Excellence Monsieur le Président de la République du Mali,
L’honneur me revient ce matin au nom de l’ensemble des composantes des Forces Vives du Mali, de présenter à vous, à votre famille, à vos collaborateurs, et à la nation toute entière nos vœux de bonne et heureuse année 2014.
Puisse l’année 2014, être pour vous une année de bonne santé, de bonheur pleine de réussite dans votre exaltante et délicate mission qui consiste à faire du Mali une nation unie et indivisible, stable et prospère et pour la nation malienne, une année de paix, de réconciliation des cœurs, de concorde, de solidarité et de cohésion.
Excellence Monsieur le Président de la République, nous voudrions, au début de notre propos, vous féliciter très sincèrement pour votre brillante élection. La magistrature suprême et qui a été reconnue par tous comme un véritable plébiscite, signe évident que vous avez en vous les valeurs républicaines et démocratiques auxquelles aspirent tous les maliens. Les élections d’Août 2013 qui se sont déroulées dans la paix ; la sérénité et la fraternité légendaire, ont donné la preuve que notre démocratie regagne en maturité et en vitalité. En vous confiant ses destinées de manière très nette, notre peuple attend de vous des actions concrètes et très significatives de votre engagement à servir le Mali d’abord et à assurer aux maliens la quiétude par la libération totale et sécurisée du territoire national.
Excellence Monsieur le Président de la République, de janvier 2013 à nos jours, le Mali a renoué avec :
L’amorce vers la paix avec le début de libération de la partie septentrionale de notre pays par nos forces armées appuyées en cela par les forces alliées sous régionales, régionales et internationales. C’est le lieu de réitérer à votre suite nos félicitations à la solidarité internationale et tout particulièrement aux forces françaises et tchadiennes ;
La légitimité démocratique à travers la tenue des élections présidentielles et législatives réussies qui nous installent désormais dans la légalité constitutionnelle.
Excellence Monsieur le Président de la République, en nous conviant à partager avec vous ces moments sublimes, nous ne pouvons passer sous silence l’Etat d’effondrement dans lequel se trouve notre pays, ce malgré, toutes les alertes et interpellations que nous n’avons jamais cessé de signifier aux Pouvoirs Publics depuis 2007 d’une part et la contribution des forces vives dans la sortie de crise d’autre part.
Excellence Monsieur le Président de la République, la crise institutionnelle a eu pour conséquences immédiates la crise sécuritaire fulgurante dont le pendant a été la crise humanitaire avec tous ses corollaires. En effet, cette crise institutionnelle a mis à nu la fragilité des institutions politiques et républicaines sévèrement éprouvées par la corruption, la délinquance financière et l’impunité.
A cela s’ajoutent, la paupérisation des populations urbaines et rurales et les pertes de repères résultant de l’effritement de nos valeurs sociétales, morales et républicaines ou le respect de l’autre, la considération de l’autre, de l’autorité de l’Etat, l’état de droit n’ont plus cous à plusieurs niveaux de nos couches sociales.
Face à ces tristes constats, nous profitons de cette heureuse circonstance, Excellence Monsieur le Président de la République pour rappeler que la contribution de la Société Civile a été déterminante quant à la sortie de crise pendant la transition politique à travers les actions ci après.
