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Youssouf Aya et les questions de l’heure « Il faut occuper le terrain, mobiliser les militants avec l’identité du parti Adema. »

La démocratie malienne a pris son envol avec l’Adema PASJ dans les années 1990. Apres avoir donné naissance et tendance à bien de grands partis. Aujourd’hui, ce parti alterne doute et certitude, ambition et opportunisme, bref deux clans regardent dans des directions opposées. Des cadres et élus de ce grand et historique parti rejettent toute idée de s’aligner derrière un candidat autre que celui du parti. L’honorable Youssouf Aya, député élu à Koro, passe en revue la question. Aussi, il évoque les aspects sécuritaires et les supputations d’indemnités au sein de l’hémicycle. 

 

F.D.M : Bonjour Honorable !

Y.A : Bonjour.

Quels sont les enjeux de l’élection présidentielle de 2018 et de la candidature de l’Adema ?

Merci beaucoup. Par rapport aux enjeux de 2018, avant de parler de l’élection proprement dite, je parlerai de ce qui nous attend en 2018. Les inquiétudes que j’ai parce que nous venons d’une crise très profonde et aujourd’hui, aucun enjeu n’est à négliger. Quand on prend la question sécuritaire au nord, de 2012 à aujourd’hui, elle se transporte au centre. Il y a de quoi s’inquiéter. Nous parlons des élections, des présidentielles,  mais au Mali, il faut que les uns et les autres acceptent de mettre de l’eau dans leur vin parce que ces élections se présentent comme les élections de tous les dangers. Quand on voit la grogne sociale telle qu’elle est affichée et puis, au niveau de la majorité, je vais parler de la majorité présidentielle, parce que moi, mon parti est de cette majorité-là. Quand on voit des gens par-ci, par-là, qui partent dans tous les sens et que des positions sont à clarifier par-ci par-là conformément à ce le PM avait dit. Mon parti a pris une position qui est de présenter un candidat à l’interne pour 2018.

Donc vous allez quitter la majorité ?

Avant de parler de quitter la majorité, je vais d’abord  insister sur la teneur et l’exactitude, en tant que parti, de cette décision. Je félicite le comité exécutif, je suis très content. Un parti, c’est un corps politique, c’est les hommes qui l’animent, qui le défendent, c’est des militants qui le soutiennent, mais il faut le prendre comme parti.

Aujourd’hui, à l’Adema, si on a un organe qui peut prendre toutes les décisions, au nom des militants, au nom du parti, c’est le comité exécutif, et il a décidé en toute souveraineté de présenter un candidat à l’interne, donc les militants en toute discipline doivent suivre cette logique.

A quel débat nous assistons aujourd’hui ? Les gens parlent de l’accompagnement de 2013 à aujourd’hui, et prendre cela comme si cela doit interdire ou obliger le parti à soutenir le camp du parti au pouvoir. Nous sommes un parti, ceux-là qui se disent prêts pour 2018 sont aussi dans un parti. Le candidat dont on parle est dans un parti, il est militant, au-delà d’être président de la République, il est militant. Moi, je défends d’abord en tant que militant, les intérêts de mon parti avant les intérêts d’un autre parti.

Au niveau de la majorité présidentielle, nous sommes beaucoup de partis.  Quand mon parti prend une décision, je m’aligne derrière cette décision-là et cherche à concrétiser cette décision. Je me soucie d’abord de mon parti.

On crée un parti pour la conquête du pouvoir, est-ce que l’Adema n’a pas tardé à se décider ?

On avait parlé de cette question. Moi, depuis fort longtemps, je disais à qui voulait l’entendre de nous sommes dans un faux débat au niveau de l’Adema. La question de Ouiou Non il faut présenter un candidat est un faux débat pour moi.  Ca nous montre comment ce parti est tombé bas. Je ne comprends pas que dans un parti comme l’Adema que cela puisse devenir indécis. Pour moi, la question est tranchée depuis longtemps. Nous sommes dans la sphère politique, nous connaissons nos amis, nous connaissons nos alliés, il n’est jamais trop tard au moment venu, de se retrouver en tant que coalition et de travailler ensemble. Mais en ce moment, il faut occuper le terrain, mobiliser les militants avec l’identité du parti.

