Les tensions sont vives depuis hier, jeudi 14 janvier 2021, entre le gouvernement malien et les occupants de la zone aéroportuaires dont les maisons ont été démolies pour occupations illicites d’espace aéroportuaire.
Les raisons de la démolition
Dans une note d’un conseiller technique du ministère des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, le gouvernement, évoque les mauvais pratiques de certains élus et fonctionnaires ayant favorisé l’occupation illicite de la zone aéroportuaire. Cette situation est due à l’« incivisme criard et profond du fait de certains élus municipaux ; d’agents de l’État ; et de certains citoyens ». Dans ledit document, le Conseiller dénonce ainsi le morcellement du domaine public de l’État par des maires, des préfets, sous-préfets, voire des gouverneurs en violation des textes. Or, indique la note, le domaine aéroportuaire est classé suivant le décret N° 99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’entreprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares. Un espace qui fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites, déplore le département, rappelant qu’une démolition a été faite en 1995 par l’État dans la même zone. « Ces occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’aéroport est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale », indique le gouvernement. Pourtant, selon ministère de la tutelle, si ce retrait intervenait, il priverait le Mali des vols internationaux.
Cette décision de démolition a été ainsi prise par les autorités de la transition après le constat de l’ampleur et le caractère irrégulier desdites occupations. Ainsi, pour la démolition effective des constructions illicites de ces zones aéroportuaires, un montant total de 320.888.628 est prévus. C’est l’entreprise Africa Construction corporation (ACC) qui est sélectionnée pour les travaux.
La colère des victimes !
« Dans ce pays, jamais il ne peut y avoir de paix. Nous avons tous été surpris de cette démolition. On aurait dû nous informer au moins, au lieu d’agir ainsi. On nous a traité comme des étrangers dans notre pays. Mais on se remet à Dieu, puisque les pauvres n’ont jamais eu raison dans ce pays », exprimaient les victimes. Femmes, enfants, comme chefs de familles, tout le monde est resté bouche bée. Pendant que certains monologuent, exprimant leur désarroi, d’autres se mettaient à pleurer, employant des propos lamentables. « Mon mari ne peut plus rien faire, il a 75 ans. Cela nous faisait 26 ans en location. Mes enfants sont petits, ils n’ont rien. Pas de travail et il est même difficile d’avoir les frais de condiments parfois. Je faisais la construction de mon terrain grâce aux frais que j’obtenais dans l’entretien de mon petit jardin », expliquait Kandia Diarra qui ne cessait de pleurer.
Quant à Kadiatou Samaké, elle affirme « nous n’avons aucun moyen. Je peux dire que nous (victimes) ne sommes pas Maliens comme les autres. Nous nous confions à Dieu, parce que nous n’avons aucun pouvoir pour réagir. Nos autorités nous ont tués, parce que nous n’avons aucun espoir ». Nouhoum Bouaré, une autre victime ajoute : « je détiens mon permis, ma lettre de construction, et ma notification délivrés par le maire Adama Sangaré. On m’a remis cet espace après avoir détruit le premier ». Le mal, dit-il, c’est que personne d’entre nous n’a été avisée à propos de cette démolition. « Ce pays est toujours comme ça, les pauvres ont toujours été victimes de pareilles décisions étatiques. Je me demande si on doit même chasser son chien de cette manière », martèle Nouhoum Bouaré, chef de famille de 18 personnes qui dit être obligé d’aller à Ségou, en raison de la destruction du seul terrain qu’il a eu dans sa vie. Le maire Adama Sangaré est un agent de l’État, pourquoi l’Etat lui a laissé délivrer des pièces d’autorisation aux citoyens ? S’interroge Tidiane Diarra. C’est l’État qui est responsable de toute cette situation. Il ne fallait pas du tout laisser les gens construire, si l’espace est réservé pour d’autres choses, précise Tidiane.
Selon Ousmane Nimaga, « les mêmes parcelles ont été détruites par l’ex-président Alpha Oumar Konaré. Sous son 2ème mandat, IBK a donné l’autorisation au maire Adama Sangaré de nous livrer les permis et papiers d’occuper cette zone aéroportuaire », a-t-il rapporté.
Dans la décision n°2075/MDB du 17 septembre 2018 et la décision N°2717 (1ère et 2ème décision) portant régulation des parcelles de lotissement de Niamakoro-Diallobougou signées par le maire du district de Bamako, nous constatons la remise de document à plus de 800 personnes.
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays- Mali