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Zone de libre échange continentale : NÉCESSAIRE APPROPRIATION PAR LES ACTEURS NATIONAUX

L’Union africaine a décidé de créer cette organisation pour booster le volume du commerce entre les pays africains. Les échanges entre pays du continent ne représentent que 15% du commerce mondial.

 

Le ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques nationales en matière d’intégration africaine, a entrepris de renforcer les connaissances et les capacités des administrations et du secteur privé national sur la Zone de libre-échange continentale africain. L’ouverture de l’atelier national organisé à cet effet a été présidée, hier, par le chef dudit département, Yaya Sangaré.
Rappelons que c’est pour renforcer l’intégration du continent et pallier la faiblesse des échanges intra africains qui se situent seulement aux environs de 15%, que nos chefs d’État et de gouvernement ont procédé à la signature de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine. C’était lors du sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA), tenu le 21 mars 2018 à Kigali (Rwanda). Depuis, 52 des 55 États membres de l’UA l’ont signé. Les trois non signataires sont : le Bénin, l’Érythrée et le Nigéria. Vingt-deux pays dont le Mali l’ont ratifié.

Cet atelier intervient quelques jours seulement après la 22è ratification nécessaire pour le lancement effectif de cet espace d’échanges commerciaux, prévu en marge du sommet de l’UA qui se tiendra en juillet prochain à Niamey (Niger). Il rentre, selon M. Sangaré, dans le cadre de la mise en œuvre du paragraphe 11 de la décision prise par le sommet de Kigali. Cette directive, rappellera-t-il, «invite tous les États membres de l’UA à entreprendre de larges campagnes de sensibilisation afin que toutes les parties comme les citoyens ordinaires et les hommes et femmes d’affaires africains s’approprient la Zone de libre échange», afin de favoriser la vulgarisation de l’accord portant création de cette zone commerciale.
En effet, cet atelier qui se tient en application de cette décision, vise à assurer l’appropriation de l’accord par l’ensemble des parties au Mali. Cela, en les informant sur sa structure, le processus de son déploiement et les prochaines étapes qu’il lui reste à franchir, en échangeant sur les concessions tarifaires et les engagements spécifiques que notre pays peut consentir dans le cadre de son opérationnalisation, en identifiant les attentes du Mali en prévision de l’élaboration de ses protocoles sur les investissements et les droits de propriété intellectuelle et en réfléchissant sur les avantages pour notre pays et la stratégie la plus pertinente pour en tirer le meilleur profit. Pour l’atteinte de ces objectifs, les participant auront, pendant deux jours d’intenses travaux et de discussions, «droit à des communications sur l’accord et ses protocoles, à savoir le protocole sur le commerce des marchandises et celui sur le commerce des services», a rappelé le ministre Sangaré. Il ajoutera que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour la prise en charge adéquate des recommandations qui en seront issues, afin de permettre à notre pays d’anticiper les difficultés éventuelles liées à sa mise en œuvre.

Auparavant, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali attirait l’attention sur la prise en compte des préoccupations chères au secteur privé national. Youssouf Bathily a demandé, à ce titre, «la réalisation d’une étude d’impact de la Zone de libre échange sur l’économie malienne, afin de cerner les secteurs de production qui seront les plus touchés par la libéralisation des échanges commerciaux». Il a souhaité «la dissémination rapide des conclusions des travaux du groupe technique sur les règles d’origine pour une bonne appropriation par nos industriels des conditions afin de bénéficier des préférences continentales».
Youssouf Bathily a attiré aussi l’attention de l’exécutif sur la nécessité de «la participation du secteur privé aux travaux d’élaboration de l’offre d’accès au marché du Mali, notamment la détermination des produits sensibles et des produits d’exclusion».
A sa suite, le ministre du Commerce et de la Concurrence a, en guise de réponse, rappelé des progrès notoires qui apparaissent comme des mesures de protection des économies les plus faibles de la zone, l’adoption des modalités pour la libéralisation du commerce des marchandises. Selon Alhassane Ag Ahmed Moussa, les produits ont été classés en produits non sensibles, sensibles et en produits d’exclusion.
«Les produits non sensibles constitueront au moins 90% des lignes tarifaires et représenteront au moins 80% de la valeur moyenne des importations intra africaines sur la période 2014-2016», a détaillé le ministre en charge de la Concurrence, précisant que leur libéralisation commencera immédiatement après l’entrée en vigueur de la Zone de libre échange.

A cet effet, les pays les moins avancés libéraliseront leur marché sur une période de 10 ans, contre 5 ans pour les pays en développement. Les produits sensibles, eux, ne dépasseront pas 7% des lignes tarifaires, contre 3% pour les produits d’exclusion. Leur libéralisation interviendra à partir d’une période moratoire de 5 ans à compter du démarrage de la libération des produits non sensibles, a rassuré Alhassane Ag Ahmed Moussa, ajoutant que les pays les moins avancés libéraliseront leurs produits sensibles sur une période de 13 ans, après l’ajournement de 5 ans. «Et les pays en développement libéraliseront leurs produits sensibles sur une période de 10 ans après le moratoire de 5 ans», a conclu le ministre du Commerce et de la Concurrence. Précisons que les critères retenus pour la désignation des produits sensibles sont : la sécurité alimentaire, la sécurité nationale, les recettes fiscales, les moyens de subsistance et l’industrialisation.
Intervenant à la suite des mots de bienvenue du maire de la Commune IV du district de Bamako, le Haut représentant de l’Union africaine pour la sécurité au Sahel a assuré de son soutien total au Mali dans ses efforts de mise en œuvre de cet accord. Pierre Buyoya a, par ailleurs, invité les vrais acteurs (les opérateurs économiques) à s’approprier cet instrument qui permettra une diversification de nos économies, grâce à une industrialisation poussée.

Cheick M. TRAORÉ

L’Essor

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