La Fédération internationale des droits de l’homme a publié un rapport vendredi sur les procédures judiciaires dans les affaires de violences sexuelles en Afrique. La FIDH constate dans ce rapport que les crimes commis en période de crise ou de conflit restent toujours impunis.
En Guinée, dix ans après le massacre du 28 septembre 2009, avec 157 morts et une centaine de femmes violées, le procès des responsables n’a toujours pas commencé. Au Kenya, les victimes des violences sexuelles pendant la crise post-électorale de 2007 n’ont pas encore obtenu réparation.
« Le facteur principal est souvent le manque de volonté politique. C’est-à-dire que compte tenu du contexte politique, les dirigeants n’ont pas forcément intérêt à faire avancer ces procédures. Comme dans le cas du Soudan, où ce sont les responsables des crimes de masse qui ont été commis qui étaient à la tête de l’État », témoigne Daisy Schmitt, responsable des droits des femmes à la Fédération internationale des droits de l’homme.
Autre cas emblématique : la Libye contemporaine. Des ONG s’activent pour lutter contre la violence faite aux femmes. Fadwa al-Aawar, présidente de l’ONG Al-Kamel, organise à partir de ce 25 novembre une compagne de dix jours dans le pays pour sensibiliser la femme sur ces droits…
« Dans les zones de conflits, les femmes sont victimes de violence verbale et physique. Elles subissent les menaces des hommes armés… Elles subissent encore plus de violence dans le conflit libyen en raison du chaos et de l’absence de l’état de droit. Nous avons remarqué que cette violence a beaucoup augmenté depuis 2011. Lors des combats, les belligérents considèrent les femmes comme des proies, des possessions, et elles ne sont plus traitée en tant qu’être humain.
Les cas d’enlèvements, de viols, de séquestrations et de divorces en raison de violences conjugales se sont multipliés. Nous, nous agissons, avec nos humbles moyens, contre cette violence, et cette année, nous menons une campagne télévisée. On informe les femmes sur leurs droits à se défendre. Nous encourageons les Libyennes à s’insurger pour dénoncer cette violence. Nous sommes cependant confrontés à des problèmes : dans la société libyenne, les femmes craignent de parler et préfèrent se taire. »
L’option de la CPI
Et quand les justices nationales sont défaillantes, les instances internationales peuvent être une solution pour les victimes. Même si la Cour pénale internationale n’a pas toujours agi sur le sujet, Daisy Schmitt note des améliorations : « On voit que les crimes sexuels sont davantage pris en compte par la Cour, et ça permet de donner un espoir aux victimes. Parce que cette cour est une juridiction de dernier recours, et lorsque les justices nationales échouent, il reste encore potentiellement l’option de la CPI. »
Il peut y avoir des avancées qui peuvent prendre la forme de condamnations emblématiques comme celle du dictateur Hissène Habré par les Chambres africaines extraordinaires.