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Violences dans l’espace universitaire : La dissolution de l’AEEM au centre des débats

Le bilan des évènements tragiques survenus, lundi, le 12 octobre, entre deux clans rivaux des étudiants de l’Institut universitaire de gestion (IUG), est de quatre (04) blessés dont un (01) a succombé à ses blessures le lendemain. Ils viennent de relancer le débat sur la dissolution ou la non dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Si les uns optent pour la dissolution pure et simple du mouvement estudiantin, les autres préfèrent une modification de ses textes et la dépolitisation de l’espace scolaire. Reportage.

 

En prélude au renouvellement des comités de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), qui ne saurait tarder à être lancé par la coordination, la guerre de positionnement fait déjà rage dans les universités, grandes écoles et instituts du Mali. Les évènements malheureux qui se sont déroulés, le 12 octobre à  l’Institut universitaire de gestion (UIG) entre deux (02) groupes rivaux d’étudiants rentrent dans ce cadre de ravir la vedette aux autres avant le jour-J. Dès lors, dans les grins, sur les réseaux sociaux et autres lieux de causerie, les débats étaient presque tous focalisés la semaine dernière sur la dissolution ou la non dissolution de l’AEEM. Créée en 1990 pour améliorer les conditions de vie et de travail des scolaires maliens, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), est devenue un monstre qui fait peur à tout le monde.

Autorités politiques, administrateurs scolaires, enseignants, parents d’élèves et acteurs de la société civile ont tous leur langue dans leur poche quand il s’agit de condamner ses actions violentes ou de punir les auteurs qui se sont rendus coupables responsables des actes de violence ou de vandalisme. Qu’à cela ne tienne ! Elle est devenue un tremplin pour les premiers responsables à accéder à une certaine notoriété.

Pour y parvenir, les moyens utilisés sont entre autres le chantage, la violence, la pression, les menaces, les intimidations, les agressions physiques, les grèves intempestives.  Aussi, l’AEEM n’a-t-elle pas  ouvert les portes de la fonction publique à certains secrétaires généraux, offert des bourses d’études à d’autres dans les universités occidentales. Qui dit mieux ! Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

Tel n’est pas l’avis de cet enseignant à la retraite, Bréhima Samaké. Il est de ceux- là qui souhaitent la dissolution pure et simple de l’AEEM.

Il admet que: «L’AEEM constitue un frein à la refondation de l’école malienne. Les hommes politiques ne voudront jamais sa dissolution car elle constitue leur bras armé de leur lutte pour la destruction de cette école». Cette position est partagée par Alioune Ifra N’Diaye, opérateur culturel«… Aujourd’hui, tout le monde sait qu’un des cancers de l’école est l’AEEM. Elle est devenue une organisation mafieuse et fonctionne en dehors de toute règle et valeur d’une société qui se veut moderne, progressiste, harmonieuse, tolérante, respectueuse de la vie, ambitieuse pour l’avenir. Il y a quel «mais…» encore ? Le président Bah N’Daw doit dissoudre l’AEEM !»

Pour Demba Sissoko, parent d’élève, l’AEEM doit être dissoute tout de suite du  moment où elle est devenue une association criminelle. Matou Koné, enseignante, abonde  dans le même sens: «Il faut la dissolution pure et simple de cette maudite association.» Selon Hassen Diané, «il faut dissoudre cette organisation mafieuse (AEEM) qui hypothèque l’avenir de nos enfants.» Et quant à Salihou Ibrahim Touré, parent d’élève, il pense que la transition est le meilleur moment pour dissoudre l’AEEM. «La politique doit quitter l’école», déclare-t-il.

Du côté de ceux qui estiment que l’AEEM ne doit pas être dissoute, ils sont de deux (02) catégories. La première catégorie préfère une modification des textes, la deuxième parle de la suppression des privilèges accordés aux responsables du mouvement estudiantin.

Cheick Oumar Sangaré, journaliste, est de ceux qui privilégient la modification des textes: «Pour moi, il ne s’agit d’une dissolution en tant que telle, car en voulant résoudre totalement un problème, on risque e créer d’autres. Il faudrait revoir les méthodes de sélection des dirigeants au sein de l’AEEM et mettre en place un conseil de discipline qui tranche les questions de violence à toutes les dimensions

Jaloud Touré, acteur de la société civile, est pour une réforme de l’AEEM. Il dit que le choix des leaders doit se faire entre les dix-huit (18) premiers élèves et étudiants de l’année précédente de chaque établissement pour composer le bureau de l’AEEM de leurs écoles. Il propose que ceux-ci élisent entre eux le secrétaire général et les autres vont occuper les différents postes. «Allons à la recherche de l’excellence», estime-t-il.

Pour sa part, Ibra Koné, souhaite qu’on change les modalités des élections. Il préconise que pour être candidat, l’étudiant ou l’élève doit être parmi les trois (03) premiers de la classe. Soumaïla Dolo, diplôme de l’École nationale s’Administration (ENA), est de cet avis: «Même si elle n’est pas dissoute, on doit changer les textes et que les meilleurs viennent à la tête de l’AEEM. Par exemple, le premier (e) devient le secrétaire général suivi par des étudiants qui ont eu les meilleures notes. La durée maximum à la tête de l’AEEM doit être d’un an.»

Quant à l’universitaire, Mountaga Lam, il déclare: «Je crois que l’AEEM est nécessaire, mais la violence dans l’espace scolaire et universitaire doit cesser. Il s’agit tout simplement de la rendre plus responsable au niveau de son leadership surtout… Il y a des étudiants qui sont sérieux et qui peuvent permettre à l’AEEM de mieux jouer son rôle. Ce sont les futurs cadres du pays. Ils doivent donner le bon exemple aux autres jeunes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Ils doivent refuser d’être instrumentaliser par des hommes politiques.»

Cet anonyme est convaincu en privant l’AEEM de certains privilèges, la violence s’éloignera de l’espace scolaire et universitaire. Il déclare que: «La dissolution de l’AEEM est loin d’être une solution durable. Il faut juste retirer la gestion des parkings universitaires à l’AEEM et la gestion des campus. Travailler à la dépolitisation de l’AEEM. Mettre des postes et de gendarmerie au niveau des universités et des grandes écoles du pays, afin d’éviter que les étudiants fassent leurs lois.»

Souleymane Zié Coulibaly, parent d’élève, est formel: «Ce n’est pas compliqué. Ils se battent pour les privilèges. Il faut donc supprimer tout ce qui est avantages». Béchiry Diop, journaliste, souligne qu’en retirant la gestion des internats et des parkings que l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) perdra tout attrait pour les bons à rien.

D’autres ont mis l’accent sur la dépolitisation de l’école. Dans ce lot, il y a T.K, fonctionnaire. Il estime que: «L’opposition des hommes politiques à la dissolution de l’AEEM s’explique par son utilité pour eux. Toujours incapables de mobiliser les gens, ils passent par l’AEEM pour déstabiliser.» Selon Bassi Simaga, la dissolution n’est pas possible, car c’est un outil des politiciens.

La balle est maintenant dans le camp des autorités dont aucune n’a voulu répondre à nos questions pour trancher définitivement cette équation.

Yoro SOW

L’Inter De Bamako

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