Bamako, 28 juillet (AMAP) La circulation routière à Bamako connaît un embouteillage hors du commun. Pour se frayer un chemin dans ce magma de tacots, il faut avoir les nerfs solides. Et un peu plus de carburant que d’ordinaire. Un jeune chauffeur de taxi a l’a appris à ses dépens. A la descente d’un des trois ponts de la capitale, vendredi après-midi, son vieux taxi s’éteint.
Des passants le prirent en pitié et lui sont venus en aide. Ils ont beau poussé le véhicule, le moteur ne redémarre pas. Plutôt normal, c’était une panne sèche. Pas une goutte de gasoil dans le réservoir de cette bagnole de 1988. Les 2.000 Fcfa de carburant que le chauffeur avait pris à la station sont déjà sirotés par le moteur agonisant.
Les usagers s’impatientent. Les coups klaxons ininterrompus ont vite attiré l’attention des policiers. Un gros souci supplémentaire pour notre taximan. Lui qui transpirait déjà à grosses gouttes. Les agents de la circulation routière ont réclamé et obtenu les papiers du véhicule de transport. Seul Dieu sait comment les policiers et le chauffeur régleront le contentieux ! Les deux compères n’ont pas de secret l’un pour l’autre. Un chauffeur de taxi et un policier sont des « presque-cousins », dit-on. Ils arrivent toujours, en effet, par la magie de leur flexibilité, à trouver un terrain d’entente, même au travers d’un échange de bons procédés.
BOUCHON MONSTRE – Pourquoi ce bouchon monstre partout ? Les dépenses de la fête de Tabaski qui arrive expulsent les chefs de famille de leur maison. Ceux qui travaillent dans les bureaux ont aussi investi la ville. Pour certains, il faut chercher de l’argent. Pour d’autres, le défi est de trouver un bélier digne de ce nom avec un modeste budget. Qui ne tente rien n’a rien. Les plus prévoyants ont déjà acquis la bête. A prix d’or bien des fois. L’animal est probablement attaché devant la porte, dans la cour ou même dans l’arrière-cour, sous bonne garde.
Pour tous ces cas de figure, le chef de famille se voit contraint de sortir pour arrondir les angles. La pression est plus forte lorsque, fièrement, le voisin expose son bélier devant sa porte. Les enfants ne se font pas de cadeau, si toutefois le père d’un d’entre eux ne parvient pas à acheter un mouton à immoler le jour de la fête.
Il y a aussi ceux qui sortent pour le voyage. Jeunes en général, ils sont très nombreux à se jeter dans la circulation pour rejoindre une compagnie de transport. Fêter en famille, manger avec les parents un morceau de viande de mouton, est un rendez-vous annuel pour ceux dont les villes ou villages sont désenclavés.
A cette forte affluence dans la circulation routière, il faut ajouter la dégradation des routes par les pluies diluviennes. «Nous avons l’impression que tous les usagers de la route sont sortis au même moment. Avec les pluies incessantes et le mauvais comportement des chauffeurs, on ne sait plus où donner de la tete», siffle un conducteur d’une berline japonaise. «Pour arriver au centre-ville, il m’a fallu plus de deux heures», ajoute l’usager qui travaille sur la rive droite de la capitale. «On a pas le choix», lance-t-il, fataliste.
Heureusement, certains policiers assurent correctement le service. Des images réjouissantes ont circulé sur la toile montrant des agents réguler la circulation en dépit des averses. «La plupart des feux tricolores ont été cassés lors des manifestations. Nous sommes obligés de nous démener pour faciliter la circulation et limiter les accidents au niveau des carrefours», indique un policier posté à un carrefour sur l’Avenue de l’OUA.