Les partenaires russes de nos FAMa dans la lutte contre le terrorisme, le groupe paramilitaire russe Wagner a annoncé, ce vendredi 6 juin 2025, au moment où le pays célébrait l’Aïd-el-Kébir, son départ de notre pays dans un contexte de regain d’offensive des groupes terroristes, notamment ceux du JNIM et l’EISG. C’est loin d’être la fin de la coopération militaire opérationnelle avec l’allié russe. Au contraire, les contingents Wagner seront réintégrés au sein de son successeur, l’Africa Corps, un corps d’élite sous le contrôle du ministère de la Défense russe, selon plusieurs sources.
Mission accomplie…
Selon le message publié vendredi sur une chaîne Telegram affiliée au groupe, les partenaires des FAMa se félicitent pour la bonne coopération et de l’issue heureuse de leur mission :
« Les membres du Groupe Wagner ont lutté aux côtés du peuple malien contre le terrorisme. Nous avons détruit des milliers de militants et leurs commandants qui terrorisaient la population civile depuis des années. Nous avons aidé les patriotes locaux à créer une armée forte et disciplinée, capable de défendre leur pays. Et nous avons accompli la tâche principale : toutes les capitales régionales sont revenues sous le contrôle des autorités légitimes. Mission accomplie. Le PMC Wagner rentre chez lui ».
Selon certaines indiscrétions, l’essentiel du personnel de Wagner et originaire de Russie sera réintégré au sein de Africa Corps et maintenu dans les chefs-lieux des régions du nord et à Bamako.
Le discours officiel sur le sujet est très cohérent : en tant que pays souverain, nous sommes maîtres de nos choix et de nos partenariats stratégiques, notamment en matière de défense.
Aussi, le Mali souverain n’a pas à justifier le choix de son partenaire russe. Les partenaires et instructeurs russes sont là à la demande expresse de notre pays et ils répondent efficacement répond efficacement à nos besoins stratégiques.
«Les succès militaires que nous avons obtenus au cours des deux dernières années dépassent tout ce qui a été fait au cours des décennies passées. Nos armées sont la fierté de toute la nation», a dit le chef suprême de l’armée malienne, le général Assimi Goïta.
Qu’on les appelle mercenaires, comme ça leur chante. Pour le Mali, ce sont des instructeurs et des partenaires, efficaces et fiables, dans la lutte contre le terrorisme.
Le groupe russe, lui-même, a officiellement confirmé son déploiement au Mali en avril 2023. Selon le journal Le Monde, citant des sources diplomatiques européennes et américaines, 1 600 éléments du groupe Wagner seraient présents au Mali en mai 2023.
La mission continue
L’Africa Corps est une force militaire russe structurée, avec environ 1 500 à 2 000 combattants déployés dans notre pays et des effectifs similaires en Centrafrique. Ils sont équipés de matériel lourd (hélicoptères, artillerie, drones) et opèrent comme une extension de l’armée russe, avec un accès direct aux ressources du ministère de la Défense. Cette unité d’élite a été créée pour absorber et restructurer les opérations de Wagner en Afrique.
Environ, la moitié des membres de l’Africa Corps sont d’anciens combattants de Wagner, recrutés pour leur expérience dans des conflits comme ceux en Ukraine, en Libye, en Syrie ou au Mali.
L’autre moitié inclut des vétérans russes ayant servi en Ukraine, ainsi que des recrues avec des spécialités variées (opérateurs de chars, d’artillerie, de drones, de systèmes antiaériens, etc.).
Les commandants de l’Africa Corps sont souvent des officiers russes ayant une expérience dans des conflits de haute intensité (Ukraine, Syrie). Ils sont décrits comme «compétents» dans leurs campagnes de recrutement, suggérant un haut niveau de professionnalisme. Des figures comme le général Andrei Averyanov, soupçonné de diriger une unité du GRU (renseignement militaire russe) et supervisant les opérations africaines, jouent un rôle stratégique.
Pas de surprise
Après trois ans et demi de déploiement et la dissolution de PC Wagner suite au décès de son fondateur, l’annonce de la fête de Tabaski n’est vraiment pas une surprise pour qui suit les questions sécuritaires.
Selon de bonnes sources, les autorités de transition et la Russie travaillent depuis des mois pour remplacer les éléments de Wagner par des soldats du Corps africain du ministère russe de la Défense.
La fin de la mission de Wagner au Mali était prévue en avril dernier, mais a été reportée en raison des procédures de remplacement de son personnel en première ligne avec le Corps africain.
