Le voyage d’une délégation de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) aux Etats-Unis a semé l’émoi dans le landerneau politique malien. Les critiques faisaient rage depuis que la nouvelle est tombée. Ce séjour de la CMA au pays de l’oncle Sam, suite à l’invitation de l’ONG américaine “Independent Diplômat” a été au cœur des débats les plus controversés dans les salons feutrés de la capitale des trois caïmans.
Parmi les participants à cette rencontre figuraient, entre autres, le Directeur adjoint des programmes et des études et le Directeur adjoint du Centre Afrique, ainsi que le chercheur senior du Centre Afrique et ancien directeur du contre-terrorisme pour l’Afrique, au Bureau du Secrétaire à la Défense, le Lieutenant-colonel Rudolph Atallah, un retraité de la Force aérienne des Etats- Unis (USAF)
Dans son exposé, le leader du MNLA, Bilal Ag Acherif a présenté devant lesmembres du Conseil de l’Atlantique, de ladite ONG, les différents mouvements de la CMA et la situation sécuritaire qui prévaut dans le nord du Mali.
Pour lui, l’insécurité dans cette partie du territoire malien n’est pas une cause, mais une conséquence des conflits politiques. Il a également fait un point sur l’état de la mise en œuvre de l’accord d’Alger de 2015 qui, à son avis, vise à stabiliser les régions septentrionales du Mali. Pour un retour de la paix définitive dans ces régions, il a proposé la mise en place d’une force de défense inclusive et reconstituée, arguant que “l’inefficacité des interventions de l’armée conjuguée au manque de confiance des populations locales, constitue un obstacle majeur à la mise en œuvre de l’accord de paix et à la prospérité future de la région”.
Outre cet exposé du Secrétaire général du MNLA, la rencontre a été marquée par une communication présentée par Attaye Ag Mohamed, le chargé des questions des droits de l’homme de la CMA. Il a abordé les violations des droits humains dans les régions du nord et le rôle des acteurs internationaux dans la lutte conjointe contre les menaces sécuritaires dans le nord du Mali.
Ce voyage visait à écouter les leaders de la CMA, pour porter leur voix au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette organisation a également préparé le terrain pour que ses acteurs fussent reçus par des diplomates, avocats, hommes d’affaires et bien d’autres personnalités du monde occidental.
Cette invitation n’a pas été digérée par le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta et il ne s’est pas privé de le faire savoir. Du coup, les membres de la délégation de la CMA et ceux de ladite ONG se sont fait remonter les bretelles dans le nouveau monde.
Intervenant au journal télévisé de 20 heures sur l’ORTM, le Président de la République a déploré l’invitation adressée par cette ONG aux leaders de la CMA, afin qu’ils se rendent aux Etats-Unis. Il a ainsi déclaré qu’ “au moment où la confiance renait entre groupes armés et que la paix en marche, une ONG américaine, dont on connait le rôle dans les conflits en Afrique, se permet d’inviter des membres de la CMA. Soyons sérieux, il faut qu’on nous respecte”. Avant d’ajouter qu’ “aucune malice ne fera avancer le processus de paix”. Et que “nos partenaires doivent nous savoir mûrs”.
Dans votre bihebdomadaire, nous nous sommes toujours efforcés de tenir les promesses de la devise que nous avons donnée à ce journal : « Du choc des idées faire jaillir l’étincelle de vérité qui libère et construit ».
C’est ainsi que pour dénoncer l’insuffisance de l’accord, nous avons titré à la Une de la parution du 15 janvier 2015 n°1012 : Éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation, Un cadeau empoisonné offert par la communauté internationale.
Dans celle du 22 janvier 2015 n°1014, nous titrions : Plaidoyer des Européens pour les hommes bleus, Le lobby touareg du vieux continent à la berlue
Dans celle du 16 février 2015 n°1021 : Mission conjointe UA-UE, Le président IBK met les pendules à l’heure.Nous y mettions en lumière l’intervention pertinente du Président IBK qui n’a pas porté de gants pour demander à la mission conjointe Union européenne-Union africaine de bien vouloir jouer sa partition, pour ce qui est de l’avènement de la paix dans le septentrion malien.
Dans la même parution, le COREN, dans son souci d’informer vrai, a corroboré nos prises de position dans d’autres parutions précédentes, en levant le voile sur le caractère versatile de certains groupes armés du septentrion.
Le COREN informe sur le processus de paix et de réconciliation MNLA, Ansardine, HCUA… Blanc bonnet, bonnet blanc…
Les points de vue sceptiques que nous avons évoqués dans les colonnes de votre bihebdomadaire, quant à l’Accord de paix d’Alger, sont toujours d’actualité.
L’histoire nous donne raison, car l’application des recommandations de l’Accord de paix issu du processus d’Alger est toujours renvoyée aux calendes grecques, notamment le cantonnement des rebelles et leur démobilisation, plus connu sous le sigle DDR, c’est-à-dire Démobilisation, Désarmement et Réinsertion.
Comme quoi, se laisser instrumentaliser par les discours lénifiants du haut d’en haut, n’est pas la marque de fabrique de Le Challenger.
Mohamed Koné correspondant à Kadiolo
Le Challenger