Contrairement à la visite du chef de l’État en Mauritanie, celle effectuée par le Président IBK en république sœur d’Algérie, les 19 et 19 janvier, semble déclencher une vague de commentaires tendancieux, souvent désobligeants, et aux motivations abjectes. Qu’en est-il exactement ?
Il n’est un secret pour personne que ce déplacement du chef de l’État à Alger, le week-end dernier, s’inscrivait dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail qui faisait suite à une invitation expresse du Président algérien Abdel Aziz BOUTEFLIKA. Cela s’inscrit non seulement dans une tradition bien établie de dialogue entre nos deux États voisins qui partagent une frontière longue 1 376 Km ; mais également pour le raffermissement de la coopération entre nos pays. L’on comprend aisément que le chef l’État algérien n’a pas hésité à s’afficher devant les caméras à côté de son homologue malien à l’occasion de cette visite de la plus haute importance.
Selon des sources bien informées, cette visite présidentielle ne pouvait que s’inscrire dans l’ordre normal des choses ; notre pays ayant beaucoup de dossiers communs avec l’Algérie et qui ne peuvent positivement évoluer qu’à travers une convergence de vue. Aussi était-ce l’occasion pour les deux parties d’affirmer leur engagement pour la résolution des grands dossiers.
Toutefois, la présence des groupes rebelles à l’Alger, justement au moment où la délégation présidentielle y prenait pied, a rapidement ouvert la porte à toutes les supputations et insinuations les plus folles : l’Algérie reprend en main l’initiative des négociations ; IBK va négocier discrètement avec les rebelles en terre étrangère et tutti quanti.
Au-delà des apparences, la vérité est tout à fait ailleurs, à en croire nos sources. Elles précisent en effet que la présence concomitante des différentes délégations sur le sol algérien n’était qu’une coïncidence à laquelle la partie malienne est tout à fait étrangère.
Ainsi, soutiennent-elles, si la délégation présidentielle y était dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail ; les groupes armés y étaient dans le cadre d’une rencontre « exploratoire » à la reprise des négociations.
Il est donc clair qu’il n’y avait aucun agenda commun aux officiels Maliens et aux groupes armés.
Dans la même veine, rapportent nos sources, il n’y a eu en aucun moment une quelconque rencontre entre la délégation officielle et les groupes armés. Il n’y a pas eu de négociation en Algérie le week-end dernier. Par conséquent, il n’y a aucun risque de remake du scénario cauchemardesque de 2006 avec un Accord alambiqué dont on n’a pas encore fini de gérer les conséquences.
En fait de groupes armés, nos sources se font le devoir de faire remarquer qu’il n’y avait pas en Algérie que la MNLA ou HCUA (dont les noms suffisent à hérisser les cheveux sur la tête des Maliens) ; mais également, les Mouvements patriotiques et groupes d’autodéfense. Une omission bien curieuse qui cache mal une volonté de manipulation de l’opinion nationale qui ne porte pas particulièrement dans son cœur les autres groupes armés qui ont été, pour les besoins de la cause, mis sous les projecteurs.
Par contre, reconnaissent nos sources, il a bien été question de la sécurité au Nord au cours de la rencontre avec les officiels Algériens.
Pouvait-il du reste en être autrement lorsqu’on sait que dossier du Nord se résoudra avec l’Algérie ou ne le sera jamais ?
En la matière, assène-t-on, ce ne sont pas les preuves qui manquent. En plus d’une longue frontière commune ; l’Algérie dispose d’une expérience avérée qui pourrait être de grande utilité dans la résolution de nos problèmes internes qui en réalité ne le sont plus tout à fait. D’où une nécessité de réponse globale dans laquelle l’Algérie devrait jouer un rôle de premier plan.
Autant dire, en toute objectivité, que l’Algérie est beaucoup un atout aujourd’hui qu’un ennemi à frapper d’ostracisme. Cela, quels que soient les récents jugements qui ont pu être portés sur ce pays.
Pour autant, a-t-on affirmé, avec force conviction, la souveraineté du Mali, l’intégrité du territoire national ne seront jamais négociables.
C’est la position défendue à Alger par le Président IBK, tout comme par son ministre des Affaires étrangères, ZAHABY.
Contrairement à ses prédécesseurs, si le chef de l’État accepte les facilitations de dialogue et de paix ; il n’a par contre fait aucun mystère sur le fait que les problèmes maliens se règlent au Mali et par les Maliens d’abord.
Ce qu’il ne faut pas non plus passer sous silence, à l’analyse de tous les commentaires tendancieux, c’est que la revitalisation de la coopération avec l’Algérie dérange et contrarie au plus haut niveau certains desseins machiavéliques par rapport aux Nord. Est-ce par hasard que le MNLA qui s’était gaiement rendu en Algérie s’est brusquement rebiffé ? En échange de combien de francs a-t-il accepté de jouer cet énième rôle de pantin ? En la matière, il n’y a pas de hasard.
En définitive, plus que jamais s’impose la vigilance pour éviter les écueils d’une division de l’opinion nationale face à une préoccupation commune : la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire national.
Par Bertin DAKOUO
Source: Info-Matin