Une manifestation spontanée a été organisée par les jeunes, les femmes et quelques notabilités hier mercredi 17 juillet 2019 dans la ville de Kidal pour protester contre le retour officiel des emblèmes de la République du Mali, notamment le drapeau national. La délégation des élus du peuple présente pour la circonstance, a assisté impuissamment aux actes de vandalisme d’un groupuscule d’individus sur les symboles de l’État.
Hier, notre pays a été une nouvelle fois humilié au Nord, précisément dans la région de Kidal. Les couleurs nationales ont été trainées par terre de par la ville de Kidal et brulées au vu et au su des autorités locales, administratives et même en présence d’une délégation de députés de l’Assemblée Nationale.
En effet, une délégation des élus était hier matin dans la région de Kidal pour remettre symboliquement les couleurs nationales, symboles du retour officiel de l’état et l’administration au nord du pays qui était en proie à des attaques terroristes depuis le soulèvement des groupes armés en 2012. C’était pour faire flotter les couleurs nationales au Gouvernorat, l’assemblée et le camp qui abrite le MOC. Un retour, visiblement, qui n’a pas été digéré par certaines personnes tirant profit de la situation. Un groupuscule de manifestants s’est emparé des symboles de l’état particulièrement le drapeau national et la plaque du gouvernorat de Kidal. Ces quelques jeunes et femmes certainement manipulés ont même ordonné au protocole du gouverneur d’enlever le drapeau du Mali qui s’y trouve afin de le changer avec le soi-disant drapeau de l’Azawad. Désormais, l’on peut apercevoir les drapeaux de l’Azawad flottés au-dessus du Gouvernorat de Kidal.
Et l’objectif de ladite manifestation est d’empêcher la délégation des députés maliens venue à Kidal de faire flotter le drapeau du Mali. Une manière selon les manifestants de dire que la population de Kidal en particulier et celle de l’Azawad en général ne veut plus du Mali.
Il a été même ordonné à la délégation des députés par les manifestants le retour immédiat à Bamako sinon des conséquences pourraient résulter de leur entêtement.
Une situation incompréhensible d’autant plus que le dialogue politique national inclusif est en cours de préparation de même que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix signé à Alger est, lui aussi suit son cours.
En réalité, c’est pour faire croire à l’opinion que la population est contre le retour de l’administration malienne. Alors que cette situation est le fruit d’une responsabilité partagée par Bamako et les groupes armés, notamment la CMA visiblement très acculé ces derniers temps de tous côtés et qui cherche désespérément les alibis fantoches en faisant descendre ce groupuscule dans la rue pour justifier ses actions lugubres à des fins inavouées. La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) n’est pas à son premier coup. L’on se souvient encore, lorsqu’elle avait réglementé la vie dans la région de Kidal, en réponse au comité de suivi de l’accord qui avait dénoncé son attitude, elle avait fait descendre quelques individus dans la rue pour soutenir ses actions.
Le pire dans ces manœuvres ubuesques, c’est le silence des responsables des groupes armés qui savent pertinemment que ces actes violent les principes de l’Accord signé à Alger et qui reconnait l’intégrité du territoire malien et même proscrit les attaques contre les symboles de l’État. Cet acte de vandalisme et de violence commis hier contredit aussi les promesses faites par ces responsables des groupes armés lors de la 35èmesession du comité de suivi de l’Accord qui exigeait que le drapeau retourne à même temps que l’armée à Kidal. D’ailleurs, cette manifestation explique clairement les intentions de ces responsables des groupes armés qui ont, déjà à la veille, boycotté la 36èmesession de la CSA tenue à Bamako.
De l’autre, il faut aussi souligner les errements de nos autorités qui peinent à dire la vérité au peuple. Que le gouvernement prenne ses responsabilités vis-à-vis du comité de suivi en ce qui concerne l’applicabilité de l’Accord d’Alger qui pose déjà un sérieux problème avec les réalités du terrain. Dans la mesure où le dialogue politique touchera la question de la révision de l’accord, les rencontres du CSA, à l’analyse de certains observateurs, n’a plus sa raison d’être et ne peut servir qu’après que le dialogue aurait tiré ses conclusions.
K. Komi
Source : LE COMBAT