Dans l’univers bouillonnant du rap malien, un nom s’impose souvent au cœur des polémiques : Wizy Wozo, de son vrai nom Modibo Koné, jeune artiste de 24 ans. Entre punchlines virales et vidéos provocatrices, celui qui se revendique comme un « porte-voix de la rue » vient de franchir une nouvelle ligne rouge : il a été placé sous mandat de dépôt, le 16 avril 2025, par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité.

Bamada.net-Cette décision intervient à la suite d’une plainte déposée par un autre rappeur malien, Yacou B OG, visiblement excédé par certaines publications jugées offensantes. Le clash est donc sorti des studios et des plateformes pour atterrir devant les tribunaux. Le procès est attendu pour le 16 juin prochain.

Une trajectoire artistique sur fond de tumulte

Wizy Wozo, c’est l’histoire d’un jeune homme issu des quartiers populaires de Bamako, propulsé sur le devant de la scène grâce aux réseaux sociaux. Son franc-parler, son style provocateur, sa vision crue de la société malienne : tout cela lui a valu autant d’admirateurs que de détracteurs.

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Mais cette fulgurance s’est toujours accompagnée de controverses récurrentes. En août 2021, il avait déjà connu une incarcération après la diffusion d’un morceau considéré comme une apologie du viol. Une affaire qui avait à l’époque suscité l’indignation générale, notamment au sein des organisations de défense des droits humains.

Aujourd’hui encore, beaucoup pointent du doigt ses contenus, qui flirtent souvent avec les limites du respect de la dignité humaine, de la pudeur, voire de la loi.

Rivalité artistique ou guerre d’image ?

Le différend avec Yacou B OG ne semble pas se résumer à une simple querelle musicale. D’après des témoignages recoupés, il s’agirait d’une série de publications numériques, dans lesquelles des insultes, des insinuations et des provocations directes auraient été proférées.

Le Pôle judiciaire, spécialisé dans les crimes liés aux technologies numériques, n’a pas tardé à réagir. Cette institution, relativement récente, joue désormais un rôle clé dans la régulation des comportements sur internet. Avec cette interpellation, un message clair est envoyé : même derrière un écran, les paroles ont des conséquences.

Un débat de fond sur l’éthique dans la culture urbaine

La scène hip-hop malienne, en pleine effervescence, est aussi devenue le théâtre de nouvelles tensions entre liberté d’expression, responsabilité sociale et légalité. Dans un pays où les jeunes représentent la majorité de la population, le rôle des artistes est capital : ils façonnent les imaginaires, influencent les comportements, imposent parfois des normes.

Mais que se passe-t-il quand ces figures publiques deviennent des agents de division, de violence ou de dérive morale ? C’est là toute la complexité du cas Wizy Wozo. Derrière son allure rebelle et son verbe tranchant, c’est tout un modèle culturel qui interroge.

Cybercriminalité, justice et société : le triptyque du Mali Koura

L’arrestation de Wizy Wozo n’est pas un fait divers anodin. Elle s’inscrit dans un contexte où l’État malien renforce sa lutte contre la cybercriminalité sous toutes ses formes : arnaques en ligne, manipulation de l’information, et désormais, violence verbale sur les plateformes sociales.

Ce dossier met en lumière les mutations de la justice malienne, qui doit s’adapter aux nouveaux canaux de communication et aux défis d’un monde numérique globalisé. Le Mali Koura, en quête d’équilibre entre ouverture culturelle et valeurs traditionnelles, ne peut pas ignorer ce qui se passe dans l’espace virtuel, devenu une véritable arène sociale.

Et maintenant ?

En attendant l’audience prévue pour juin, Wizy Wozo reste en détention. Ses soutiens, nombreux, dénoncent une atteinte à la liberté artistique. Ses opposants y voient au contraire une remise à l’ordre salutaire, pour un secteur culturel qui peine parfois à trouver ses repères éthiques.

Quoi qu’il advienne, une chose est certaine : cette affaire marque un tournant. Elle appelle à une réflexion profonde sur les valeurs que nous voulons transmettre aux générations futures à travers la musique, les réseaux sociaux, et l’espace public en général.

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Fatoumata Bintou Y

Source: Bamada.net