Ainsi, elle a œuvré de jour comme de nuit à :
– La condamnation sans détour du coup d’Etat survenu le 22 mars 2012 en violation des dispositions de la constitution
– Notre appel pressant au retour à la vie constitutionnel normale et nos actions engagées jusqu’au rétablissement de la vie constitutionnelle normale ;
– La préparation des organisations de la Société Civile à participer aux concertations nationales qui étaient annoncées et devant aboutir à l’élaboration de la feuille de route de sortie de crise ;
– La démarche énergique et soutenue de la Société Civile pour l’annulation de ces mêmes concertations au regard des risques certains de déviance par rapport aux dispositions de la constitution de février 1992, épargnant ainsi le Mali d’une nouvelle catastrophe ;
– La contribution de la Société Civile à l’ apaisement et au rétablissement de la quiétude sur l’ensemble du territoire national particulièrement dans les grandes villes et à Bamako face à l’insécurité grandissante. Nous saisissons cette occasion pour saluer la pro activité et la combativité des femmes ;
– La contribution significative à la feuille de route de sortie de crise élaborée par le Gouvernement et adoptée par l’Assemblée Nationale ;
– La contribution et la participation effective et efficiente des forces vives à la réussite de la Conférence des Amis du Mali à Bruxelles, qui s’est soldée par une solidarité internationale unanime et jamais égalée autour du Mali ;
– La contribution significative de la Société Civile à l’amélioration d’un climat social électoral apaisé et réussi à travers la sensibilisation, la mobilisation citoyennes, le suivi de la préparation et l’observation soutenue des élections ; c’est le lieu de saluer toutes les organisations de la Société Civile pour leur engagement et leur combativité (comme le réseau APEM, RPL, CRI 2002, Groupe Pivot Droit et Citoyenneté des femmes etc.) ;
– La mise en chantier de plusieurs initiatives de réconciliation qui vont dans le sens d’un appui au Gouvernement pour l’adoption et la mise en œuvre d’un plan d’action national de réconciliation. Toute chose qui doit nous conduire vers la consolidation de notre tissu social entamé.
Excellence Monsieur le Président de la République, Notre société doit se redresser et cela vous l’avez énoncé dans vos propositions. Nous sommes résolus à vous accompagner sur ces chantiers qui sont ceux de :
– La mise en œuvre d’une politique dynamique de réconciliation nationale ;
– La mise en place d’Institutions fortes et crédibles ;
– La lutte contre la corruption et la délinquance financière ;- La reconstruction du citoyen malien à travers la revalorisation de l’école Malienne qui est au désespoir ;
– La reconstruction d’une économie nationale qui met en valeur les potentialités et ressources nationales d’abord au profit des maliens.
La société civile, pour ce faire, revendique toute sa place en tant qu’acteur principal et bénéficiaire des acquis des politiques publiques positives.
Excellence Monsieur le Président de la République, Permettez nous de partager avec vous ces quelques autres préoccupations relatives aux services sociaux de base :
Par rapport au développement du secteur productif : Nous n’insisterons jamais assez sur la souveraineté et la sécurité alimentaire. Nos soucis majeurs demeurent : la mise en œuvre insuffisante de la loi d’orientation agricole particulièrement la lenteur dans l’adoption d’une politique agricole et foncière qui favorisera l’accélération de la promotion et de la modernisation de l’exploitation Agricole familiale en tant que spécificité de l’économie malienne et comme moyen sûr de la promotion de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Il est également souhaité l’adoption d’une loi de protection des consommateurs au Mali en raison de la mondialisation et de la porosité de nos frontières et tous les risques encourus par nos couches vulnérables en matière de consommation.
Par rapport au renforcement du secteur social et de la Gouvernance, nous n’insisterons jamais assez sur les domaines de l’éducation, la santé, l’eau, l’emploi en général et celui des jeunes en particulier, la justice, la gouvernance en relation avec les questions de paix et de sécurité, la décentralisation et la relation entre administration et usagers.
Excellence Monsieur le Président de la République, l’école reste toujours au centre de nos préoccupations. L’école malienne reste toujours malade, malgré les diagnostics établis à l’issu du Forum sur l’éducation et dont les solutions ne sont pas encore à hauteur des attentes. La gestion actuelle de l’école est en train d’hypothéquer l’avenir de notre pays. Une solution rapide et durable doit être recherchée pour avoir un citoyen bien formé pour le Mali et la sous-région.
Excellence Monsieur le Président de la République,
En ce qui concerne la santé, permettez nous de réitérer nos appels face aux contraintes et difficultés qui persistent dans ce secteur et qui persistent toujours.
Il s’agit de :
– La mortalité maternelle et infantile qui l’une des plus élevées du monde ;
– La malnutrition chronique des enfants et des couches vulnérables
– Le coût élevé des produits pharmaceutiques, des soins et les faux médicaments qui pullulent sur nos marchés dégradant la santé des citoyens.
