La Procureure de la Cour Pénale Internationale, Fatou Bensouda, a bouclé un séjour de 48 heures (du 17 au 18 octobre 2017) à Bamako. Cette visite de la patronne de la CPI sur invitation du gouvernement malien, intervient dans un moment marqué par la question des droits de l’homme au Mali. De la publication du rapport accablant de l’ONG Human Rights Watch accusant les forces armées maliennes de graves violations de droits de l’homme et faisant surtout cas de l’existence de fosses communes au centre du Mali, au dossier Amadou Haya Sanogo et co-accusés dont les résultats de l’expertise sont incessamment attendus cette semaine, plusieurs questions se rapportant aux droits humains ont peint la visite de la procureure, Fatou Bensouda.
C’est la deuxième visite au Mali de Madame le Procureur de la Cour Pénale Internationale. Cette fois, le contexte est marqué surtout par la publication, début septembre, d’un rapport accablant de Human Rights Watch qui accuse les forces armées maliennes de graves violations des droits de l’homme et faisant, surtout, cas de l’existence de fosses communes au centre du Mali. Le rapport qui a provoqué la colère et l’indignation de Bamako, jette un discrédit sur la défense et la promotion des droits de l’homme dans un pays déstabilisé et fragilisé par les groupes terroristes.
« Des violations de droits de l’homme, il n’en est rien du tout », avait répliqué le ministre des droits de l’homme et de la réforme de l’Etat, Me Kassim Tapo, après une mission de trois jours dans la région de Mopti aux fins de vérifier la déclaration faite par Human Rights Watch.
La gardienne de la Cour Pénale Internationale (CPI), Fatou Bensouda, n’a pas hésité mercredi dernier dans le cadre de sa visite à Bamako, d’annoncer l’ouverture d’une enquête suite à la publication d’un récent rapport de l’ONG Human Rights Watch accusant les Forces armées maliennes (FAMA) de graves violations de droits de l’homme et faisant surtout, cas de l’existence de fosses communes au centre du Mali. Le ministre de la justice, Mamadou Ismaël Konaté, lors de la conférence de presse co-animée avec la Procureure de la CPI, a rappelé que : «La CPI est saisie officiellement et elle a ouvert un examen préliminaire sur les évènements qui ont eu lieu dans le nord du Mali ». Il a ajouté que les organisations de défense des droits de l’Homme ont été amenées, quelquefois, à mettre en cause le comportement de nos Forces de défense et de sécurité sur le théâtre des opérations, de sorte qu’il leur a été reproché la violation des droits fondamentaux de l’Homme. « Notre pays a sollicité la CPI qui a répondu favorablement déjà en ce qui concerne l’affaire d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi. L’Etat de droit nous exige aujourd’hui d’être présents pour distribuer la justice partout au Mali », se défend le ministre Konaté.
Pour rappel, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été condamné le 17 août par la Cour Pénale Internationale (CPI) à verser 2,7 millions de réparations « individuelles, collectives et symboliques » pour avoir ordonné la destruction des mausolées de Tombouctou en 2012. En plus, il avait été condamné en septembre dernier à 9 ans de prison dans le premier procès pour destruction de biens culturels.
Concernant le procès Aya et co-accusés, même si elle s’est refusé à se prononcer sur cette question, il n’en demeure pas moins que ce dossier retienne particulièrement l’attention de la procureure de la CPI qui ne refusera pas le privilège de juger le putschiste du 22 mars 2012. « La CPI vient en complément à la justice malienne, mais ne se substituera pas à elle », a-t-elle dit avant d’ajouter que les enquêtes enclenchées suite à la saisine de CPI par le Mali se poursuivront.
A noter que cette visite de la procureure s’est effectuée à un moment où l’Etat du Mali s’active à l’élaboration de son rapport national au titre du 3ème cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU) sur la situation des droits de l’homme qui sera présenté en janvier 2018 à Genève.
Le séjour au Mali de Fatou Bensouda fera-t-elle vraiment bouger les lignes en matière de justice au regard des dossiers pendants devant la justice notamment le plus sensible qu’est le procès des ex-putschistes de Kati ? Difficile de répondre par l’affirmatif. Une grosse déception pour les organisations de défense des droits de l’homme qui espéraient que cette seconde mission de la procureure de la CPI au Mali fera avancer les dossiers sur les cas de crimes commis au nord du pays.
Daouda T. Konaté
Source: Le Challenger