C’est aujourd’hui un truisme de dire que les locaux de l’administration publique sont devenus des marchés à ciel ouvert. Il ne se passe pas un jour ouvrable sans que l’on ne voit des femmes et des hommes faufiler à tout moment de la journée dans les bureaux pour vendre des habits, des téléphones, bref des articles divers de tout genre. Ces produits sont vendus cash, à crédit, selon le consentement des parties. Cette pratique informelle et illégale, qui s’est généralisée et légalisée au vu et au su de tous, a atteint le seuil de l’irresponsabilité. Si certains de ces vendeurs ambulants sont à la quête perpétuelle de preneurs ou de clients dans ces lieux publics, d’autres sont invités par les agents de l’Etat. A qui la faute ? La question qu’on se pose est de savoir si l’administration est un lieu commercial ou un espace de prestation de service aux usagers ? Que dit la loi ?
Ce sujet de réflexion a poussé votre fidèle et infatigable serviteur à susciter le débat et attirer encore une fois l’attention des pouvoirs publics.
Pour un Mali nouveau, les Maliens aspirent au changement à travers d’abord une réforme de l’administration, capable de satisfaire convenablement aux besoins des usagers. Ce qui ne semble l’être que sur les lèvres des uns et des autres. On parle de changement, mais on ne veut pas changer de comportement et de mentalité. Sur le dossier du jour, votre reporter s’est directement transporté au ministère du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions. Après une bonne vingtaine de minutes à la recherche d’interlocuteur à hauteur des attentes, votre serviteur a finalement été dirigé dans le bureau du Conseiller technique, Chargé des Ressources Humaines, Biassoun Dembélé. Après avoir religieusement écouté les motivations de notre enquête et de la démarche désintéressée, ce collaborateur immédiat de Mme le ministre Diarra Racky Tala a d’abord salué et encouragé l’initiative.
Une pratique illégale !
Il a ensuite rappelé que le service public est le cadre de satisfaction des besoins des usagers. A ce titre, il a noté que c’est un instrument qui est destiné pour servir les usagers. Dembélé a indiqué que normalement, il y a les agents de l’administration, c’est-à-dire ceux qui sont chargés d’animer le service public et les usagers. Biassoun a signalé que l’usager est celui qui a besoin d’une prestation du service public. A ses dires, cette prestation peut-être une demande d’information, de document ou encore une demande de participation à un concours ou à postuler à un marché d’appel d’offres. En la matière, il a précisé que l’accès du service public à toute personne devrait être maîtrisé. Selon lui, la loi de 1998 régissant les rapports entre l’administration et les usagers indique que le service public est le domaine de l’offre des prestations. Il dira qu’il s’agit du lieu de rencontre entre l’offre et la demande de prestation des services. De ce fait, il a affirmé que toute personne qui n’a pas besoin de prestation de service ne doit pas y rentrer.
Le laxisme des services d’accueil et de surveillance !
Aux dires du conseiller, sauf exception motivée par des cas sociaux d’urgence, ou des rapports de collaboration extérieure, le service public est interdit à toute autre personne étrangère. « Nous sommes dans un pays où le social compte beaucoup. Pour des problèmes de famille, on peut recevoir ses proches », a souligné notre interlocuteur. Et Biassoum Dembélé de poursuivre : « ces vendeurs informels devraient se limiter aux abords des services. Le service public n’est pas une place commerciale ». C’est pour toutes ces raisons que les services d’accueil et d’orientation ont été créés pour, rappelle-t-il, effectuer le contrôle et assurer la sécurité des administrations, agents et usagers. A en croire M. Dembélé, en réalité, c’est à ce niveau qu’il faut agir. « La responsabilité de ces cellules d’accueil et de surveillance, c’est de filtrer les entrées. Toute la défaillance se trouve à ce niveau », a-t-il déploré. Comme solution, le patron des Ressources humaines du département du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, a estimé que pour assainir le secteur, l’administration peut prendre une note circulaire pour rappeler les usagers à l’ordre.
Jean Goïta
Source: La Lettre du Mali