Est-ce choix de candidat ne va pas faire sortir les ministres Adema du gouvernement ? Et parmi les potentiels candidats, le nom de Dioncounda Traoré est cité, quel est votre avis ?

Nous avons des camarades qui sont au gouvernement, est-ce que cette décision ne va pas faire en  sorte qu’ils quittent le gouvernement ? Non, ce n’est pas évident. Nous ne sommes pas collés à un poste de ministre. Moi je suis aujourd’hui député, il y a des maires Adema et beaucoup d’autres postes. Ils sont ministres parce qu’à un moment donné, le Président de la République leur a fait confiance et cette confiance existe encore. Ce n’est pas au parti de se plier aux vœux des personnes, c’est aux militants de le faire pour le corps politique qu’on respecte.

Qu’est-ce que vous pensez de cette insécurité qui pourrait même mettre en cause la présidentielle?

L’insécurité aujourd’hui, moi, je la vis chez moi. Elle a commencé au nord depuis avant 2012, mais elle est venue au centre en changeant de forme et de nature. Au nord, c’était les rebelles, le Mujao, Ancardine. Au centre, ce n’est rien de tout cas, on parle de terroristes. Personne ne sait qui est terroriste, qui ne l’est pas. C’est pour un peu monter la complexité du sujet au-delà de ce que vivent les populations au niveau de ces localités. Au nord, ça va mieux aujourd’hui qu’au centre. Ca fait plus d’une année que je ne peux pas mettre pieds dans mon village natal. Ce n’est pas que je ne veux pas y aller. J’ai une responsabilité, je mesure la charge. Hier soir seulement, il y a eu un accrochage entre les djihadistes et la population à Koro. Les mesures prises pour la sécurité sont insuffisantes en ce moment-là. La population se sent de plus en plus laissée pour compte, ça c’est très dangereux pour la vie d’un Etat.

Récemment le Premier Ministre a donné un message très fort en réponse à cette insécurité, comment voyez-vous ? C’est une promesse lancée en l’air ou bien vous croyez que ça suivra ?

Il a donné un message fort qui reste toujours un message politique pour exprimer une volonté. Mais nous de la localité, les populations attendent que ces déclarations soient suivies d’actes concrets. Qu’on sente que la déclaration du PM se traduise en acte et que la sécurité soit améliorée. Tant que cela n’est pas fait, ça reste une déclaration.

En tant qu’élu, vous disposez de moyens pour contraindre le gouvernement à prendre des mesures idoines, notamment l’article 90 du règlement intérieur de l’assemblée nationale ?

L’assemblée interpelle, mais elle ne peut pas obliger.

Il peut y avoir des résolutions ?

Oui, même tout récemment, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, l’assemblée s’est réunie à huis clos et a pris une résolution. L’exécutif aussi doit faire son travail. Quand la situation se présente de telle sorte que la mise en œuvre devient difficile parce que l’ennemi n’est pas connu. Il faut l’union des forces pour arriver à sauver le Mali. Compter sur un gouvernement, sur un homme pour arriver à ce fléau, on se leurre.

Selon des informations que nous détenons, il y aurait un scandale financier à l’assemblée. Les indemnités des députés sont arrêtées depuis quelques mois, qu’est-ce que vous en pensez ?

Bon, vous avez parlé de scandale, je ne parlerais pas de scandale. Je ne connais pas ce scandale dont vous parlez. Ce qui est vrai, c’est le retard dont vous avez parlé. C’est vrai, le retard est réel, je suis concerné. Quand je ne touche pas l’argent que je dois toucher, je le constate. C’est des hommes qui gèrent, je ne suis pas financier, en tout cas le retard est réel.

Votre mot de la fin ?

C’est de vous remercier pour c que vous faites pour le pays à travers vos organes de presse. C’est très important de venir recenser les impressions des uns et des autres et d’informer à votre tour l’opinion de ce qui se passe. Il y a beaucoup de personnes qui sont chez elles et sans vous, elles ne sauraient pas ce qui se passe au Mali.

Interview réalisée par Éric Mody Koïté

Figaro Mali

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