En Afrique de l’ouest, la tradition d’envoyer au moins les enfants à l’école coranique s’est transformée en commerce. On les repère dans les rues de Bamako à leurs grands yeux hagards et à leurs gamelles de plastique pendues autour du cou.
Il est impossible, de parcourir, ne serait-ce que trois quartiers de la ville sans voir les talibés, ces élèves d’écoles coraniques que leurs maîtres obligent souvent à mendier. « Nous faisons la mendicité pour de l’argent et pour du riz. Notre maître demande une somme par jour. Si nous n’apportons pas l’argent, même si nous récitons les versets, le maître nous bat. Il nous frappe avec un gros bâton… », confie un jeune talibé du nom de Allaye Bocoum (dizaine d’année) à malinet.net.
Ils sont là, se précipitent sur les assiettes métalliques des restaurants de rue une fois le client rassasié ou glissent leurs minuscules mains sales et apeurées par la fenêtre des voitures. Leurs joues dévorées par la faim, leur peau d’ébène grisée par la pollution, leurs petits corps noyés dans un vieux maillot de football de contrefaçon ou un tee-shirt trop grand, ils mendient. D’abord on s’attendrit. Puis, à force de se déchirer le cœur à chaque croisement de rue, on finit par les ignorer, comme tout le monde, et leurs silhouettes maigres se transforment en faibles fantômes dont le nom est tabou.
La vie de Talibé est véritablement une autre forme de traite humaine, dont il est interdit d’en parler au risque d’être mal vu et maltraité par sa propre communauté d’origine. Au nom de la religion et de l’apprentissage du Coran, nous donnons nos enfants à des prétendus hommes de Dieu pour les inculquer l’éducation Coranique, mais le résultat sur le terrain dans nos villes et villages est catastrophique.
Personne n’ose lever le doigt par peur de se faire critiquer et se faire traiter de non croyant. Ainsi, tous deviennent coupables : Maitres coraniques, parents, fidèles musulmans et même autorités du pays. En ce jour de célébration du Maouloud, ayons une pensée affectueuse envers ces petits anges, qui n’ont rien fait à personne pour mériter ce triste sort qui leur est réservé par les maîtres coraniques.
“Pour sauver les talibés, l’Etat malien doit prévoir amendes et peines de prison pour ceux mettant leurs enfants dans la rue, comme l’avait fait le président Sénégalais Macky Sall. Cela permettra de mettre définitivement fin à cette autre forme de traite humaine.
La rédcation