Face à ces contraintes, nous sollicitons :
L’adoption d’une loi sur la santé Communautaire. Actuellement 1300 Associations de santé Communautaire sont en place et fonctionnelles, toute chose qui renforce notre pyramide sanitaire. Ceci, pour harmoniser les relations entre l’administration sanitaire, les collectivités, les ASACO et les pouvoirs publics.
La mise en œuvre de la politique nationale de développement de la nutrition adoptée en janvier 2013 qui renforcerait considérablement la lutte contre la malnutrition à cause de son caractère multisectoriel. A cet effet, le Mali est le seul membre parmi les 44 pays membres du mouvement mondial de renforcement de la nutrition, dont le portage politique souhaité n’a pas été encore respecté afin que nous bénéficiions de l’appui du fonds que le mouvement a mis en place au niveau mondial.
Excellence Monsieur le Président de la République, en ce qui concerne le domaine de l’eau et l’assainissement, la Société Civile ne comprend pas que le Mali compte encore plus 1655 villages qui ne disposent pas d’eau potable, tandis que d’autres n’en ont que faire. Nous estimons qu’avec un budget de l’ordre de 3% pour ce domaine, il n’est pas possible d’assurer le minimum vital aux autres citoyens.
C’est pourquoi nous suggérons que le Gouvernement envisage en relation avec la Société Civile et le secteur Privé un programme ambitieux dans ce domaine pour rétablir l’équité au droit d’accès à l’eau potable pour tous les maliens.
Excellence Monsieur le Président de la République, en ce qui concerne le secteur de l’emploi, aujourd’hui le douloureux problème que rencontrent les familles maliennes c’est le chômage des jeunes. Certes, la préoccupation a été annoncée par votre projet pour le Mali, mais il demeure une question et un défi pour le développement national car la jeunesse est l’avenir de la nation. Des efforts sont consentis à travers toutes les structures créées à cet effet pour le placement de milliers de jeunes dans les services publics et privés.
Ces initiatives prises sont loin d’apporter une solution de masse durable à cet épineux problème. Or, une meilleure prise en compte de la préoccupation de cette frange de la population est nécessaire pour mettre notre pays à l’abri d’autres troubles sociaux dont nul ne saurait aujourd’hui imaginer l’ampleur. Nous réitérons l’implication véritable et efficiente de la société civile, les collectivités territoriales et les groupements professionnels et surtout du secteur privé dans la mise en œuvre d’une politique spécial d’emploi des jeunes assortie d’un véritable plan d’investissement orienté vers les secteurs porteurs que sont entre autres l’Agriculture, les bâtiments, les Technologies de l’information et de la Communication, l’artisanat etc.
En ce qui concerne la justice qui est une de vos priorités, ce maillon très important de la gouvernance démocratique n’est pas bien perçu par le malien lamda qui trouve que la justice ne lui est pas encore accessible. Nous constatons tous également que les droits humains ne sont pas respectés malgré la charte de bonne conduite adoptée que nous avions salué par les autorités judiciaires en son temps.
La mise en œuvre de cette reforme pourra redonner confiance et espoir au justiciable par une distribution saine et équitable de la justice par les magistrats. Aussi, la Société civile sollicite le renforcement de la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali en conformité aux principes de Paris qui garantit l’indépendance et l’autonomie de la CNDH.
Excellence Monsieur le Président de la République, la réussite du processus de la décentralisation est au centre des préoccupations des citoyens. Des efforts fournis par l’Etat ont permis quelques avancées. Toutefois, les résultats obtenus sont en deçà des attentes des populations. Or, le développement socio-économique du Mali dépend désormais de la réussite du processus de décentralisation.
C’est pourquoi, Excellence Monsieur le Président de la République, la société civile souhaite que votre présent mandat soit également dédié à l’accélération du processus de la décentralisation en repositionnant le portage politique et l’ancrage institutionnel de la reforme de décentralisation à un niveau supra ministériel tout en renforçant le rôle du Haut Conseil des Collectivités dans la promotion de la décentralisation pour plus de cohérence dans les politiques de développement en mettant un accent particulier sur le transfert des ressources aux Collectivités.
