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Vols – viols – braquages – cambriolage – immolation – meurtres – assassinats – enlèvements – abandon d’enfants : Les 1000 visages de l’insécurité à Bamako

L’insécurité à Bamako n’a certes pas encore atteint l’ampleur de certaines métropoles africaines ou occidentales comme Abidjan, Accra, Lagos, Johannesburg, Pretoria, Luanda, Marseille et Chicago. Mais, le taux de criminalité dans la capitale malienne croît à un tel rythme que la ville des 3 caïmans peut être classée parmi les Cités les plus criminogènes de l’heure. Toutes les formes possibles d’insécurité et de crimes y passent, des simples braquages aux meurtres et assassinats, en passant par les cambriolages, les viols, les vols, les lynchages et immolations, les abandons d’enfants, les infanticides, les enlèvements et kidnappings, les embuscades, les fusillades, les noyades, accidents et incendies, etc.embouteillage-circulation-ville-bamako-monument-paix

Face à ce sombre tableau, les autorités en charge de la sécurité des populations restent inertes ; elles semblent, à la limite, indifférentes. Le ministre de la sécurité et de la protection civile « dort sur ses lauriers », peut-être jusqu’au jour où le phénomène frappera un des siens, parent ou proche. Jamais l’insécurité n’a été aussi grandissante que depuis l’arrivée du général Salif Traoré à la tête du département en charge de la sécurité.

Bamako est assimilée de nos jours au Far west américain. Maintenant plus qu’auparavant, le danger plane partout et la mort barbare peut frapper à tout moment. Il suffit de revivre quelques cas illustratifs récents pour réaliser à tel point la vie se lit en pointillés dans la capitale malienne.

Braquage à main armée : Le vendredi 14 octobre 2016, la boutique « Simparala » (un établissement commercial qui évolue dans la vente de produits divers depuis plus de 20 ans) est attaquée et plusieurs millions et objets de valeur emportés par les braqueurs. C’est vers 21 h 30 ce soir-là que des hommes lourdement armés attaquent cette boutique de commerce général située en commune I du District de Bamako.

Un témoin oculaire décrit le « film » : « Ils sont venus à bord de deux véhicules Toyota Corolla dit Drogba qu’ils ont garés à quelques dizaines de mètres. Deux d’entre eux armés de pistolets automatiques, ont tiré quelques coups en l’air et sont entrés dans la boutique. Les six autres armés de kalachnikov sont restés dans les environnants pour prendre garde.

Quand les deux assaillants ont fait irruption dans la boutique, ils ont demandé à tout le monde de se mettre à terre: ‘’Mettez-vous à terre, sinon on vous tue”, ont-ils dit avec un accent très anglophone. Employés et clients de la boutique ont tous obéit sans résistance. C’est alors que l’un s’est dirigé vers le gérant principal tandis que l’autre avait déjà fouillé les autres employés et les clients à terre ». Parmi les clients dépouillés lors du braquage figure une gendarme, habillée en civil, venue faire ses emplettes.

Ce sont, en tout, neuf employés et une dizaine de clients qui ont été ainsi dépouillés de téléphones de marque, d’importantes sommes d’argent. Au comptoir principal de la boutique, c’est la recette de deux jours qui a été emportée. Plusieurs millions de FCFA.

Après leur acte, les assaillants, ont braqué un automobiliste, mis à plat ventre, avant de s’enfuir avec son véhicule fond bleu gouvernemental. Venus à bord deux véhicules, les bandits sont repartis avec trois.

La police est arrivée 15 minutes après. Médecin après la mort !

Enlèvement-kidnapping : Depuis le samedi 1er octobre dernier, deux enfants d’Ousmane Ag Mohamedoune, secrétaire général de la CPA, un mouvement de l’ex-rébellion touarègue ont été enlevés à Boulkassoumbougou, en commune I du District de Bamako. Les gamins sont toujours aux mains de leurs ravisseurs qui exigent le payement d’une rançon de 8 millions de FCFA.

Selon des sources proches du dossier, les deux enfants âgés entre 6 et 8 ans ont été enlevés aux environs de 15 heures alors qu’ils jouaient avec leurs camarades. Depuis ce triste évènement, leurs parents ont quitté Boulkassoumbougou.

Une source révèle que la famille a payé la somme de 150 000 FCFA aux ravisseurs pour nourrir les enfants, qui auraient échangé au téléphone avec leur père.

Comment les ravisseurs ont-ils pu retirer l’argent au nez et à la barbe de la police, lancée à leurs trousses. La famille des gosses enlevés serait allée plus loin en versant une partie de la rançon.

Meurtre-assassinat : Dans la nuit du 9 au 10 août, Aminata Kinta dite Maman est victime de la barbarie humaine. Vers 3 heures du matin, elle emprunte un taxi et regagne son domicile familial à Sirakoro Méguetan, en commune VI du District de Bamako. Arrivée à destination, le taxi fait demi-tour. Maman sort son téléphone et sonne sa sœur pour venir ouvrir la porte. Au moment, le bruit d’une moto Djakarta résonne, et un coup de feu retentit précédé d’un grand hurlement de Mama.

Sa sœur qui descendait de l’étage accourt, ouvre le battant et découvre Maman agonisant dans une marre de sang. Sa fille de 10 ans, sa mère, les autres membres de la famille et les voisins viennent constater l’horreur.

