on ne saurait ajouter aux périls existants ceux que font naître la mésentente, la polémique et le malentendu . Nous devons prendre le temps de nous retrouver pour échanger sans détour ». Il s’engage à recréer les conditions d’un dialogue « inclusif et dépassionné » pour que
chacun « se place au-dessus de toute autre considération que la sauvegarde de notre patrie », afin d’arriver à ce qu’il a appelé « des points de convergence ».
Si la plateforme du Non s’est félicitée de cette décision du Président de la République, elle demeurera mobilisée et vigilante pour la suite.
Youssouf Sissoko
Par Inf@sept