Par rapport au domaine des mines, face à certains constats, la société civile du Mali se pose beaucoup de questions, quant aux conditions de cession des permis d’exploitation, la gestion des revenus tirés des mines, la gestion de la question environnementale et aux avantages réels pour le pays. La société civile souhaiterait en relation avec l’Etat que les conditions de cession et d’exploitation des ressources minières soient revues dans le sens de la préservation des intérêts financiers, matériels et environnementaux des populations et du pays.
Aussi, nous sollicitons dans le cadre de la transparence la publication de tous les contrats miniers et pétroliers dans le respect des nouvelles normes de l’initiative pour la transparence des Industries extractives.
Excellence Monsieur le Président de la République, les Forces Vives de la Nation, apprécieraient à sa juste valeur les efforts que votre gouvernement ferait pour une meilleure transparence dans la gestion des biens et des ressources publics et pour la bonne gouvernance économique dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Si l’on ne redouble pas d’efforts en posant des actes forts dans un délai raisonnable, face à la corruption, à l’impunité, à l’injustice, à la mauvaise gestion des affaires publiques, à la violation des droits humains, à l’insécurité et surtout à la précarité grandissante, l’avenir du pays restera incertain et une crise de confiance plus profonde s’installerait entre l’Etat et ses citoyens.
C’est pourquoi nous souhaiterons, le renforcement des dispositifs de contrôle qui existent en la matière et le reconfiguration du Comité de Suivi et d’Evaluation du Plan National d’Actions de mise en œuvre des recommandations issues des Etats Généraux sur la corruption et la délinquance financière en Organe Central indépendant de lutte contre la corruption.
Excellence Monsieur le Président de la République, concernant toujours les problèmes de gouvernance en relation avec les questions de sécurité et de paix, ils continuent à être au centre des préoccupations majeures des forces Vives et la Nation avec les évènements récents, en vous confiant ses destinés de manière très nette, notre peuple attend de vous des actions très concrètes et significatives de votre engagement à servir le Mali d’abord et assurer aux maliens la quiétude à travers la restauration de l’intégrité totale du territoire du Mali.
A ce propos, Excellence Monsieur le Président de la République, nous Forces Vives de la Nation ;
• Constatons avec amertume depuis la libération de Tombouctou et Gao, l’existence d’une zone de non droit échappant au contrôle des Forces de défense et de Sécurité du Mali. Ainsi le règlement rapide de cette question que nous savons épineuse et très complexe nous préservera de la fragilisation de l’Etat et de la défiance des populations.
• Vous, affirmons notre soutien et notre engagement à œuvrer avec vous pour mettre fin à ces maux et calamités. Pour ce faire nous sommes engagées à apporter notre contribution à vos cotés des forces démocratiques pour lutter contre la mauvaise gouvernance en dénonçant et en combattant les cas de corruption, de détournements, réfléchir avec les autorités sur les reformes nécessaires des Institutions en vue de restaurer les bonnes pratiques et valoriser nos codes d’éthiques.
Aussi, nous nous engageons avec détermination en relation avec toutes les forces du pays pour :
• La restauration de nos valeurs sociétales de vivre ensemble en nous réconciliant sur des bases vraies dans le souci de préserver la cohésion sociale ;
• A soutenir toutes politiques sui restaurent l’Etat de droit et qui mettent fin à l’impunité et aux actes attentatoires aux libertés individuelles et collectives et à ;
• Entreprendre toutes actions salvatrices pour l’adoption des mesures qui restaurent la confiance et la sécurité.
En réitérant la confiance de l’ensemble des Forces Vives de la Nation en vous-même et au Gouvernement, nous prions Dieu, qu’il vous donne la force et la santé et la clairvoyance nécessaires d’exercer votre mandat.
Nous prions le Bon Dieu de vous donner la chance de réussir votre mission jusqu’au bout pour un Mali, prospère, apaisé où il fera davantage bon vivre.
Excellence Monsieur le Président de la République, TOUT POUR LE MALI !
Présidence de la République du Mali