Le sac de la victime, son téléphone et un sandwich (certainement pour sa fille) n’ont pas été touché par le meurtrier, sans doute envoyé en mission commandée. Il attendait la victime au coin de la rue. Aminata Kinta a été inhumée le 11 août au cimetière de Sirakoro Méguetan

Jusque-là, l’enquête (confiée au commissariat du 13è arrondissement et à la gendarmerie de Faladié) piétine, malgré les témoignages des membres de la famille et son téléphone.

Brulé vif : A la veille de son départ pour ses études au Canada, Mohamed Sylla a été brulé vif pour vol de moto. Pathétique !

Le samedi 13 août 2016, la population de Fombabougou a assisté à une scène douloureuse : un jeune homme du nom de Mohamed Sylla, âgé d’à peine 18 ans, a été brûlé vif pour vol de moto par la foule.

Brillant étudiant, Mohamed était un exemple parfait, respecté de tous. Ayant obtenu des très bonnes notes, le nouveau bachelier devait s’envoler le mardi 16 août pour le Canada pour poursuivre ses études supérieures.

Mais, le destin en décide autrement à 72 heures de ce départ. Aux environs des 17 heures, Mohamed sort de la famille, sise à Boulkassoumbougou Kouloubléni, accompagné de ses amis comme le font tous les jeunes de son âge. Ils avaient un projet de vol de moto qu’ils tentent de mettre à exécution vers 19 heures.

Repérés par une foule en colère, les autres parviennent à s’échapper, mais Mohamed tomba  est intercepté par les jeunes, très remontés contre les voleurs de motos. Ils l’abattent avec tout ce qui leur tomba sous la main, lui versent de l’essence sur le corps et allument le feu. Mohamed Sylla est immolé vif. Son père identifie le corps à travers une bague qu’il lui avait offert.

Fusillade : Un policier du 3e arrondissement a été tué dans un échange de tir. Les faits se sont produits le jeudi 21 avril 2016, dans un quartier de la commune II.

Le Sergent Amadou Sanogo (promotion 2007), précédemment en service à la Brigade des Recherches du 3ème Arrondissement de Bamako, est tombé lors d’échanges de tirs nourris avec des bandits armés qui attaquaient un bar restaurant.

Ces quelques exemples, parmi de milliers d’autres,  montrent les multiples visages de la criminalité à Bamako.

C’est dire qu’aujourd’hui, la vie des habitants de Bamako ou des personnes de passage dans la capitale est suspendue à un fil qui peut céder à tout moment, à toute heure, au détour d’une quelconque circonstance, d’une clameur publique, dans les secrets de la nuit, au coin d’une rue, dans les rayons d’un supermarché ou d’une boutique, au son des décibels d’une boite de nuit, dans les manifestations publiques, jusque dans les domiciles. Partout le mal et l’horreur rodent.

Présentement, dans certains quartiers de la capitale, l’insécurité est telle qu’à partir de 18 heures, plus personne n’ose  s’y aventurer, à moto, même en voiture ou à pied.

Les viols des jeunes filles sans défense se multiplient, accentuant la débauche, encourageant les avortements clandestins et multipliant la transmission des MST.

De jour comme de nuit, des vols et attaques à mains armées s’exécutent sous la houlette de bandits sans scrupules.

Des coups de feu en plein jour se font de plus en plus entendre dans nos quartiers et au centre-ville. Les exemples sont légion.

Dans la capitale malienne et ses environs, au vu et au su de tout le monde, le braquage est devenu monnaie courant. Tout comme les cas d’abandon d’enfants qui n’émeuvent plus personne.

Chaque jour, pour le grand malheur de tous, nous assistons à des assassinats barbares et à des lynchages de voleurs. La capitale Bamako est devenue aujourd’hui une ville carrément insécurisée. Une ville où les bandits sont dotés d’armes de tous genres, y compris des armes de guerre. Il n’y a aucune échappatoire. Quelle que soit la précaution que vous prenez, il n’y a que Dieu qui peut vous sauver.

La faute ? A des autorités en charge de la sécurité incompétentes et en panne d’idées et d’inspiration.

Malgré le taux de criminalité galopant, les dispositifs sécuritaires sont inexistants. De 18 heures à l’appel du muezzin à l’aube, à peine on croise un véhicule de patrouille dans les rues de capitale. Un commissariat de police, avec une équipe restreinte de quatre personnes, tout au plus, est tenu de veiller sur la sécurité des habitants d’une dizaine ou au moins cinq quartiers, tous les jours. Pour quel résultat ? Rien.

Si les patrouilles devaient se mener quotidiennement pour la sécurité du peuple, les moyens matériels et financiers feraient défaut. Quel est alors l’intérêt de créer des forces de sécurité dépourvues de tout moyen d’assurer leur mission régalienne? Aucun.

Il est incompréhensible d’admettre que malgré le nombre considérable de policiers aujourd’hui, la criminalité galope à Bamako.

Non seulement, les forces de sécurité ne préviennent pas les crimes, mais ceux-ci ne sont jamais élucidés. Que deviennent les supposées enquêtes ouvertes suite à ces crimes ?

Sur 100 affaires, celles qui aboutissent se comptent sur le bout des doigts.

Sous d’autres cieux, le ministre en charge de la sécurité aurait rendu le tablier. Mais, le général Salif Traoré ne le fera sans doute pas. Pourtant, son ère est parmi les plus meurtrières que la Bamako ait connues.

Issa B Dembélé

Source: L’Aube

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