Le constat de la disparition de 33 pistolets mitrailleurs au Commissariat de Police de Mopti a été fait, il y a quelques jours. Du coup, une enquête est ouverte par l’Inspection de la Police Nationale.
Cette disparition d’armes de guerre intervient après celle constatée à la Garde Nationale, au Camp Soudjanta de Kati et à la Direction du Commissariat des Armées.
Au Commissariat de Mopti, des têtes vont tomber. Des armes de guerre mises à la disposition de la police de la Venise malienne ont été dérobées du magasin d’armes du Commissariat. Selon un communiqué de la Direction Générale de la Police, le Régisseur Lassana Keita a disparu et serait activement recherché. Mais contrairement aux allégations tenues dans ce communiqué, c’est seulement le vendredi dernier que l’Inspection de la Police Nationale s’est saisie du dossier en appelant à Bamako le Commissaire sortant de Mopti, Ousmane Sow pour les besoins de l’enquête. Tout porte à croire que le régisseur a bénéficié d’une complicité dans les rangs de ses supérieurs pour dérober ces armes. Sinon, comment comprendre que 33 armes de guerre disparaissent frauduleusement du magasin du Commissariat depuis des mois, sans éveiller le moindre soupçon de la hiérarchie ?
Le ver est dans le fruit
Selon des sources, une partie de ces armes dérobées au Commissariat de Mopti se seraient retrouvées, contre espèces sonnantes et trébuchantes, entre les mains des terroristes qui ont tué 160 civils innocents dans le village d’Ogossagou. Peut-on croire à un réseau de fournisseurs en armes de nos ennemis au sein de nos corps habillés ? Ce qui est sûr, cet acte gravissime dans une situation sécuritaire aussi chaotique de notre pays, ne doit pas être pris à la légère.
On se rend à l’évidence que la hiérarchie policière voudrait étouffer cette affaire, car le Commissaire Ousmane Sow, avait pris fonction à Ségou, sans être inquiété et son remplaçant Fané qui a refusé de signer le PV de passation, a commencé à travailler à Mopti sans aucune base. Ça sent le roussi!
Les maliens souhaitent que toute la lumière soit faite sur ce scandale et que des sanctions sérieuses soient prises par le Ministère de la Sécurité à l’encontre des fautifs. Aucune protection ou du népotisme ne doit prospérer dans un sujet qui touche la sécurité nationale et la sûreté de l’État.
Quels sont les niveaux de complicité et de responsabilité dans ce scandale? Le Commissaire sortant Ousmane Sow, nouvellement affecté à Ségou, a de quoi expliquer aux enquêteurs, car il est le seul à détenir les clés du magasin d’armes avec son régisseur qui a disparu des radars. C’est inacceptable que 33 armes sortent miraculeusement du Commissariat, sans une complicité de haut niveau. Faut-il craindre l’implication du Directeur Régional de la Police de Mopti, le DG ou sa hiérarchie ?
Tout serait passé sous silence si le Commissaire Fané avait cautionné cette haute trahison en signant le PV de passation de service mensonger dressé par son prédécesseur, Ousmane Sow qui serait l’ami intime d’un conseiller haut placé au cabinet du Ministère de la sécurité. C’est dire que le Ministre est trahi par ses hommes de confiance ?
Le Mali est en proie au terrorisme et à des attaques de tous genres. On se demande d’où sortent toutes ces armes de pointes et sophistiquées qui permettent aux ennemis de la paix de mener ces nombreuses tueries en masse. Certainement que le ver est dans le fruit et qu’il y aurait des connexions entre certains agents des forces de l’ordre et les ennemis. Et ce, à des niveaux de hauts gradés. Sinon comment comprendre que les armes achetées avec l’argent des maliens pour leur sécurité puissent se retrouver entre les mains des ennemis pour semer le chaos dans le pays?
Cette affaire doit être prise beaucoup plus au sérieux par les autorités maliennes en charge de la sécurité car ce sont des armes de guerres qui sont désormais dans la nature et le danger peut venir de partout. Le Ministre de la Sécurité, le Gal. Salif Traoré, dont nous ne doutons pas de son engagement et de sa loyauté, doit vite situer les responsabilités, chercher les complicités sous ses pieds et prendre les mesures nécessaires.
Cyrille Coulibaly
Source: Le Nouveau Réveil