Le nouveau ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed signe son retour au pays après un exil en Europe et en Haïti où il servait dans le système des Nations Unies. Le nouveau chef de la diplomatie malienne a un passé qui ne plaide aucunement en sa faveur. Et pour cause…
En effet, Zahabi Ould Sidi Mohamed était un des responsables de la branche politique de la rébellion qui a secoué le nord du Mali dans les années 1990. Une rébellion déclenchée à Kidal par un certain Iyad Ag Ghali. Celui là même qui, l’année dernière, à la tête de son mouvement Ansar Dine, avait occupé les régions du nord
A cette époque, Zahabi qui était un des leaders du Front islamique arabe de l’Azaoud (Fiaa), fut très proche de Iyad Ag Ghali. A ce titre, il a été un des acteurs des conférences qui ont eu lieu à Ségou, puis à Mopti (en 1992). Ces deux conférences qui ont réuni les représentants de l’Etat et ceux des Mouvements et fronts unifiés de l’Azaouad (Mfua) avaient pour objectif de trouver une solution à cette rébellion qui, à l’époque avait gagné toutes les régions du nord. Finalement, l’Etat malien et les Mfua signent le pacte national en avril 1992. C’est ainsi que Zahabi et d’autres compagnons comme Zeidane Ag Sidalamine, Agatham Ag Alassane ont regagné le bercail pour se voir confier des postes de responsabilités au niveau national. Zahabi fut alors nommé commissaire adjoint au nord. Cependant, Zahabi était loin de…ranger les armes. Lui qui, à l’époque, était considéré comme l’enfant terrible de la rébellion.
Alors que le pacte national connaissait un début d’exécution très difficile avec beaucoup de soubresauts et d’hostilités tant au nord qu’au sud, survint un incident malheureux dans la région de Gao, plus précisément dans la localité de Fafa.
Fuite en Mauritanie
De quoi s’agit-il ? En avril 1994, une patrouille de l’armée était en mission dans cette zone de Fafa où elle tombe dans une embuscade tendue par des hommes armés. L’accrochage entre militaires Maliens et ces éléments armés qui seront identifiés plus tard comme étant des combattants du Fiaa, s’est soldé par un bilan très lourd des deux cotés. Fait troublant à l’époque, cette opération du Fiaa contre l’armée était, semble-t-il, dirigée par Zahabi lui-même. Celui-ci et certains de ses combattants seront alors pourchassés par des éléments des forces armées venus en renfort de Gao. Zahabi avait réussi, entre temps, à franchir la frontière mauritanienne et à disparaître pour de bon. Il ne fît sa réapparition que des années plus tard en France, avant d’atterrir en Haïti. Depuis cette époque, l’on a plus entendu parler de lui. Précision : ces évènements de Fafa ont eu lieu en un moment où la Primature était occupée par…Ibrahim Boubacar Keïta.
A l’époque, le gouvernement du Mali avait lancé un mandat d’arrêt international contre Zahabi Ould Sidi Mohamed. Qu’est devenu ce mandat ? A-t-il été annulé ? Des réponses sont nécessaires pour que les Maliens puissent comprendre les raisons qui justifient le choix de Zahabi à la tête de la diplomatie malienne.
Avant cette expédition à Fafa, son nom était cité dans un fait divers sanglant qui s’était déroulé à l’ex base aérienne, ici même à Bamako où certains ex combattants du Fiaa qui lui servaient de garde du corps ont kidnappé puis poignardé à mort un jeune du quartier Bagadadji (accusé d’avoir volé une somme importante d’argent). Ce fait divers avait tenu en haleine l’ensemble des services de sécurité de la capitale. Finalement, cette affaire fut étouffée pour des raisons politiques. Et, le mystère a enveloppé cette affaire qui pouvait écorner l’image de Zahabi.
Avec son retour au pays et surtout sa nomination à la tête du département des affaires étrangères une certitude est désormais établie. Zahabi Ould Sidi Mohamed n’a désormais aucun souci à se faire ni pour son implication dans les évènements de Fafa, encore moins dans d’autres dossiers qui pourront le concerner.
Zahabi, signe son retour par la grande porte.
La Rédaction