Air France peut compter sur le soutien des pouvoirs publics. “Nous voulons à tout prix préserver la compagnie aérienne qui est un fleuron industriel français“, annonçait le ministre français des Finances, Bruno le Maire, dès le 8 avril, s’alignant sur une norme mondiale. L’Amérique a débloqué 50 milliards de dollars pour sauver ses compagnies aériennes.
Les premiers vols à destination du continent quitteront l’aéroport Charles De Gaulle de Paris le 3 juin, et celui à destination de Nouakchott le 15 du même mois, avec une fréquence de deux vols par semaine et constituent une escale pour la destination de Conakry. Sans oublier les autres capitales comme Dakar, Abidjan, Cotonou.
Le président sénégalais Macky Sall est très remonté contre la compagnie aérienne Air France. Cette dernière a annoncé une reprise, à partir du 16 juin 2020, de la desserte Paris-Dakar, sans l’avoir informé au préalable. En conseil des ministres, du mercredi 20 mai dernier, le chef de l’État a critiqué cette décision d’Air France, laquelle selon lui dénote de “l’attitude condescendante” de France à l’égard des pays africains qu’elle considère toujours comme ses colonies.
“Le jour où nous déciderons de l’ouverture des frontières, nous utiliserons les mêmes procédés que lors de la prise de décision de la fermeture”, aurait expliqué Macky Sall.
Même si officiellement, la reprise vise Dakar et Cotonou. Mais les barrières contre Air France se multiplient sur le continent. Selon nos confrères du magazine Jeune Afrique, comme d’autres acteurs, Air France n’échappe pas non plus à l’épidémie de rumeurs et fake news, qui pullulent particulièrement en ces temps de crise du coronavirus. C’est ainsi que la compagnie, qui n’exploite actuellement que 5 % de ses capacités totales, a dû faire le 13 mai une mise au point sur la reprise de ses vols sur le continent. Alors qu’un programme précis n’émanant pas de ses services circulait abondamment sur les réseaux sociaux, et indiquait par exemple un Cotonou-Abidjan-Paris les 3 et 11 juin, deux Paris-Nouakchott-Conakry, et un Paris-Yaoundé-Douala-Paris par semaine à partir du 15 juin…
« Les opérations de rapatriement touchent désormais à leur fin dans la plupart des régions. (…) À ce jour, et pour les mois de mai et juin, sur le réseau Afrique, seules les destinations de Dakar et Cotonou restent ouvertes à la vente avec deux vols par semaine sur Dakar les mardis et dimanches et un vol par semaine sur Cotonou les mercredis », affirme le communiqué d’Air France.
Aurait-elle obtenu l’assurance ou la garantie des autorités des pays concernés ? Il est donc à priori légitime de se demander si, face à la pandémie du Covid 19, nos pays respectifs remplissent les conditions pour rouvrir ses frontières d’ici un mois? La décision ne serait-elle pas tout simplement politique, diplomatique ou alors le résultat d’une volonté motivée par un avis des autorités sanitaires?
Cette faveur concernera-t-elle seulement Air-France, et auquel cas s’applique-t-il le principe de réciprocité c’est-à-dire est ce que l’espace français ouvre t-il aux Africains? Ou également toutes les compagnies du continent sont-elles concernées par cet avantage, à savoir RoyaL-Air- Maroc, Air-Algérie, Air-Sénégal, Air Côte d’Ivoire, Ethiopian Airlines entre autres?
Si oui, cela supposerait l’ouverture des frontières au monde entier, du moins celles aériennes. Quelles sont donc les questions que doivent se poser les citoyens des pays concernés qui sont avant tous et en première ligne exposée aux risques. A notre avis, le maintien fermé des frontières entre l’Afrique et la France est plus bénéfique pour nous, eu égard à l’optique de précaution contre la pandémie, sauf au contraire si nos Etats privilégient l’intérêt économique de la France au détriment de leur population qu’elle exposerait au risque du Covid 19.
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamakonews