Suite aux affrontements entre des étudiants sur la colline de Badalabougou qui ont été soldés par la mort d’un jeune de 18 ans en classe de la 1re année licence de la Faculté d’histoire et de géographie, les enseignants ont décidé de suspendre les activités pédagogiques jusqu’à nouvel ordre. Pour ces enseignants, la reprise est conditionnée à l’exclusion des perturbateurs et une action en justice contre eux.
Le jeudi dernier, un jeune étudiant, Souleymane Diarra a perdu la vie suite à des affrontements sur le campus de Badalabougou. Plusieurs autres personnes ont été gravement blessées.
Sur cet incident regrettable, des responsables du comité du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNESUP) de ladite faculté ont animé un point de presse, le vendredi dernier. Au cours de cette rencontre, ils ont été fermes sur la question sécuritaire à l’université. Les enseignants estiment ne plus être en mesure de dispenser les cours dans un environnement d’insécurité, de désordre.
« C’est avec la peur dans le ventre que nous venons dans cette faculté pour faire notre travail », a expliqué le Dr Sékou Mamadou TANGARA, secrétaire général du SNESUP. Selon lui, l’ampleur de la violence dans le milieu scolaire a dépassé le seuil du tolérable. Elle s’amplifie à cause du laxisme des plus hautes autorités. Toute chose qui est à la base de la multiplication des incidents dans les facultés de nos universités, à l’image de la scène du jeudi passé.
« Tout a commencé le mercredi 3 juillet. Ils sont venus en sirène pour faire leur attroupement. Nous avons cessé les cours et appelé les forces de l’ordre. Ils ne sont pas venus. S’ils étaient venus voir, le drame du jeudi ne serait pas arrivé », a déploré le syndicaliste. Selon lui, la police n’est pas intervenue sous prétexte qu’elle ne doit pas agir dans un espace universitaire.
« Face à un problème exceptionnel, il faut une solution exceptionnelle. Si les étudiants se transforment en des bandits armés, la police doit intervenir pour sauver la vie des étudiants innocents celle des professeurs. Vraiment, trop c’est trop.Si des mesures concrètes ne sont pas prises, les classes resteront fermées jusqu’à nouvel ordre », a-t-il indiqué.
Pire, a ajouté M. Boureima OUEDRAGO, secrétaire administratif dudit comité syndical, ces étudiants perturbateurs ont l’habitude de retrousser les manches pour se battre contre des professeurs. Par ailleurs, il a regretté que cette association se soit transformée en une mafia très dangereuse sous les yeux des plus hautes autorités.
« Nous avons identifié ces élèves et fait une proposition de radiation pure et simple des perturbateurs en vain. Cette fois-ci, si ces étudiants ne sont pas radiés d’abord et traduits devant la justice, nous n’allons pas reprendre le travail », a-t-il clamé.
De son côté, le secrétaire à l’information, M. Oumar DEMBELE, a estimé que ce sont les politiques qui donnent plus de pouvoir à ces étudiants.
« Leur assemblée générale a été marquée par la présence d’un député. Ces étudiants sont comme ça, car ils savent qu’ils ont le soutien de certains hommes politiques très puissants. Sinon, comment ces membres de l’AEEM puissent avoir le culot d’exiger une liste aux professeurs pour que ces derniers leur attribuent des bonnes notes; alors qu’ils ont passé l’année sous les arbres et dans d’autres business, pendant que leurs camarades sérieux font des nuits blanches pour étudier », s’est interrogé le conférencier ? Il a aussi fait constater que des armes de toute sorte circulent sur le campus.
Enfin, les responsables du syndicat ont égrainé un chapelet de recommandations qui sont, entre autres, la création de brigade de police du campus, le désarmement des tous les étudiants armés et la dépolitisation de AEEM.
« Tant que ces mesures ne seront pas prises, les classes ne vont pas s’ouvrir », a prévenu M. TANGARA.
PAR CHRISTELLE KONE