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Viol collectif : Au-delà de l’émoi…

Une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, provoquant une vague d’indignations. On y voit quatre jeunes en train de violer, l’un après l’autre, une jeune fille de 14 ans qui pleure et se débat, sous les insultes de ses agresseurs. Au bout de quelques jours de recherche, les présumés auteurs de cet acte odieux ont été interpellés et sont entendus dans les locaux de la brigade des mœurs. Le plus jeune a 16 ans, le plus âgé 25 et les deux autres 18. Au-delà de l’émoi suscité par cette affaire dans l’opinion publique, il serait temps de s’interroger sur la perte de repère, de valeur morale qui caractérise la jeunesse de nos jours.

Depuis quelques jours, les maliens sont choqués, abasourdis par les histoires de mœurs, viols collectifs et autres actes de pédophilie… Des actes bien éloignés de nos valeurs sociétales, qui sont en train de tomber dans l’oubli. La mobilisation suscitée pour retrouver les auteurs présumés de ces actes ignobles doit être l’occasion de frapper un grand coup pour éviter la récurrence de ces actes commis par des individus qui ne mesurent pas l’ampleur des sanctions qui les attendent. Une occasion aussi de briser le tabou qui entoure le viol, dont certains jeunes ne considèrent pas comme un acte répréhensible, mais plutôt banal. Et les nouvelles technologies contribuent fortement à la banalisation des actes de viols. Aussi, les films pornographiques se vendent comme de la friandise.

Que dire de ce qui se passe sur le petit écran et les comportements vestimentaires et civiques des jeunes ? Dans nombre des clips qui passent sur les chaînes de télévision, l’exhibition des parties intimes du corps chez les jeunes filles, l’alcoolisme et le tabagisme occupent la majeure partie du temps. Les jeunes en panne d’inspiration pourrissent l’univers médiatique et salissent la valeureuse corporation des artistes musiciens. La morale entièrement foulée au pied, leurs sujets se limitent au sexe ou pour employer le terme approprié et à l’amour dont ils ignorent la quintessence. Le bal de ces clips sur nos chaînes de télévision à un moment où la restauration des valeurs endogènes agite l’opinion publique est inexplicable. L’habitude vestimentaire des jeunes,  filles et garçons en dit long sur l’envergure de la dépravation des mœurs au Mali. Pour un pays comme le nôtre qui doit tout miser sur sa jeunesse, l’avenir est incertain. La dépravation des mœurs bat son plein. La situation est telle qu’on est en droit de se poser un certain nombre de questions. Quel est l’idéal de la jeunesse malienne du 21ème siècle? Peut- on gager sur la bonne gestion de l’héritage par les jeunes maliens à la suite de leurs pères? Les médias maliens sont-ils conscients de l’influence de leurs programmes sur le comportement des jeunes?

Aussi, au vu et au su des autorités, des buvettes, des maisons closes poussent comme des champignons.

En janvier 2017, une étude menée par Wildaf-Mali, l’antenne locale du réseau Women in Law and Development in Africa, révélait qu’environ 300 femmes sont violées chaque année au Mali. Selon Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de Wildaf-Mali, le phénomène a pris de l’ampleur à la faveur de la crise de 2012, notamment dans le nord du pays, où, sous l’occupation des groupes djihadistes et rebelles armés, des femmes et des jeunes filles ont été victimes de viols, d’esclavage sexuel et d’autres violences. Dans un rapport publié en décembre 2017, l’AMDH tire la sonnette d’alarme quant au flou juridique concernant les plaintes pour crimes sexuels qu’elle avait introduite avec d’autres organisations, au nom de plus 100 femmes, devant le tribunal de grande instance de la commune III de Bamako. En 2015, la Cour suprême avait restitué aux juridictions du nord du Mali leurs compétences, sans préciser si le tribunal de la commune III était dessaisi des plaintes ou pas.

«C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle»  affirmait l’écrivain Jean Pliya. Dans l’état actuel des choses, cette-nouvelle corde risque de manquer dès que le besoin se fera sentir. Et quand la dépravation des mœurs aura atteint son paroxysme, la nation tremblera.

Construire des infrastructures de nouvelles générations, lancer des réformes, mobiliser des ressources économiques, sont tous des actes louables mais sans une relève de qualité ce serait peine perdue.

Mémé Sanogo

 

Source: L’ Aube

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