«En dépit des efforts multiples du gouvernement et des partenaires, les chiffres sur la violence dans l’espace scolaire et universitaire ont atteint un taux relativement élevé». Le constat a été dressé par le Réseau des jeunes pour la paix au Mali (RJPM) au cours de sa traditionnelle causerie-débat dénommée : «Carrefour d’opinions Faso-baro» qui s’est tenue au siège de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).
La rencontre a enregistré la présence du président du bureau national du RJPM Tièoulé Sidibé, du secrétaire général du bureau de Coordination nationale de l’AEEM, Abdoul Salam Togola dit «Willy» et nombre d’invités.
Le thème de la causerie était intitulé : «rôle du bureau de coordination nationale de l’AEEM dans la lutte contre la violence en milieu scolaire et universitaire». Il ressort d’un constat général que l’école malienne est en proie à la violence depuis quelques années. Ces actes d’agressions représentent aujourd’hui une réelle préoccupation pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’éducation.
La rencontre participe de la mise en œuvre du Projet de stabilisation, de sécurisation et s’inscrit dans la campagne de sensibilisation sur la culture de paix et non violence du RJPM, en milieu scolaire et universitaire. Elle offre une opportunité d’échanges et de réflexion sur les questions scolaires et universitaires mais aussi de paix, réconciliation et cohésion sociale.
Qu’est-ce que l’AEEM peut faire contre la violence? Que propose-t-elle pour sortir de cette situation? Le secrétaire général de l’AEEM maitrise-t-il ses troupes ?
A ces interrogations, Abdoul Salam Togola a apporté des réponses apaisées. Il a indiqué que l’école malienne reste l’espoir de tous. L’AEEM, rappelle-t-il, a été créée le 27 octobre 1990 avec mission de défendre les intérêts moraux et matériels des élèves et étudiants mais aussi d’améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Selon le secrétaire général de l’AEEM, la multiplication des structures d’enseignement, l’inscription obligatoire de tous les nouveaux bacheliers et l’attribution rapide des trousseaux et bourses des étudiants sont des acquis de son organisation. L’éducation, la formation civique, la sensibilisation des élèves et étudiants, la lutte contre la délinquance juvénile et la prolifération des armes légères, la sécurisation de l’espace scolaire et universitaire seraient de meilleurs remèdes pour circonscrire la violence, pense le conférencier. Par ailleurs, il a assuré que 80% des élèves et étudiants sont contre les violences.
La 5è adjointe au maire de la Commune V, chargée de la jeunesse et de l’éducation et également marraine de l’événement, Mme Coulibaly Oumou Coulibaly, a, elle aussi, versé son avis dans le débat.
La violence dans l’espace scolaire et universitaire inquiète les parents d’élèves, a-t-elle affirmé avant de soutenir que les familles sont responsables des mauvais comportements des étudiants. «Soyons solidaires et unissons nos efforts pour démasquer les fauteurs de trouble, les mettre hors d’état de nuire afin d’assainir et d’apaiser notre école», a-t-elle souhaité.
Le secrétaire général du RJPM, Oumar Camara, a rappelé que l’élève et l’étudiant sont au centre de l’action éducative. Il a également révélé que les pugilats dans les classes, bagarres généralisées lors des assemblées générales, agressions, menaces verbales contre les professeurs, extorsions (tapages), armes, vandalisme sont les pires formes de violence à l’école. Il incrimine aussi comme responsables de cette violence, les medias, l’abdication de la famille, la politisation de l’espace scolaire et universitaire.
Pour lui, la dégradation de la qualité de l’enseignement, la baisse de niveau, la fuite des cerveaux, la déception des partenaires techniques et financiers, l’infirmité de nombre d’étudiants, l’abandon des cours, les rancunes, l’échec, voire la mort sont les conséquences de la violence. Comme solutions à la violence, il propose des mesures préventives et le renforcement des capacités de l’AEEM mais surtout sa dotation en moyens nécessaires pour prévenir et gérer les conflits à l’école. Il faut aussi mener une vaste campagne de sensibilisation contre la violence et prendre des sanctions contre leurs auteurs.
Créé en août 2014, le RJPM a pour objectifs la promotion de la paix, le combat contre la corruption, l’injustice, la pauvreté, la délinquance juvénile et l’ignorance sous toutes ses formes.
Il œuvre aussi pour l’éveil des consciences des jeunes face à leurs responsabilités futures et engagement au profit du développement communautaire, entre autres.
Sidi Y. WAGUé
Source: Essor