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Vendredi 5 juin 2020 : y aura-t-il des contre-manifestants ?

La démocratie est fragile, car elle n’existe qu’à travers l’engagement conscient des citoyens; que leur exigence faiblisse et la démocratie s’étiole…(Gérard Lindeperg, formateur du parti socialiste français ).

Autant dire que c’est un devoir et une obligation pour un citoyen de s’engager consciemment dans la défense de la démocratie. Qu’est-ce que la démocratie elle-même, si ce n’est la recherche du bien-être et du bonheur pour un peuple dans le cadre d’une gestion équitable et égalitaire de l’État au profit de tous? Pour cette raison, les Maliens comme tous les autres peuples qui ont opté pour la démocratie sont engagés de défendre celle-ci.
Dans le cadre spécifique du Mali, à la veille d’une importante manifestation citoyenne prévue pour le 5 juin, Me Mountaga Tall a rappelé judicieusement que la Constitution du 25 février 1992 en son article 5 « reconnaît et garantit la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation ». La légalité et la légitimité du 5 juin 2020 sont donc d’une rectitude politique absolue. Le Gouverneur du District de Bamako, autorité administrative compétente, a autorisé l’évènement dans le respect strict des droits des citoyens. Quant à l’Armée nationale, elle a reconnu le caractère licite de la manifestation et a instruit aux militaires de rester en marge. C’est de la légalité républicaine.
Pourtant, on voit ça et là sur les réseaux sociaux des agitateurs qui appellent à une contre-manifestation, au prétexte de soutenir le régime d’IBK qui ne peut être remplacé. Sont-ils des fanfarons, des provocateurs mal intentionnés ou des types de renégats chargés de perturber la manifestation citoyenne, au risque de provoquer des heurts et créer les conditions d’un drame national? Quoi qu’il en soit, c’est de la responsabilité des pouvoirs publics de prendre les mesures idoines à même d’empêcher les provocateurs de créer des désordres, voire des phénomènes plus graves. Assurément, ceux qui prétendent s’opposer à la manifestation sont des fauteurs de troubles. Ils sont en tout cas bien identifiés à travers leurs activités sur les réseaux sociaux, Facebook et WatsApp en particulier. Rien ne les empêche pourtant, si tant est qu’ils veulent manifester leur soutien au régime, d’organiser à leur tour une manifestation un autre jour.
Ce qu’il faut savoir, c’est que cette manifestation du 05 juin, dont l’objectif clairement déclaré est de demander à IBK de démissionner pour incapacité notoire à gérer correctement l’État, est tout simplement à placer dans un cadre historique normal. Les peuples ont, en effet, toujours à des moments de leur évolution, revendiqué plus de justice et de bonheur. Cela n’est pas niable aussi loin que l’on remonte dans le temps.
Pour ce qui est de la mobilisation citoyenne du vendredi prochain, il fallait s’y attendre. IBK a déçu plus qu’il ne le faut et son parjure à céder Kidal est désormais évident pour tous les citoyens avertis. Les vols, les pillages, sous forme de surfacturations et autres délits financiers sont trop visibles pour être contestés. Des crimes ont jalonné les sept ans sans que jamais aucun ne soit élucidé. Il s’y ajoute qu’il n’y a pas une seule mission régalienne de l’État que IBK a réussie. L’école est foutue, de même que la sécurité et l’armée. Bref, le Mali est dans la chienlit. Il n’y a jamais eu, de 1960 à aujourd’hui, un régime aussi prédateur aux commandes de ce vieux pays. Le ras-le-bol est partout.
Il faut noter que ce n’est pas la première fois qu’un peuple demande à un dirigeant de démissionner. Les gens sont montés à Koulouba en 1991 pour remettre une lettre à Moussa Traoré dans ce sens. La même chose est arrivée à Mugabé. Les différentes révolutions en France sont illustratives en la matière.
Chaque fois que les injustices, l’enrichissement illicite, les frasques politiques multiples prennent le dessus sur la bonne gouvernance, les peuples se révoltent. On peut citer les cas plus ou moins récents de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Égypte, du Burkina Faso, les gilets jaunes en France. La leçon est là.
Bogodana Isidore Théra

Source : Le Combat

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