La formation du Corps militaire africain russe a été annoncée au début de l’année dernière pour remplacer le groupe Wagner, et ses membres ont déjà été déployés dans certains pays africains, notamment chez nous, au Niger, au Burkina Faso et en République centrafricaine.
Cartographie de Africa Corps
Selon les observateurs militaires, la coopération militaire entre notre pays et la Russie reste très excellente. Notre partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme continue de renforcer son dispositif militaire dans notre pays en agrandissant considérablement les bases militaires dont il dispose déjà.
Des images satellites sont apparues en sources ouvertes montrant des changements significatifs sur la base militaire russe de Bamako près de l’aéroport Modibo Keïta.
Entre le 5 décembre 2024 et le 24 janvier 2025 : de nouvelles routes sont apparues autour de la base, des mouvements d’équipements militaires sont observés, le pavage autour du bâtiment principal de la base et l’achèvement des travaux de couverture, ainsi que les travaux d’excavation sur le côté de la base bien d’autres changements sur les bâtiments et les structures à l’intérieur de celle-ci.
Début février 2025, les forces du Corps africain du ministère russe de la Défense ont commencé à déployer leurs unités dans notre pays avec l’arrivée d’un important convoi d’équipements militaires russes en provenance de Conakry, convoi aperçu dans les rues de Bamako.
Contrairement au narratif des persifleurs, Wagner et Africa Corps ne sont déployés que dans notre seul pays, le Mali.
Au Niger, depuis le départ de la France et des Etats-Unis, la présence militaire russe s’est matérialisée par l’arrivée de l’Africa Corps qui a déployé pour la première fois du personnel en avril 2024, avec un contingent de 100 personnes censées servir d’instructeurs à l’armée nigérienne. Ce déploiement très médiatisé a coïncidé avec le retrait des troupes américaines.
Pour ce qui est du Burkina-Faso, malgré des échanges diplomatiques ininterrompus entre Moscou et Ouaga, la coopération bilatérale n’a pas atteint le niveau stratégique de notre pays.
Toutefois, on note une présence de l’Africa Corps au Burkina Faso en janvier 2024 avec un contingent de 100 spécialistes militaires chargés d’assurer la protection du président TRAORÉ, de former les forces armées burkinabè et de participer à la lutte contre le terrorisme. Le Faso est resté hermétique à un déploiement massif comme a pu le faire, Wagner, au Mali.
En dehors de l’espace AES, environ 200 instructeurs russes sont discrètement arrivés à Malabo (Guinée équatoriale) à l’automne 2024. Ces soldats qui font partie de l’Africa Corps, la structure militaire qui a repris les opérations africaines de Wagner, forment des gardes d’élite équato-guinéens.
Idem pour la Centrafrique et le Soudan. Après des années de négociations et d’attente, Moscou semble pouvoir atteindre son objectif stratégique de créer une base navale militaire sur le territoire du Soudan, afin de contrôler l’accès à la mer Rouge. C’est ce qu’a annoncé le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef Al-Sharif, lors de sa visite à Moscou.
Le nouveau
tournant
La chaîne « Africa Corps » a publié des images de deux Mi-24 en action dans la zone de Boulkessi, une base militaire des FAMa qui avait été attaquée le 1ᵉʳ juin. Quelques heures après l’attaque, des hélicoptères et des drones ont été envoyés dans les airs, détruisant toutes les cachettes des terroristes dans la région.
Autres opérations de Africa Corps dans l’ouest du pays : des avions Su-24 de la Légion africaine ont mené des frappes à 20 kilomètres au nord du village de Sandaré, détruisant deux bases terroristes.
Deux autres repères terroristes ont également été détruits à l’ouest du village de Didiéni. Un autre camp a été complètement incendié à 40 kilomètres du village d’Ouro.
Avec l’entrée en guerre d’Africa Corps, c’est un nouveau tournant dans la guerre contre le terrorisme dans notre pays et dans l’espace AES. Depuis, les terroristes sont sous le choc, car ils n’étaient pas habitués à voir un avion de combat sophistiqué comme le Su-24 venir les bombarder. Ils étaient habitués à voir des motos et des véhicules.
Désormais, la guerre contre le terrorisme se fait avec des armes modernes telles que des chars et des avions armés comme le Su-24.
Enseignement géostratégique à tirer pour les Africains francisés : russes au moins, mercenaires ou instructeurs, partent sans tambours ni trompette ; alors pourquoi quand on demande à Bina Djan de partir, il cherche toujours à remuer ciel et terre et à faire des chicanes ?
Affaire à suivre
PAR SIKOU BAH
